Une histoire de fin d’été
6 mois après mon installation au Brésil, et après 5 ans de paysages et de Villes Désertes, je veux revenir à mes premières amours en photographie et me concentrer sur la photo de rue.
Je fais ce que je sais faire : un blog. Et je conçois les ateliers de photographie sur deux jours où nous travaillons la pensée visuelle, la symbolique et des exercices créatifs pour commencer un projet personnel.
Mais 2020 n'est pas 2010. Très peu de monde lit effectivement les articles, tout ou presque passe par la vidéo.
12 mars 2020. Je perds tous mes clients, agences de voyages, magazine, réseau d'agents de voyages, voyages photo.
Je donne rdv un soir sur Facebook, je mets mon téléphone sur un trépied. On prend sa respiration, appuyer sur "Record", c'est parti pour le direct. Caméra selfie pour causer, caméra normale pour filmer mon écran et montrer des photos.
Pendant dix lives, écris la veille de nuit parce que Tom a 1 an et Fernanda est enceinte de 7 mois, j'improvise. Exercices créatifs, analyse de photos. Ça plaît au gens.
Et si je faisais payer pour ça ? Ok, c'est parti pour L'Étincelle. Les photographes progressent, parfois de manière spectaculaire. Le seul problème, mais de taille : quand je ne suis pas en direct, je ne sais pas faire des vidéos que les gens ont envie de regarder... Et je n'ai pas encore de programme de formation sur ce que j'aime le plus au monde : la photo de rue.
Après 1 an sur Youtube, j'ai appris deux trois trucs. Notamment à monter, mais surtout à raconter des histoires pour lesquelles les photographes veulent bien me donner 5 minutes de leur temps. Alors quand l'été arrive, je n'ai qu'un seul objectif : proposer à la rentrée un programme de formation à la photo de rue complet, passionnant, pour tous les niveaux, avec la participation aux ateliers de L'Étincelle pour avoir un retour sur sa production de photos.
Depuis 3 mois j'ai conçu, écrit, tourné, monté et préparé ce programme et les 15 vidéos de formations. Certaines sont mes meilleures vidéos, parce que je les ai produites avec l'expérience d'un an de Youtube... et la veille de l'automne, ce programme sera disponible. Le 20 septembre à 20h, je vous parle du programme "5 Semaines pour Maîtriser la Photo de Rue".
Mais surtout, je vous donnerai en direct 5 clés pour progresser en photographie de rue, quelque soit votre niveau et votre expérience.
J'espère que le 20 septembre 2023 sera le point de départ pour vous, comme il l'a été pour moi il y a exactement 5 ans, quand je décidais de m'installer dans un autre hémisphère, dans un pays dont je ne parlais pas la langue, pour fonder une famille avec la femme de ma vie que je connaissais à peine. Et pour ma photo, je décidais de ne faire que ce que j'aime : la photo de rue.
Comment s'approcher en Photographie de Rue
S'approcher des inconnus que l'on rencontre en photographie de rue est l'une des choses les plus difficiles à accomplir dans tout type de photographie, pour une raison simple: la peur.
Quand nous débutons en photographie de rue, nous ne savons pas comment les gens vont réagir, nous ne voulons pas gêner ou être vus comme des intrus. Et surtout, cela peut sembler bizarre d'admettre que oui, nous sommes en train de prendre cette photo. Même si nous en avons le droit, même si c'est dans un lieu public, nous ne voulons pas ressembler à ce que certains prennent pour un voleur.
Alors pourquoi recommander de s'approcher de plus en plus de vos sujets en photographie de rue ? Pour une autre raison simple : l'empathie. Vous rapprocher de vos sujets vous permettra de montrer plus d'empathie dans votre photographie. On perçoit mieux ce que ressent le sujet dans ce type d'images. On se sent plus proche (duh!), plus intime, on peut tellement mieux comprendre la personne ou à la scène que l'on regarde. C'est vrai en portrait, c'est vrai pour toute photographie éditoriale, et c'est vrai en photographie de rue, où le sujet principal n'est pas la rue mais ceux qui la fréquentent.
