Comment s'approcher en Photographie de Rue

S'approcher des inconnus que l'on rencontre en photographie de rue est l'une des choses les plus difficiles à accomplir dans tout type de photographie, pour une raison simple: la peur.

Quand nous débutons en photographie de rue, nous ne savons pas comment les gens vont réagir, nous ne voulons pas gêner ou être vus comme des intrus. Et surtout, cela peut sembler bizarre d'admettre que oui, nous sommes en train de prendre cette photo. Même si nous en avons le droit, même si c'est dans un lieu public, nous ne voulons pas ressembler à ce que certains prennent pour un voleur.

Alors pourquoi recommander de s'approcher de plus en plus de vos sujets en photographie de rue ? Pour une autre raison simple : l'empathie. Vous rapprocher de vos sujets vous permettra de montrer plus d'empathie dans votre photographie. On perçoit mieux ce que ressent le sujet dans ce type d'images. On se sent plus proche (duh!), plus intime, on peut tellement mieux comprendre la personne ou à la scène que l'on regarde. C'est vrai en portrait, c'est vrai pour toute photographie éditoriale, et c'est vrai en photographie de rue, où le sujet principal n'est pas la rue mais ceux qui la fréquentent.

Le photographe légendaire de l'agence Magnum Robert Capa a eu cette phrase restée à la postérité :

Si vos photographies ne sont pas assez bonnes, vous n'êtes pas assez près.

Robert Capa

Alors, comment vous rapprochez-vous des personnes que vous croisez en photographie de rue ? Vaincre cette peur est aussi l'un des thèmes principaux des ateliers de photographie de rue que je mène à Paris, Londres ou New York, et je voulais vous donner aujourd'hui 3 conseils que vous pouvez appliquer rapidement dans votre photographie.

Les photos sur lesquelles je m'appuie et que vous pouvez voir ici ont été prises la semaine dernière dans le quartier de Bonfim à Salvador de Bahia où je vis, mais vous pouvez appliquer ces principes n'importe où. Je vous montre dans la vidéo beaucoup de photos que je ne garderai pas, pour que vous puissiez voir à quel point il est possible de s'approcher.

3 conseils pour s'approcher en photographie de rue

Faites partie de la scène

Parlez aux gens, obtenez des informations sur ce qui se passe devant vous. Les autres vous verront en train de photographier mais si vous faites connaître votre présence, vous faites maintenant partie de la scène, vous devenez un personnage de l'histoire. Vous êtes le photographe.

Je ne suis pas quelqu'un qui reste silencieux ou neutre quand je photographie, je vais parler aux gens autant que je peux. Pour clarifier les choses, je ne parle pas tout le temps à tout le monde et la plupart du temps je prends ma photo et passe mon chemin. Mais si je veux me rapprocher, j'irai souvent parler aux gens et je demanderai simplement ce qui se passe.

Plus vous en saurez sur un sujet, meilleures seront vos photos. Si vous voyagez et que vous photographiez dans une nouvelle ville, demandez simplement aux personnes qui y vivent de vous raconter leur histoire ou celle du lieu, et continuez à photographier tout en parlant. Vous serez surpris par le genre d'images que vous obtiendrez ainsi.

Pour mieux capturer cette scène avec ce cheval abandonné, je suis simplement allé parler aux gens.

Ne ressemblez pas à un photographe

Si vous vous approchez très près des gens pour prendre des photos, cela vous aidera tellement de NE PAS ressembler à un photographe. Si vous ressemblez à ce que les gens pensent être un photographe professionnel, ils vous demanderont pourquoi vous photographiez et ils risquent de gâcher une scène simplement en étant conscient de votre présence.

C'est la raison pour laquelle les appareils compacts sont si populaires en photographie de rue. Si vous êtes discret et que vous ressemblez à n'importe qui, vous n'aurez généralement aucun problème à prendre des photos très près.

En ce qui me concerne, je suis un gringo à Slavador et mon portugais n'est pas parfaitement courant. Avec un appareil photo compact, je ressemble à un touriste et la plupart des gens ne font pas attention au fait que je prenne des photos.

Utilisez donc des appareils compacts, et éventuellement un sac photo très léger, évitez les gros reflex et les zooms. Quant à moi, j'essaye de ne prendre aucun sac. J'ai juste un Ricoh GRII et maintenant une Gopro sur la poitrine pour pouvoir vous montrer ma production.

Une bonne tête de touriste masqué

Commencez par demander la permission

Si vous avez trop peur de vous lancer et de vous rapprocher des gens, mon conseil serait de commencer par demander la permission. Si vous débutez en photographie de rue, commencez simplement par faire des portraits. Lorsque vous voyez quelqu'un d'intéressant, allez le voir, montrez votre appareil photo et demandez en souriant si vous pouvez faire un portrait.

Déjà, vous serez surpris du nombre de personnes qui seront simplement d'accord et vous demanderont probablement d'envoyer la photo. Ensuite, cela vous habituera à parler et à interagir avec des inconnus.

Lorsque vous avez fait cela plusieurs fois et que vous êtes plus à l'aise avec le processus, arrêtez de demander la permission avant de photographier. Commencez à prendre des photos pendant que vous approchez quelqu'un, si vous êtes repéré en train de prendre des photos, alors vous demandez la permission de photographier et de faire un portrait. Et juste comme ça, vous serez passé de l'autre côté du miroir, où vous serez très proches de vos sujets.

