Comment appréhender les portraits de rue ?
Les portraits de rue constituent une pratique particulière de la photographie de rue. Pour moi, les portraits ont un rôle essentiel pour raconter l'histoire d'un lieu, de communiquer une atmosphère ou de développer une idée en s’appuyant sur des personnages qui en témoignent. Les portraits de rue sont également l’occasion de rencontres inattendues, j’ai rencontré certains de mes meilleurs amis en leur proposant quelques photos. Les portraits donnent aussi l’opportunité de raconter l’histoire d’une personne, d’offrir un point de vue sur le sujet qui vous intéresse.
Cependant, bien qu'il soit incroyablement gratifiant de réaliser des portraits dans des lieux publics avec des inconnus, il n'est pas toujours facile de réussir ses images, d’abord parce que le temps disponible est souvent beaucoup plus court. En effet, il se peut que les bons sujets et les bonnes compositions ne vous viennent pas naturellement, ou que vous vous sentiez mal à l'aise de photographier les personnes que vous croisez dans la rue.
Je vous propose ici quelques conseils pour vos portraits de rue, pour être plus à l’aise et que vous soyez en mesure de créer des images intéressantes et évocatrices.
Réussir ses portraits de rue : pensez à l’arrière-plan
La plupart des photographes se focalisent sur le visage et le corps du sujet et ignorent le reste de l'environnement, c’est une erreur majeure, la plus facile à résoudre. Même si votre profondeur de champ est réduite pour isoler votre sujet, vous devez faire attention aux effets de planéité et voir dans l’arrière plan ce qui interagit avec votre sujet ou perturbe la lecture de votre photo.
Les portraits de rue ont souvent un contexte, et un bon arrière-plan peut aussi mettre en valeur le portrait en montrant l'environnement qui aide à raconter l'histoire de votre personnage.
Réfléchissez à l'endroit où vous allez placer votre sujet et d’où vient la principale source de lumière, quand vous avez choisi observez l'arrière-plan. Demandez-vous quel est le meilleur cadrage et observez comment en vous décalant légèrement vous pouvez modifier l’arrière plan et le rendre plus harmonieux.
N'ayez pas peur de demander une photo à des inconnus
Photographier les personnes de près peut être intimidant lorsque l’on débute, mais vous constaterez assez vite que la plupart des gens sont heureux d'être pris en photo. Si vous débutez dans cette pratique, commencez par demander d'abord la permission. Soyez amical et expliquez ce que vous allez faire, ça se passera souvent bien. Il suffit de demander poliment : "Est-ce que je peux vous prendre en photo ?". La plupart du temps, vous obtiendrez un sourire ou un hochement de tête en retour. Être pris en photo est souvent vu comme un compliment quand vous demandez la permission.
Le portait, dans la rue ou non, c’est d’abord la relation que vous arriverez à établir, avec vos sujets. Soyez sympathique et vous rencontrerez majoritairement des personnes qui recevront votre proposition agréablement.
Réussir ses portraits de rue : quand le naturel prime
Une fois que vous aurez pris confiance dans votre pratique du portrait de rue, en demandant systématiquement la permission, vous pourrez passer à l’étape d’après : prendre des photos sur le vif en étant très proche de vos sujets. Si vous voulez capter des instantanés étonnants et naturels, c’est certainement la meilleure méthode, mais c’est aussi celle qui paraît la plus “tête brulée”, qui fait le plus peur.
Vous pouvez tout à fait commencer par prendre des photos, même très près, et ENSUITE demander la permission et reprendre un peu plus haut la méthode. Vous demandez si vous pouvez garder la photo, vous expliquez votre démarche, toujours avec le sourire et la manière la plus sympathique qui soit. Puis vous pouvez commencer une mini-séance de portrait avec la collaboration de votre sujet.
À mon avis, l'un des meilleurs conseils pour les portraits de rue est d'expliquer ce que vous essayez d'obtenir. Dites aux intéressés que vous voulez que le portrait ait l'air aussi naturel que possible, qu'ils doivent agir comme si vous ne les preniez pas en photo. Plus ils comprendront qu'un portrait est une collaboration, mieux ils poseront. Enfin, montrez le résultat et proposez-leur de leur envoyer les meilleurs clichés.
