Histoire Histoire

New York, en pire

Times Square, sous la pluie, avec une valise de vingt kilos qui trotte derrière mon bras. Trois allers-retours pour trouver l'adresse, je vois le jour tomber et les lumières épileptiques se lever. Les touristes du monde entier, une publicité 3D haute comme un gratte-ciel, la fumée, le bruit et la fureur du capitalisme. Mac Donald's, Bubba Gump, TGI Friday, GAP, HBO, les bus, les taxis jaunes, les jongleurs et les super-héros, les flics qui me confirment que mon accent est incompréhensible. Tu parles d'une idée de prendre un bureau au centre du monde. J'arrive directement de l'aéroport, à peine le temps de déposer mes affaires à l'appartement de mes patrons, de retrouver rapidement notre avocat qui m'a détaillé les prochaines étapes de nos procédures, et me voilà en direction de notre filiale, désertée de son unique employée.

J'ai le costume de directeur du développement trempé. Paul Smith, Printemps de l'Homme, huit cents Euros sous la flotte. Je n'ai pas de parapluie, je pensais que le taxi me déposerait devant l'adresse exacte. À vrai dire, il l'avait fait, mais je ne l'ai compris qu'après une heure la tête en l'air à pester contre le système d'adresses de New York. Mon papier dit : "1247 Times Square-38th West". Je ne suis pas bien avancé : "Pardon madame. Ha oui de l'autre côté. Aïe âve you in ze belook." Un torrent d'énervement à chaque demi-tour. L'adresse est bien sur Times Square, mais l'entrée de l'immeuble est au début de la 38th Street, côté ouest donc. Maintenant que j'y suis, j'ai comme un doute. Je suis dans l'ascenceur, toujours la tête en l'air à regarder s'égréner les étages, je me demande : "Et s'il est là ? Je fais quoi ?".

Je me suis dit qu'il n'y avait rien de plus improbable. Quand on est pris la main dans le sac ou dans le pantalon, on ne revient pas sur le lieu du crime. Il s'était fait prendre la main dans les deux, il devait être loin en train de jouir de son argent volé.

Lui, je ne me souviens plus de son nom. Producteur de musique pour jeunes chanteuses de Rythm and Blues et amant d'Alice. Alice, elle, je la connaissais pour l'avoir vue une fois et virée dans la foulée. Alice travaillait pour la filiale américaine de la société Evenement International qui m'employait depuis trois mois à peine. J'étais arrivé pour développer de nouveaux événements, dans de nouveaux pays. Alors que je prenais mes marques dans mes nouvelles fonctions, on me demande mon opinion sur la filiale US qui perd trop d'argent chaque année. L'événement prestigieux de New York pouvait ne pas être rentable, il servait l'image de l'entreprise, mais le bateau prenait l'eau et risquait de faire tanguer toute la flotte.

Je ne fis alors qu'une simple demande d'accès aux données comptables de la filiale à la seule salariée qui y était détachée. Alice était Française, elle était entrée dans l'entreprise comme assistante et avait survécu en sept ans aux trois personnes qui avaient tenté en vain de prendre la direction de l'événement New Yorkais. En pratique, c'était Alice qui gérait la filiale. Les informations, je les recevais. Mais je ne trouvais jamais de quoi les vérifier. Ma seule source était Alice, elle pouvait me dire ou m'écrire ce qu'elle voulait, je voulais confirmer avec les fichiers sources. Puisqu'elle bottait toujours en touche, je suis allé jusqu'au plaquage pour arrêter de perdre du temps. Je voulais qu'elle m'envoie son disque dur de travail si elle ne pouvait m'y donner accès à distance.

Le disque dur était oublié, puis perdu, puis cassé. Il semblait avoir vécu mille vies depuis que je lui demandais de rentrer au bercail. Il est cassé ? Et bien soit. Envoie-le moi cassé. Je sais comment récupérer ces données. Mais Alice avait fui son domicile, battue par son compagnon. Elle pleurait, elle voulait rentrer en France. Et puis, non, ça allait mieux.