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Ce qui a fait la plus grande différence dans ma photographie

Avril 2011. Après 3 ans dans l'entreprise qui m'emploie alors, je n'ai compté ni les heures ni les jours pour les projets passionnants auxquels je participais pour le Salon du Chocolat. Après avoir travaillé d'arrache-pied pour la filiale US et le salon de New York, nous avons monté un salon à Shanghai en 4 mois depuis Paris, puis enchaîné les franchises et les nouveaux salon en France à Lille, Marseille et Bordeaux notamment.

À quelques semaines du mois de mai, j'ai des semaines de congés à récupérer, puis suivent un déplacement de 3 semaines au Brésil et 3 semaines de vacances en août puis 10 jours à New York. Je suis séparé depuis peu d'une longue relation et me remet alors d'une rupture du tendon d'Achille. J'ai vécu de longues semaines sur le canapé de mes amis avec des béquilles. Tu parles d'une croisée des chemins. Pour la petite histoire c'est également pendant cette période que je visitais Salvador de Bahia pour la première fois où je décidais de m'installer 7 ans plus tard.

D'avril à fin août pour tous mes déplacements ou vacances, c'est décidé j'aurai mon appareil photo, à l'époque un Sony Nex5 avec une optique Voigtlander 35mm. C'est la première fois de ma vie que j'ai pu consacrer tout mon temps à la photographie et dire que cela m'a plu serait le plus grand des euphémismes. Une révélation. Une passion instantanée, immense, avec au bout l'envie que ça devienne mon quotidien. Je ne l'ai révélé à personne pendant longtemps, j'étais en plein conflit intérieur, pensant que ce ne serait jamais possible.

Ce qui a fait la différence dans ma photographie n'est pas la capacité à voyager et à voir du pays, cette chance n'est qu'une circonstance. Ce qui a radicalement changé mon regard, c'est le fait de pratiquer et de m'entraîner tous les jours. La pratique quotidienne, intensive et répétée m'a fait basculer dans ce moment magique où l'on commence à voir des photos partout.

Le chemin vers la photographie professionnelle est une autre histoire, avec le besoin d'investir, de construire un portfolio et de développer un réseau qui permette de trouver des clients. J'ai eu alors une envie irrépressible de réussir dans la photographie professionnelle. C'est un chemin connexe et facultatif pour progresser en photographie. Mais le challenge de réussir en photographie professionnelle, là encore, m'a poussé à photographier autant que je pouvais, pour tous les projets que je pouvais trouver.

La pratique quotidienne sur une longue période avec le rythme des prises de vues, le développement et l'édition, la publication et la communication avec des objectifs professionnels, m'a fait franchir un cap. Je devais impérativement devenir meilleur pour pouvoir faire envie. Un photographe professionnel, tout comme certains corps de métiers artistiques ou dans l'artisanat, dépend du désir des autres.

Après cette période fabuleuse de quatre mois en Sicile, au Brésil, à Barcelone et à New-York, j'ai compris que la photographie me correspondait plus que toute autre activité. J'ai tout de même mis plusieurs années avant de pouvoir dire que la photographie était mon métier. Mais ces voyages et mes premiers clients de l'époque m'ont montré la clé essentielle pour progresser en photographie :

Photographier beaucoup et régulièrement,
avec l'envie sinon le besoin de s'améliorer.

Et je ne connais pas de meilleur moyen que de travailler sur un projet, que ce soit un projet personnel ou celui d'un client qui a effectivement besoin des photos.

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Candomblé à Salvador de Bahia

Un dimanche à Salvador, en nous promenant sur la petite presqu'île de Ponta de Humaita, j'ai été transporté par un rituel religieux Candomblé.Le Candomblé est une religion afro-brésilienne pratiquée au Brésil, mélange de catholicisme, de rites indigènes et de croyances africaines, cette religion consiste en un culte des orixás (prononcé « oricha »). En étudiant la culture de Salvador, le Candomblé est partout, particulièrement dans le remarquable travail du photographe et ethnologue Pierre Verger, qui définissait le Candomblé ainsi : « Le Candomblé est pour moi intéressant comme religion de l'exaltation de la personnalité. On peut y être véritablement comment on est, et non comme la société prétend que le citoyen fût. Pour les personnes qui ont envie de s'exprimer à travers leur inconscient, la transe est une possibilité que l'inconscient a pour se montrer. »Devant la petite église Nossa Senhora de Monte Serrat, un groupe intégralement vêtu de blanc semble prier sur l'embarcadère. Les membres de ce groupes les plus avancés ont les yeux fermés, le ressac de la marée haute leur recouvre les jambes jusqu'aux cuisses. Certaines personnes paraissent en retrait, ce sont en réalité les personnes les plus âgées qui cherchent un peu d'air sur le quai ou d'ombre sous le porche de l'église. Les nuages éparses ne cachent que partiellement les hautes températures du soleil de novembre.La scène parait hors du temps, je suis bien seul avec mes vêtements sombres et mon appareil, on m'accueille pourtant avec de larges sourires. Après quelques minutes une barque revient du large à la rame, en descend Marcelo qui était parti pour une offrande à "Iemanja", déesse des eaux de mer.Après être revenu à terre, il entre dans une transe étonnante, partagée successivement par les membres du groupes dans des embrassades rituelles douces mais intenses. La musique Candomblé commence devant le phare, les percussions accompagnent toute la scène.Une fois le rituel terminé, les glacières sont ouvertes, les bières et le déjeuner partagés dans une fête simple et joyeuse.

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