Photographie de rue et simplicité
Restez simples lorsqu'il s'agit de portraits de rue. Isolez les sujets, faites attention aux arrière-plans et utilisez des compositions simples.
Regardez attentivement la scène avant de déclencher. Contient-elle des éléments inutiles ? Un arrière-plan simple aiderait-il votre sujet à se démarquer ? Que pensez-vous de la composition générale ? Quelle est la valeur de plan qui est utilisée et que dit-elle de votre personnage ?
Supprimez les éléments inutiles d'une composition si vous les remarquez. Dans certains cas, il suffit de faire un pas de côté pour améliorer le cadre. Dans certaines situations, il faudra se rapprocher du sujet, s'en éloigner ou prendre de la hauteur.
J’espère que ces conseils vous ont aidé, vous ont détendu par rapport à cette pratique si particulière. Cette liste n’est bien entendu pas exhaustive, vous pouvez chercher des manière originales de composer vous-même vos portraits de rue.
La Permission en Photographie de Rue
Ai-je besoin d'une autorisation écrite pour publier la photo d'un inconnu sur les réseaux sociaux ? Et pour l'exposer ou commercialiser ? Est-ce que je serai poursuivi si j'utilise cette photo que j'ai prise ? D'une manière générale, a-t-on le droit de "voler des photos" ? Ou plutôt, doit-on demander la permission avant de prendre une photo dans la rue ou dans un lieu public ? Ces questions sont tout à fait légitimes et extrêmement fréquentes chez les photographes qui débutent dans la pratique la plus fascinante à mes yeux et en même temps la plus facile à commencer : la photographie de rue.
J'évoquerai ici ma manière personnelle de pratiquer la photographie de rue, ce qui ne constituera en rien une règle ou une obligation. Si vous êtes curieux sur le cadre légal de ce que vous pouvez faire ou ne pas faire, soyons très clair : vous avez le droit de prendre des photographies d'inconnus dans un lieu public, d'exposer et de commercialiser ces photos sans demander la permission. Si vous voulez savoir pourquoi je vous invite à lire cet article qui en détaille les raisons :
Vous n'avez donc aucune obligation de demander la permission pour prendre des photos, même si ces personnes sont reconnaissables. Mais à mon avis, ce n'est pas parce que vous n'êtes pas obligés que vous ne devriez pas le faire de temps en temps.
Demander la permission par écrit
Dans un lieu public, que la personne soit reconnaissable ou non, demander la permission par écrit est absurde. Voir l'article mentionné plus haut. Si vous travaillez avec un ou une modèle (professionnelle ou amateure), pour une photographie mise en scène et dirigée, alors oui cette permission écrite est indispensable. Mais on ne parle plus ici de photographie de rue.
Demander la permission pour s'approcher
Le principal enjeu dans cette demande de consentement à être photographié est pour moi d'abord un moyen de m'approcher au plus près des personnes que je souhaite photographier. En allant demander la permission et en expliquant ma démarche, je m'approche à une distance raisonnable pour dire à cette personne qui m'intéresse : "je suis photographe, je suis en train de photographier [ceci ou cela], est-ce que je pourrais faire un portrait de vous ?". J'ai toujours mon téléphone de prêt pour montrer une série de photos ou mon compte Instagram ´pour rassurer sur la nature des photos que je produis.
Je n'arrive pas à être en permanence discret, et lorsque je croise quelqu'un qui m'intéresse pour une raison ou une autre, je suis parfois instantanément repéré comme photographe. Je procède alors ainsi et vais parler à la personne en question. Quand je me dirige vers elle, je peux toujours prendre des photos qui seront naturelles. Et lorsque je commence mon portrait, c'est à moi de mettre mon sujet suffisamment à l'aise pour que les attitudes soient naturelles, je peux aussi cadrer de manière à ce que la photo ne ressemble pas à un portrait classique "posé".
S'approcher en photographie de rue est pour moi la principale difficulté qui repousse les photographes qui débutent dans cette pratique. Demander la permission et probablement le meilleur moyen de s'habituer à aller vers les autres, et donc de s'approcher.