Le photographe légendaire de l'agence Magnum Robert Capa a eu cette phrase restée à la postérité :
Si vos photographies ne sont pas assez bonnes, vous n'êtes pas assez près.
Robert Capa
Alors, comment vous rapprochez-vous des personnes que vous croisez en photographie de rue ? Vaincre cette peur est aussi l'un des thèmes principaux des ateliers de photographie de rue que je mène à Paris, Londres ou New York, et je voulais vous donner aujourd'hui 3 conseils que vous pouvez appliquer rapidement dans votre photographie.
Les photos sur lesquelles je m'appuie et que vous pouvez voir ici ont été prises la semaine dernière dans le quartier de Bonfim à Salvador de Bahia où je vis, mais vous pouvez appliquer ces principes n'importe où. Je vous montre dans la vidéo beaucoup de photos que je ne garderai pas, pour que vous puissiez voir à quel point il est possible de s'approcher.
3 conseils pour s'approcher en photographie de rue
Faites partie de la scène
Parlez aux gens, obtenez des informations sur ce qui se passe devant vous. Les autres vous verront en train de photographier mais si vous faites connaître votre présence, vous faites maintenant partie de la scène, vous devenez un personnage de l'histoire. Vous êtes le photographe.
Je ne suis pas quelqu'un qui reste silencieux ou neutre quand je photographie, je vais parler aux gens autant que je peux. Pour clarifier les choses, je ne parle pas tout le temps à tout le monde et la plupart du temps je prends ma photo et passe mon chemin. Mais si je veux me rapprocher, j'irai souvent parler aux gens et je demanderai simplement ce qui se passe.
Plus vous en saurez sur un sujet, meilleures seront vos photos. Si vous voyagez et que vous photographiez dans une nouvelle ville, demandez simplement aux personnes qui y vivent de vous raconter leur histoire ou celle du lieu, et continuez à photographier tout en parlant. Vous serez surpris par le genre d'images que vous obtiendrez ainsi.
Pour mieux capturer cette scène avec ce cheval abandonné, je suis simplement allé parler aux gens.
Ne ressemblez pas à un photographe
Si vous vous approchez très près des gens pour prendre des photos, cela vous aidera tellement de NE PAS ressembler à un photographe. Si vous ressemblez à ce que les gens pensent être un photographe professionnel, ils vous demanderont pourquoi vous photographiez et ils risquent de gâcher une scène simplement en étant conscient de votre présence.
C'est la raison pour laquelle les appareils compacts sont si populaires en photographie de rue. Si vous êtes discret et que vous ressemblez à n'importe qui, vous n'aurez généralement aucun problème à prendre des photos très près.
En ce qui me concerne, je suis un gringo à Slavador et mon portugais n'est pas parfaitement courant. Avec un appareil photo compact, je ressemble à un touriste et la plupart des gens ne font pas attention au fait que je prenne des photos.
Utilisez donc des appareils compacts, et éventuellement un sac photo très léger, évitez les gros reflex et les zooms. Quant à moi, j'essaye de ne prendre aucun sac. J'ai juste un Ricoh GRII et maintenant une Gopro sur la poitrine pour pouvoir vous montrer ma production.
Une bonne tête de touriste masqué
Commencez par demander la permission
Si vous avez trop peur de vous lancer et de vous rapprocher des gens, mon conseil serait de commencer par demander la permission. Si vous débutez en photographie de rue, commencez simplement par faire des portraits. Lorsque vous voyez quelqu'un d'intéressant, allez le voir, montrez votre appareil photo et demandez en souriant si vous pouvez faire un portrait.
Déjà, vous serez surpris du nombre de personnes qui seront simplement d'accord et vous demanderont probablement d'envoyer la photo. Ensuite, cela vous habituera à parler et à interagir avec des inconnus.