Je finis par recevoir en grandes pompes ce disque dur éreinté par les années de pertes sans profits. Illisible, je l'envoyais directement en pension dans le XIIIème arrondissement de Paris pour se retaper. Quand il eut recouvré ses esprits, je compris enfin pourquoi on voulait le réduire au silence : il connaissait un secret. Toutes ces années, il avait caché une double comptabilité, et même une double vie de sa propriétaire. La lecture de milliers d'emails et la récupération de fichiers effacés m'apprit beaucoup. Alice avait une société de production avec son petit-ami grand-escroc, elle soumettait à notre filiale qu'elle opérait des devis pour des prestations achetées par ailleurs bien moins chères. Les devis à valider ou les factures à payer arrivaient en bloc à Paris, mes patrons étaient toujours mis dans l'urgence et surtout, ils faisaient confiance. L'opération rondement menée, manifestement orchestrée par son amant, durait depuis au moins cinq ans avec des détournements colossaux, pas très loin des pertes selon mes estimations.

Petit curieux, le disque dur de la feuille me révéla également quelques vidéos de l'intimité du couple. La morale m'interdit d'en révéler ici les détails. Disons juste que si vous cherchez des objets à détourner de leur usage habituel ou avez toujours été curieux de certaines promotions que les hommes reçoivent dans leurs spams, vous auriez ici toutes les réponses. Apprendre à un disque dur à prendre l'avion et à parler sous la contrainte prend un peu de temps, voilà bien trois mois que j'étais dans l'entreprise et en un éclair je me retrouvais avec une filiale à retaper, une employée à licencier, un événement inconnu à relancer, à produire et à vendre dans une ville que je découvrais, sous la menace d'un brigand dont personne ne savait rien. Et par dessus le marché, j'étais trempé. Bienvenue à New York.

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[à suivre...]

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Inspiration Inspiration

5 Leçons de Photographie de rue avec Andre D. Wagner

Olivier Laurent a dit de lui après la revue de son portfolio au New York Times : "Il a l'œil. Il est le futur.".

Andre D. Wagner est un photographe qui vit et travaille à Brooklyn, New York. Il explore la vie quotidienne, en utilisant les rues de la ville, les quartiers, les manifestations, les transports en commun et la jeunesse de son quartier dans ses photographies. Son travail et sa pratique s'inscrivent dans la lignée de la photographie de rue qui explore le paysage social américain, concentrant souvent son objectif sur les thèmes de la race, des classes sociales, de l'identité culturelle et de la communauté. Il a travaillé pour les plus prestigieuses publications dont le New York Times, le Wall Street Journal, le Washington Post et Vogue, parmi tant d'autres.

Si Andre D. Wagner est un futur grand, il a sûrement beaucoup à nous apprendre. Je suis heureux de vous proposer ces 5 leçons de photographie avec un jeune photographe contemporain, que vous pourrez probablement croiser dans les rues de Bushwick, son quartier à Brooklyn, quand nous aurons enfin la possibilité d'y retourner.

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Discipline

Je dis toujours que j'ai un gros appétit pour la photographie. J'adore faire des photos, que ce soit en commande ou lorsque j'avance sur un travail personnel. Mais il y a aussi la chambre noire et mon studio qui me donnent du travail. J'ai trouvé des astuces, comme utiliser mes matins à bon escient. J'essaie de passer du temps dans la chambre noire ou en studio la plupart des jours de pluie. Pendant l'été, je me lève généralement vers 5 h 45. Donc, si je peux être prêt à 8 ou 9 heures du matin, après avoir fait du sport, pris mon café et envoyé quelques emails, alors je peux développer des films ou photographier toute la journée.

Andre D. Wagner

Devenir photographe impose une discipline, pour continuer à produire longtemps. C'est pour moi le seul moyen de progresser et d'atteindre les 10 000 heures de pratique nécessaires à sa maîtrise.

Je suis un boulimique de la photographie pour une seule raison, parce que j'ai une passion tellement grande pour les photos qui m'émeuvent. Elles me mettent dans un état indescriptible, je ne vois nulle part ailleurs ce sentiment poétique, lyrique, d'harmonie totale.

Je suis déterminé à essayer de produire ce genre de photos moi-même, cela demande beaucoup de travail, donc de la discipline.