Demander le consentement pour être respectueux
Quand je photographie dans un lieu public, je cherche parfois à être discret pour être vu le plus tard possible, mais je met un point d'honneur à toujours être transparent sur ma démarche et sur le fait que je suis en train de photographier.
Si je suis vu ou si l'on me pose la question, j'explique ce que je fais. Je sais que je suis dans mon droit quand je photographie ainsi, mais je tiens à être respectueux des personnes qui deviennent mes personnages. Par exemple, j'essaye de ne jamais prendre en photo des personnes qui seraient dans une situation difficile. Si je n'aimerais pas être pris en photo ainsi, je ne déclenche pas.
De la même manière, je veux toujours expliquer ma démarche de photographe lorsque l'on m'en donne l'occasion. C'est d'abord une histoire de respect. Je sais que certains n'ont aucun problème avec le fait de prendre une photo et de partir sans rien dire, personnellement je préfèrerai toujours le dialogue. Ceci étant, je rentre parfois dans un dialogue conflictuel où la personne refuse obstinément que je garde une photo déjà prise. Je met aussi un point d'honneur à ce que mon travail soit respecté et à expliquer le cadre légal qui me permet de garder cette photo.
Comme vous le voyez, j'ai beau parler de respect je suis plein de contradictions. Mais par principe, je préfère toujours un dialogue et une rencontre pour essayer de mieux comprendre les personnes que je photographie.
Demander le pardon
Plus ma pratique de photographie de rue évolue, moins je demande la permission avant de prendre une photo. En réalité ce que je demande, c'est de garder une photo qui a déjà été faite. Plutôt que de demander la permission, je préfère demander pardon.
Demander la permission est un bon exercice pour un photographe débutant, essentiellement parce qu'il a besoin de s'habituer à se confronter aux autres. Mais ce que j'ai constaté avec les années de pratique, c'est simplement que mes photos sont meilleures si je m'approche, je déclenche et travaille ma scène au maximum avant d'être repéré, PUIS je demande la permission de garder les photos.
Savoir être chanceux
Tous les conseils que vous pourrez trouver pour améliorer vos photos sont acceptables, intéressants à explorer. Améliorer ses photos est une recherche fastidieuse. C'est aussi l'intervention de la chance. La chance suprême, magique. Pas le hasard. Une photo exceptionnelle est à la fois provoquée et imperceptible.
Ne cherchez pas trop à réaliser une image parfaite. Tous les principes que vous étudierez pour améliorer vos photos seront soudainement anecdotiques à la prise de vue, où le temps manquera toujours. La chance vous informera de sa présence si vous savez reconnaître des bonnes photos. La chance vous dira : "tiens, regarde". Comme une flèche en plein cœur, vous saurez. Mais uniquement si vous savez aussi reconnaître la chance et son intervention.
Pour provoquer la chance, travaillez vos prises de vue à l'édition en devenant le plus exigeant possible. Même si c'est impossible, essayez d'oublier le moment que vous avez passé et regardez vos photos pour ce qu'elles sont, pas pour ce qu'elles représentent seulement pour vous. Est-ce que ce que vous ressentez est effectivement présent et bien décrit par la photo ? Si vous avez un doute, c'est qu'il n'y a pas de doute : la photo est ratée.
Afin de laisser la chance vous informer de sa présence, vous devez être ouvert et capable de réagir à une action en mouvement perpétuel. Et vous devez apprendre à disqualifier une photo si la chance n'est pas intervenue.
Photo Genaro Bardy - Salvador da Bahia - Nov 2020
Photo Genaro Bardy - Salvador da Bahia - Nov 2020
Le mariage des coïncidences
La vie est souvent une comédie, et la photographie peut en révéler des scènes fascinantes par la juxtaposition. Je propose rarement des photos avec des scènes explicitement drôles ou avec des associations comiques. Quand je photographie dans la rue, je cherche à assembler, à lier des éléments qui sont sur différents plans ou qui coexistent dans le cadre.
Avec un peu de chance, un heureux hasard et l'habitude de la pratique, on peut juxtaposer et trouver un rythme ou un motif dans une photographie. À la prise de vue je n'ai pas le temps d'y penser, je fonctionne purement à l'instinct. Mais à l'édition rien ne me semble plus important que l'analyse et la recherche de moments synchrones.