Lorsque vous avez fait cela plusieurs fois et que vous êtes plus à l'aise avec le processus, arrêtez de demander la permission avant de photographier. Commencez à prendre des photos pendant que vous approchez quelqu'un, si vous êtes repéré en train de prendre des photos, alors vous demandez la permission de photographier et de faire un portrait. Et juste comme ça, vous serez passé de l'autre côté du miroir, où vous serez très proches de vos sujets.
Quand vous serez à l'aise pour demander des portraits, arrêtez de demander la permission.
Pour aller plus loin :
Combien de bonnes photos sur une journée de photographie de rue ?
https://www.facebook.com/genaro.bardy.photographer/videos/353961449121316/
Photographie de rue à la première personne - Salvador de Bahia, Pelourinho
Combien de bonnes photos obtenez-vous en une journée de photographie de rue ? Cela va dépendre de la manière dont vous allez définir ce qu'est une bonne photo.
En ce qui me concerne, si je reviens d'une sortie en photographie de rue avec une seule bonne photo pour un projet, je m'estime heureux. Également, sur un voyage photo je suis heureux si j'ai une bonne photo par jour. Bien sûr, je ne parle pas de photos "convenables', dont je pourrais me servir pour un client.
Si je photographie pour un client, je produirai et enverrai beaucoup plus de photos acceptables, qui fonctionnent. Je serais un photographe très cher si je n'étais capable de livrer qu'une seule photo par jour à un client. Alors, comment j'arrive à ce ratio d'une bonne photo pour une journée de prise de vues ?
Je vois 3 différents niveaux de qualité en photographie :
Les photos qu'un magazine pourrait acheter. Ce sont des images professionnelles qui racontent parfaitement l'histoire d'un client. Ces images sont parfaites à bien des égards, elles servent simplement l'histoire d'un autre, que ce soit un client ou d'un média. C'est l'étalon basique pour analyser ses photos : demandez-vous "est-ce que je pourrais voir cette photo dans un magazine ?". Si la réponse est non, c'est que vous avez encore du travail.
Des images qui pourraient être dans un livre ou une exposition. Ce sont vos meilleurs travaux, les 10-15 images parfaitement conçues et qui fonctionnent entre elles. Ce sont les photos qui tiennent au mur et qui ensemble racontent une histoire ou un projet. Ce genre de photos, je suis content si j'en ai une par jour.
Le troisième et dernier niveau, ce sont les photos qui ont leur place dans un musée. Je ne pense pas que vous puissiez décider d'en produire. Ce sont des images avec une vie qui leur est propre, ce sont les autres qui vous demandent de les voir. La plupart d'entre nous n'en produirons probablement jamais, en tout cas ça ne me préoccupe pas plus que ça puisque je ne décide rien ici.
Alors quand je travaille sur livre photo, ce qui est le cas dans le petit film que vous pouvez voir plus haut, je vise le 2ème niveau. Les photos sur lesquelles je peux revenir avec plaisir, celles que je peux accrocher sur un mur. Si je ne suis pas à ce niveau là, je ne considère pas les photos pour mon livre.
Cette vidéo est tournée au Pelourinho, la vieille ville de Salvador de Bahia, où j'habite. J'y suis allé pour prendre des photos d'innombrables fois, c'est mon endroit par défaut où je traîne pour prendre des photos de rue. Et j'ai la chance d'avoir obtenu ce jour-là une photo parfaite pour mon projet, pour le livre sur lequel je travaille.
Photo Genaro Bardy
My Soul so Cool from the Bath of Light - Salvador de Bahia, Pelourinho - Sept 2020
Pour aller plus loin :
Myanmar in 150 x 1sec
Myanmar is one of the most amazing country I've been to, can't wait to go back.Shot in May 2016 during a 20 days assignment for TUI & Nouvelles Frontières - https://www.instagram.com/TUI_FranceEdited in chronological order.Music by awesome Petit Biscuit - Memories / https://soundcloud.com/petitbiscuit