Photo Andre D. Wagner

Photo Andre D. Wagner

Photo Andre D. Wagner

Photographier n'importe où

Si je photographie le matin, je veux essayer de sortir assez tôt pour photographier les gens qui vont à l'école ou au travail. Mais en même temps, l'endroit où je photographie n'a pas d'importance. Je fais des images très variées, donc ma pratique est de photographier où que je sois. Cela pourrait être à l'aéroport, à la fenêtre de ma chambre, dans un ascenseur ou dans une station-service.

Andre D. Wagner

Je crois également qu'il n'y a pas de mauvais endroit pour photographier. Ma pratique s'est trouvée transformée le jour où j'ai décidé de garder tout le temps un appareil avec moi et de pratiquer autant que je le pouvais, tout le temps, partout, quelles que soient les conditions météo.

Photographier est d'abord un processus mental, dirigé autour de soi. On se projette dans sa photographie, c'est pour moi un acte de méditation, d'observation et de pleine conscience. Si je garde un état d'esprit positif, en toutes circonstances, je ferai de meilleures photos.

Photo Andre D. Wagner

Photo Andre D. Wagner

Photo Andre D. Wagner

Observation et intuition

La photographie est incroyable. Les photos vieillissent incroyablement bien, même si je ne me soucie pas de photographier en pensant à l'avenir. J'essaie d'être en phase et concentré quand je travaille, donc lorsque je suis dans certaines situations, je peux reconnaître quand ce qui se passe est spécial. Vous ne savez jamais ce que les gens vont faire, où ils pourraient aller, ce qui va changer, ce qui restera identique.

Je ne me force pas à comprendre les photographies lorsque je les réalise. Je veux juste m'assurer de bien faire les choses; de cette façon, tout le reste se met en place, inévitablement. Il est très facile de devenir laxiste dans sa pratique.

Parfois, vous vous perdez dans une pensée ou en marchant. Vous regarderez quelque chose et au début, cela vous semblera spécial ou vous donnera simplement une sorte de secousse. Et alors, votre cerveau commence à fonctionner, essayant de comprendre ce qui se passe. Un aspect important de la photographie est qu'elle peut être immédiate. Vous pouvez prendre votre cerveau de vitesse, pour ainsi dire.

Parfois je sors, et puis boum, la photo est là. Je n'ai pas besoin d'utiliser mon cerveau pour attraper ce que j'ai ressenti. C'est une femme, il y a ce poteau, les autres femmes sont blanches, maintenant cette image fait allusion à l'idée de séparation - je n'ai pas besoin de comprendre tout cela quand je photographie. J'ai juste besoin de ce boum initial. Ca suffit pour moi. Évidemment, si l’opportunité se présente, j’essaierai de faire plus de photographies, mais la première est généralement meilleure.

Andre D. Wagner

Hindsight est un terme anglais difficilement traduisible qui représente parfaitement la photographie, il désigne une "sagesse rétrospective". En photographie, la prise de vue est par essence intuitive. La vision et la compréhension du monde que l'on a lorsque l'on se concentre pour prendre des photos est instantanée. On a pas le temps de verbaliser, encore moins de penser ou réfléchir à ce que l'on fait. L'analyse des photos et l'identification d'un message, d'une symbolique ou d'une harmonie graphique vient à l'édition et à la sélection de photos.

L'édition de ses photos et le travail d'analyse d'autres photographes est un conditionnement qui me permet d'affuter mes intuitions à la prise de vue.

Photo Andre D. Wagner

Photo Andre D. Wagner

Photo Andre D. Wagner

Être présent

Si vous faites les choses correctement, vous aurez une image à regarder pour toujours. C'est pourquoi j'aime travailler avec des appareils argentiques, car je n'ai pas d'écran qui m'oblige à essayer de comprendre les images alors que je suis en train d'essayer de les faire. Lorsque je suis en studio ou en chambre noire pour regarder les images, c’est là que je critique les photographies; c’est là que je modifie. La vie n'est pas la photographie. La vie est là où vous voulez être.

Andre D. Wagner

Je travaille peu en argentique et n'ai aucune expérience de développement en chambre noire. Mais je me sens totalement concerné par cette philosophie de la photographie. Il est plus important de vivre l'instant dans lequel je suis que de le photographier. Si je n'ai pas réussi la photo que j'espérais, ce n'est pas grave. Il en viendra d'autres, j'ai appris à les laisser passer. Je préfère toujours passer un bon moment, et si une image qui mérite le détour vient avec, c'est un beau cadeau.