Je me demande : est-ce que cette photo représente une harmonie ? Une tension ? Un conflit ? Parfois, je trouve des éléments ou des personnages qui se répondent sans le savoir.
Une juxtaposition est souvent un mariage de coïncidences.
La photographie est l'expression d'un désir
Alors que j'étais en train de préparer le dernier module de formation du programme L'Étincelle, je tombe dans mes recherches deux fois sur la notion de désir en photographie, à quelques heures d'intervalle dans "On Composition and Improvisation" de Larry Fink et "How I Take Photographs" de Daido Moriyama.
Ces deux passages m'ont intéressé, chacun à leur manière. C'est donc l'occasion pour moi de vous les retranscrire et de partager quelques photos des deux remarquables photographes qui en sont les auteurs.
Larry Fink et l'immédiateté du désir
J'aime m'approcher, donner un sentiment d'intimité. Ce n'est pas seulement à quel point je suis proche de mon sujet, mais aussi à quel point je me sens proche. Le critique John Berger écrivait ceci dans son essai à propos de Caravage. Il suggère que son travail est à propos de l'immédiateté du désir, et je dirais que cela est également vrai dans mon travail. L'appareil photo peut faire ressortir un antagonisme ou le narcissisme intense du sujet. Le sujet peut faire l'amour à la caméra. Le sujet peut faire la haine à la caméra. Ils peuvent lui faire nombre de choses.
Ce que j'essaye de faire est de percer ce qui est hostile ou harmonieux dans notre relation et d'aller au cœur de ce qui crée cette énergie. Ceci implique d'être connecté à l'émotion ou à la sensualité. Je ne parle pas de sensualité comme un désir sexuel ou d'une répulsion à un niveau superficiel. Je parle des sens - tous les sens - du bout des doigts jusqu'au bout de la langue.
Larry Fink
Daido Moriyama dans ce monde inconnu et étranger
Quelles capacités sont les plus utiles à un Photographe de rue, dans ce monde inconnu et étranger ? [...] Bien sûr un œil aiguisé est fondamental. Et bien sûr vous devez être vigilant, sensible, réactif, à l'aise dans votre corps, pour pouvoir répondre aux stimuli autour de vous immédiatement.
Mais au-dessus de tout, vous devrez avoir du désir. Ce désir que le photographe doit sentir au moment où il déclenche. Si vous n'avez pas de désir, vous ne verrez pas ce qui est devant vous. Je parle du désir que l'on ressent au moment qui vous pousse à déclencher. Le désir est tout autour de nous, il y en a une quantité disponible gigantesque, infinie.
Il est important d'être vrai vis-à-vis de ce désir. Pour prendre une photographie qui est digne de tout cet intérêt et pleine de sens, vous devez devenir un avec ce désir quand vous déclenchez.
Daido Moriyama
Que serait la photographie, si elle n'était pas l'expression d'un désir de son auteur ?
7 Astuces en photographie de rue pour les débutants
La photographie de rue est un genre difficile lorsque l'on débute. J'ai essayé d'analyser ma pratique actuelle pour voir ce qui avait évolué par rapport à mes débuts, ça pourra vous être utile si vous débutez.
Stop
La photographie de rue est une activité qui doit prendre toute votre attention. Vous pouvez la pratiquer en marchant et en continuant à penser à ce qui vous occupe en ce moment, mais un bon moyen de progresser est de s'y consacrer et de... s'arrêter.
Arrêtez-vous à un endroit, observez les gens, regardez la lumière, identifiez les formes et les lignes directrices, séparez les couleurs, attendez et profitez de ce moment. Vous commencerez à voir des photos partout.
Attention aux détails
Notre champ de vision est beaucoup plus large que la plupart des objectifs de nos appareils photos. Regardez les détails qui pourraient paraître anodins. Si vous vous approchez suffisamment, vous pourrez composer une photographie intéressante. Travaillez différentes valeurs de plans, et n'oubliez pas le plan serré.
Zoomez si vous voulez, mais je crois qu'il est encore préférable de s'approcher et de changer son point de vue, vous verrez de nouvelles choses dans le procédé.
Un plan serré peut servir à raconter une histoire ou donner plus d'empathie au spectateur de vos photos. Ça peut aussi faire des photos étonnantes, vibrantes, vivantes. Regardez le travail de Daido Moriyama si vous voulez un bon exemple.
Regardez les mains
Deux éléments sont essentiels chez les personnages de vos photographies : les yeux et les mains. N'oubliez pas les mains et soyez attentifs à ce qu'elles disent de la personne que vous photographiez.
Les mains sont d'excellents révélateurs d'une activité ou d'un mouvement, puis elles sont toujours expressives et disent beaucoup de la personne que vous photographiez. Conseiller de photographier les mains est aussi un bon moyen de vous dire de vous approcher de vos sujet.
Dans mes premières années de photographie de rue, j'essayais d'avoir un thème pour chaque sortie, et les mains sont souvent revenues dans ces thématiques.
L'air de rien
Photographier dans la rue sans en avoir l'air est en fait assez facile. Passez en mode vidéo, ou affichez ce que voit l'appareil sur son écran arrière. Puis donnez l'impression d'être en train de filmer une vidéo, avec votre appareil à bout de bras et à hauteur d'yeux. Avancez et déclenchez autant de fois que vous verrez une bonne photo.
Si votre écran est inclinable vers le haut, placez votre appareil au niveau de la hanche et regardez votre écran, personne ne saura vraiment si vous photographiez où êtes en train de régler votre boîtier. Mais nous savons vous et moi que vous serez en train de shooter :)
Pour aller toujours plus près :
Essayez à 1600 ISO en mode P
Arrêtez de regarder votre appareil, que ce soit pour le régler ou pour voir vos photos, vous êtes en train d'en louper d'autres !
Choisissez un mode automatique qui vous permet quand même d'ajuster vos réglages, le mode P. Avec un réglage de sensibilité à 1600 ISO, votre appareil aura assez de latitude pour s'adapter à toutes les situations.
Libérez-vous l'esprit de la technique et continuez à chercher des photos.
Testez la nuit avec des lumières artificielles
La nuit tout devient dramatique, original, intéressant. Prenez un trépied et essayez des pauses lentes en jouant avec les lumières de la ville. Ou restez à main levée et expérimentez avec des hautes sensibilités ou des vitesses lentes (en dessous du 1/30e de seconde).
Éventuellement mes expériences en photographie de nuit ont fini dans un livre qui n'est pas à proprement parler de la photographie de rue, mais les possibilités sont infinies. La nuit est un terrain de jeu à part entière, certains photographes font leur carrière dessus (c'est toi que je regarde, Todd Hido).
Manhattan et Brooklyn la nuit
Quand une voiture me force à bouger avec mon trépied. Il y a parfois des hasards heureux.
Demandez la permission
Si vous suivez ce blog vous allez dire que je me répète :) Le meilleur moyen de progresser en photo de rue quand on débute est de demander la permission pour un portrait. Ce procédé doit vous habituer à aller vers des inconnus et à les photographier.
Et puis vous pouvez tout à fait obtenir des réactions naturelles en discutant un peu tout en continuant à photographier. Avec l'expérience, vous pourrez commencer à photographier juste avant de demander la permission, et vous serez passé de l'autre côté du miroir.
10 citations de 10 photographes de rue
Je suis à la recherche d'inspiration pour mes écrits sur la photographie, probablement pour repousser l'inéluctable : je dois mettre en page mon livre sur la photographie de rue. Et je n'ai trouvé que cet artifice, qui j'espère vous ravira les yeux et la tête autant qu'il plaira à Google.
Toutes ces citations sont traduites par mes soins et issues du livre Street Photography Now, qui est remarquable. Comme l'Atlas Mondial de la Photographie de Rue, il n'explore pas assez à mon goût l'Amérique du sud et l'Afrique, mais je ne peux lui en tenir rigueur.
Voici 10 citations et 10 photos de certains de mes photographes de rues préférés. Si après ça vous n'êtes pas amoureux de la photographie de rue, je ne peux plus rien faire...
10 citations de 10 photographes de rue
Narelle Autio
Je suis un peu voyeuse par nature et j'aime comparer la rue à une performance artistique. [...] Je regarde les gens bouger, vivre des moments excentriques, beaux, drôles.