Mon seul moyen pour me forcer à être plus présent est de désactiver complètement l'affichage des photos sur l'écran de mon appareil, et j'essaye de ne pas le regarder, même quand je crois avoir une bonne image. J'attends éventuellement une pause pour regarder les photos en lot.

Photo Andre D. Wagner

Photo Andre D. Wagner

Photo Andre D. Wagner

Rester ouvert

Je pense à ma position dans le monde et aux expériences que j'ai vécues. Mais je ne me promène pas dans les rues à la recherche d'une image qui crie "racisme" ou qui est à propos de la race. Cela fait partie de l’absorption du monde et de l’utilisation de ce qui se présente ou, je suppose, de ce qui est caché dans le flux du temps. Je suis coincé avec moi-même, donc je sais que mes photos viendront. Si je me mets à la recherche de certaines images, je me fermerais aux découvertes.

Je suis ici en respectueux désaccord. Il me semble tout à fait compatible de chercher des images dans un style particulier ou destinées à un projet spécifique tout en restant ouvert aux découvertes. Je suppose que c'est simplement une manière différente d'appréhender la pratique du travail en projet.

Ce qui m'intéresse ici est ce qu'évoque Andre D. Wagner quand il dit qu'il est "coincé avec lui-même". Nous sommes tous coincés avec notre ego, même si nous n'en sommes pas tous autant conscients. Je crois profondément qu'il est important de travailler sur un projet qui m'est personnel pour des raisons intimes, qui raisonne avec qui je suis et mon histoire.

Dans cet esprit, il me semble essentiel de photographier autour de chez moi, là où je vis. Mon quartier, ses habitants, mes voisins, ma famille, seront toujours mes premiers sujets en photographie, parce que je suis coincé avec moi-même.

Photo Andre D. Wagner

Photo Andre D. Wagner

Photo Andre D. Wagner

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5 leçons sur la photographie de rue avec Elliot Erwitt

Photo Elliott Erwitt

Elliot Erwitt est un photographe mondialement connu basé à New York mais constamment en voyage. Il est membre de l'agence Magnum depuis 1958, sa carrière continue depuis plus de 60 ans et il a été exposé dans de nombreux musées prestigieux. Elliott Erwitt est une sommité de la photographie et un grand maître de la photographie de rue.

Ces enseignements seront souvent illustrés par des photographies issues du livre Elliott Erwitt's NEW YORK dont je prends conscience à l'instant en commençant cet article que je possède un exemplaire signé. Je pense en avoir fait l'acquisition lors de l'une de ses expositions à Paris, mais rien n'est moins sûr. Je suis en tout cas un fan absolu du travail d'Elliott Erwitt, de son regard et de sa drôlerie, je ne peux pas imaginer présenter certains grands maîtres de la photographie de rue sans Elliott. Il représente une de mes inspirations majeures en photographie.

Eloge de la sérendipité

La sérendipité est la conjonction du hasard heureux qui permet au chercheur de faire une découverte inattendue d'importance ou d'intérêt supérieurs à l'objet de sa recherche initiale, et de l'aptitude de ce même chercheur à saisir et à exploiter cette « chance ». (Wikipédia)

Les photos d'Elliott Erwitt sont un éloge de la sérendipité, un hymne au hasard heureux et à la chance provoquée. La photographie de rue est une pratique qui est pleine de petits moments anodins, intéressants, curieux. La curiosité, voilà, c'est la qualité du photographe de rue. Et notre curiosité, notre soif de voir est étanchée par la sérendipité qui ne manquera pas d'arriver, si et seulement si nous sortons de chez nous pour faire des photos.

Photo Elliott Erwitt

USA. New York City. 1949.

Photo Elliott Erwitt - USA. New York. 1968.

Déambuler sans direction ou plan

Que vous soyez en train de découvrir une nouvelle ville ou que vous exploriez en bas de chez vous, laissez-vous porter par l'instinct, ne faites aucun plan. Elliott Erwitt explique régulièrement ne faire aucun plan quand il explore une ville, je crois que c'est la meilleure manière de pratiquer la photo de rue.