Narelle Autio
Photo Narelle Autio
Maciej Dakowicz
Quand je prends des photos de la vie nocturne de Cardiff, j'aime passer un bon moment, faire la fête comme ceux que je photographie et oublier les dangers potentiels. Prendre quelques verres peut aider. Moins réfléchir donne de meilleures photos.
Maciej Dakowicz
Photo Maciej Dakowicz
Melanie Einzig
Photographier en public me garde éveillée et consciente, toujours à regarder autour de moi, émerveillée par ce qui occupe les humains.
Melanie Einzig
Photo Melanie Einzig
Bruce Gilden
Si vous pouvez sentir la rue en regardant la photo, c'est une photo de rue.
Bruce Gilden
Photo Bruce Gilden
Markus Hartel
Mes photos ne sont pas nécessairement jolies, mais elles montrent de beaux moments de la jungle urbaine.
Photo Markus Hartel
Richard Kalvar
J'aime jouer avec la réalité ordinaire, utiliser des acteurs qui ne posent pas et qui sont inconscients du drame dans lequel je les ai placés.
Richard Kalvar
Photo Richard Kalvar
Trent Park
Je chasse toujours la lumière. La lumière rend l'ordinaire magique.
Trent Parke
Photo Trent Parke
Martin Parr
J'aime créer une fiction à partir de la réalité. Je le réalise en prenant le préjudice naturel de la société et en le tordant.
Martin Parr
Photo Martin Parr
Matt Stuart
Achetez une paire de chaussures confortables, ayez un appareil autour du cou en toutes circonstances, gardez les coudes fermés, soyez patients, optimistes et n'oubliez pas de sourire.
Matt Stuart
Photo Matt Stuart
Ying Tang
Être dehors dans la rue est un voyage personnel. J'essaye d'attraper un moment qui veut dire quelque chose, pour moi.
Yin Tang
Photo Ying Tang
Le Mini Guide de la Photographie de rue
La Ville Miraculeuse - Paris, 2012
Qu'est-ce que la Photographie de rue ?
La photographie de rue est l'art de photographier des inconnus. Elle se pratique dans des lieux publics, que ce soit dans un parc, une gare, un centre commercial, une bibliothèque, un aéroport ou donc... la rue.
La Ville Miraculeuse - New York, 2011
Demander la permission
Est-ce qu'une photographie de rue doit être absolument naturelle et prise sur le vif ou est-ce que vous devez demander la permission ?
En fait, c'est un peu comme vous voulez. Parfois, vous voudrez vous approcher et demander un portrait. À d'autres moments, vous verrez une scène où il sera préférable de ne pas intervenir, où vous voudrez la capturer telle qu'elle est.
Quand je veux m'approcher très très près de mes sujets, je demande généralement la permission, mais pas toujours.
Pourquoi photographier dans la rue ?
En voilà une bonne question. Pourquoi photographier dans la rue ? Que cherchez-vous dans la photographie de rue ?
Personnellement je m'en remets à Joël Meyerovitz :
Un photographe de rue n’a aucune idée de ce qui va arriver chaque jour. Nous sortons dans les boulevards du monde, juste pour être dehors, et juste pour regarder la manière dont le monde continue à se présenter à nous avec des idées, des incidents et des moments de conscience.
Mais vous pourriez avoir différentes raisons d'apprendre et de pratiquer la photographie de rue :
Il y a toujours quelque chose de nouveau à voir, et cette pratique fonctionne particulièrement bien en voyage.
L'adrénaline ! Je peux vous assurer qu'une fois que vous aurez franchi le premier pas, vous aurez une bonne décharge. Certains y prennent simplement du plaisir.
La fonction sociale. On pourrait dire qu'un photographe de rue est d'abord un sociologue, qu'il montre ou démontre le monde qui l'entoure. Ou plus simplement, un photographe aime sincèrement les autres, la photographie de rue est d'abord une expérience humaine.
Pour aller plus loin :
Le meilleur appareil pour la photographie de rue
Pour la photographie de rue, je recommanderais un Ricoh GR, un Sony RX100 ou un Fuji X100, quelque soit la génération ils sont tous bons.
Mais vous pouvez certainement utiliser l'appareil que vous avez actuellement. Le meilleur moyen de pratiquer est de toujours avoir son appareil photo avec soi, c'est pour cela que je recommande des appareils compacts, qui tiennent dans une poche ou un manteau.
La meilleure focale ? Personnellement le juste équilibre se trouve à 40mm
Quelle est la meilleure focale ?
Si vous devez ne choisir qu'une seule optique, je vous conseille de choisir une focale fixe, sans zoom. Vous obtiendrez une meilleure qualité d'image, et cela vous forcera à vous déplacer et à être créatif dans vos compositions.
Si vous utilisez un viseur (optique ou électronique), la focale la plus polyvalente est le 35mm, et c'est parfait pour commencer. Si vous visez avec l'écran, à bout de bras, alors le 28mm est préférable. En allongeant le bras vous serez plus près de vos sujets.
La focale 50mm est également beaucoup utilisée. Elle fut notamment prisée par la légende de la photographie de rue Henri Cartier-Bresson. Je la trouve difficile à pratiquer pour mon goût, mais ce peut être un bon moyen de débuter, notamment parce que les optiques 50mm dites "Nifty Fifty" sont très abordables chez tous les fabricants. Vous trouverez généralement un premier prix avec les optiques 50mm F1.8.
D'une manière générale, la plus grande difficulté en photographie de rue est de s'approcher de ses sujets, une focale large (35mm et moins) vous y obligera et vous permettra de vous améliorer.
My Soul so Cool from the Bath of Light - Salvador de Bahia, 2019
Qui sont les grands maîtres en photographie de rue
Quel que soit le genre de photographie dans lequel vous souhaitez vous améliorer, étudiez les photographes reconnus et trouvez vos inspirations.
En photographie de rue, j'ai choisi les grands maîtres qui m'inspirent, trouvez les vôtres et étudiez leur manière de travailler :
La Ville Miraculeuse - Salvador de Bahia, 2019
Techniques de photographie de rue
Les techniques de prise de vues en photographie de rue sont faciles à résumer, elles correspondent toutes à l'un de ces deux principes :
Trouver un cadre et attendre ;
Trouver un sujet et le suivre.
Le principal frein au déclenchement en photographie est la peur, pour pratiquer la photographie de rue vous devrez vous confronter à vos peurs, et pour ça le meilleur moyen est de commencer par des portraits, pour vous habituer à aborder des inconnus. Puis vous pourrez petit à petit vous approcher et sauter l'étape de la permission. Alors seulement vous pourrez commencer à expérimenter des techniques créatives
Pour aller plus loin :
Primal NYC - 2019
Quel est le meilleur moyen de partager ses photos ?
Rien ne sera meilleur qu'un espace que vous contrôlez : ouvrez un blog gratuitement avec Wordpress.com et partagez vos photos sur un site à votre nom.
Ensuite vous pourrez partager vos photos sur les réseaux sociaux. Mon conseil est d'utiliser ceux dont vous avez l'habitude. Je déconseille les plateformes 500px ou Flickr si vous n'y êtes pas déjà. Si vous voulez expérimenter et chercher de nouvelles audiences, choisissez plutôt des plateformes en croissance.
Mais d'une manière générale ne passez pas trop de temps sur la diffusion de vos images, ça ne fera jamais de vous un(e) meilleur(e) photographe. En tout cas ne tenez pas compte des performances de vos photos sur les réseaux, surtout si vous débutez en photographie ou si vous commencez à peine à partager votre travail. Votre énergie sera mieux employée en travaillant sur un projet personnel au long cours. En plus il sera certainement plus regardé et partagé si vous le réalisez avec passion.
Aurez-vous toujours peur de photographier dans la rue ?
Depuis quelques jours il est à nouveau possible en France de sortir de chez soi sans permission. Pas pour toutes les régions, dans un rayon de 100km et sous certaines conditions pour les transports publics ou les écoles. On est pas sortis des ronces.
La bonne nouvelle, c'est qu'une bonne partie d'entre vous avez maintenant la possibilité de sortir de chez vous pour photographier. Fini les séances d'auto-portraits à la fenêtre ou de lamentation sur notre appareil photo qui prend la poussière.
Est-ce que ce déconfinement amènera plein de photographes dans la rue ? Probablement pas. Et ce pour une raison très simple : la peur.
La photographie de rue est la raison d'être principale de mes formations, c'est une expertise qui est peu enseignée. Et dans cette discipline, le principal frein au progrès ou même à simplement essayer est LA PEUR. Oui, j'aime bien penser que la photographie est un sport, qu'un genre photographique est une discipline et une photo une performance. Ça ne change rien à l'histoire, c'est juste une manière de me motiver.
Je suis donc prêt à parier que nous ne verrons pas beaucoup plus de photographes de rue dans les jours à venir. Mais si je peux vous aider sur la peur, je ne vais pas me priver.
Voici 3 méthodes qui doivent vous aider sur vos peurs. Je limite à 3 pour que vous puissiez les pratiquer rapidement.
Demandez la permission
Il pourrait paraître étonnant de conseiller de demander la permission en photographie de rue. Est-ce que je ne perds pas un moment authentique en réalisant un portrait ?
Alors, déjà non. Qui a dit que la photographie de rue devait toujours être volée ? Personne. Ou j'men fous.
Et puis nous sommes là pour travailler sur la peur de photographier des inconnus. Le meilleur moyen de progresser sur la peur est de s'y confronter, d'aller vers les autres, vers quelqu'un qui vous intéresse, sans forcément lever son boitier ou lui mettre dans le nez.
Allez vers quelqu'un dont vous aimeriez une photo et dites :
- "Bonjour, j'étudie la photographie. Est-ce que je pourrais prendre une photo de vous ?"
Ou toute autre version que vous trouvez polie et agréable. Vous avez le droit de sourire quand vous vous approchez ;)
Quand vous aurez demandé 10 fois la permission, vous verrez que la peur de photographier commencera à s'atténuer.
Posez des questions
Passez du temps avec les personnes que vous photographiez. Vous en apprendrez plus sur eux, vous verrez plus d'attitudes et de détails dans leur comportement, tout ce que vous pourrez utiliser dans vos photos.
Posez des questions simples, comme si vous essayez de comprendre en 5 minutes qui ils sont et ce qui les intéresse. Ce sera perçu de manière amicale dans 90% des cas, et dites-vous que c'est légitime puisque vous avez déjà demandé si vous pouviez prendre des photos. Vous êtes photographe :)
Proposez toujours d'envoyer la photo plus tard, prenez les coordonnées des personnes dont vous avez le portrait. Et puis envoyez effectivement la photo ! Je suis parfois coupable sur cette partie.
L'idée ici est de vous faire travailler votre scène pour aller chercher de meilleurs clichés.
La règles de 3
La règle de 3 est simple :
- Quand vous voyez quelqu'un d'intéressant, vous avez 3 secondes pour faire 3 pas en avant et déclencher
Les moments intéressants en photographie de rue passent trop vite :
- Soyez prêts sur vos réglages,
- Observez avec toute votre attention,
- Quand vous avez une intuition, ne réfléchissez pas,
- Marchez en direction de votre sujet et déclenchez.
L'idée est de ne pas laisser le temps à de fausses excuses. La peur viendra toujours par des chemins de travers : "j'ai pas le bon réglage", "il avait l'air bizarre", "je suis trop loin"...
Ne laissez pas le temps à la peur de s'installer et de justifier l'abandon de cette pratique. C'est difficile, mais ça ira mieux à partir de la 3ème fois.
1 pas en avant, 2 pas en avant, 3 pas en avant, déclenchez. En 3 secondes.
Si vous ne le faites pas pour vous, faites le pour moi
Ironie de l'histoire, alors que nous sommes à la maison depuis deux mois, le confinement strict arrive à Salvador de Bahia, dans notre quartier. Les statistiques du Covid-19 ne faiblissent pas, malgré la fermeture de tous les commerces et écoles. Je vais donc continuer à shooter à la maison...
Mais j'espère bien voir vos photos, où que vous soyez ! Vous avez un site ou un compte Instagram où vous partagez vos photographies de rue ? Laissez-le en commentaire, je serai heureux d'aller voir ça.