Trop souvent j'ai une idée pré-conçue de là où je souhaite aller, de ce que je voudrais voir ou photographier. Mais chaque fois que je décide d'aller photographier et d'avancer sans but ni trajectoire je découvre des scènes merveilleuses, une lumière incroyable ou un sujet inattendu. Ne soyez pas un touriste, restez un explorateur.

Quand j'emmène des groupes à New York, j'aime improviser en fonction de la météo, d'un ferry raté qui me fait aller dans une autre direction, d'envies soudaines ou d'inspirations sur des lieux photographiés par certains que j'admire. Je laisse toujours une place à l'inattendu, je crois que la photographie de rue devrait toujours être pratiquée ainsi.

Photo Elliott Erwitt - USA. New York City. 1953.

Photo Elliott Erwitt - USA. New York City. 1950.

Photo Elliott Erwitt - USA. New York. 1954.

Ne pas se soucier de la technique

Certaines des photos du livre Elliott Erwitt's New York ne sont tout bonnement pas justes techniquement. Mise au point approximative, notamment sur la photo de couverture ! Flou avec une vitesse qui pourrait paraître trop lente. Les exemples sont nombreux et ne posent aucun problème.

L'émotion passe devant la technique, le moment est plus important que la photo elle-même. C'est une leçon d'humilité et de curiosité, regardons avant de déclencher, observons plutôt que de régler. Et ne regardons pas nos photos quand nous sommes dehors, nous pourrions laisser passer un moment merveilleux.

Photo Elliott Erwitt - USA. New York.

Photo Elliott Erwitt - USA. New York.

Photo Elliott Erwitt - USA. New York.

Travailler toute sa vie

Tous les moments sont bons, même lors de commandes et de travaux qui peuvent paraître inintéressants. On retrouve dans Elliott Erwitt's New York quantité de clichés issus de son activité de photographe professionnel, des photos qui sont clairement des commandes. Et on trouve des moments de tendresse de son quotidien, des moments de vie de tous les jours. La photographie peut être tellement personnelle, intime, simple et profondément subtile en même temps. La photographie ne s'arrête jamais. C'est pourquoi je croie que pour devenir un meilleur photographe il faut se servir de son appareil tout le temps, toute sa vie.

Elliott Erwitt travaillera littéralement toute sa vie, aussi. Lors d'une interview en 2017 il explique alors à l'âge de 88 ans que ses 4 ex-femmes et 6 enfants ne lui laisseront jamais le temps d'une retraite pourtant bien méritée. Je me sens totalement concerné par cette observation, j'ai commencé bien trop tard et je ne mets jamais d'argent de côté, je sais que j'irai au bout et travaillerai tout ce que je pourrai. Ce qui ne me pose aucun problème, à part de ne pas pouvoir travailler en permanence sur des projets personnels. Mais les commandes sont aussi des occasions de voir autrement et différent.

Photo Elliott Erwitt

Photo Elliott Erwitt - USA. New York City. 1954. Jazz alto saxophonist Paul DESMOND.

Photo Elliott Erwitt - USA. New York City. 1950.

Photo Elliott Erwitt - USA. New York, New York. 1954. Third Avenue El.

Ne pas se prendre au sérieux

Les livres d'Elliott Erwitt sont pleins de drôlerie, de moments facétieux. Ces photos ne sont jamais des situations inconfortables ou honteuses, juste une pointe d'amusement souvent mêlée à une infinie tendresse. Ou parfois simplement un chien qui a une sacrée gueule.

Je partage avec Elliott un amour infini des chiens, dont nous sommes les meilleurs amis (et pas l'inverse). Je lui dois également la popularisation du 'Dogview', principe de prise de vues où le photographe se met à la hauteur d'yeux du chien.

La photographie n'est pas une question de vie ou de mort, c'est bien plus sérieux que ça ! Travailler sérieusement sans se prendre au sérieux, voilà un mantra fabuleux à garder des photos d'Elliott Erwitt.

Photo Elliott Erwitt - USA. New York City. 1977.

Photo Elliott Erwitt - USA. New York.

Photo Elliott Erwitt - USA. New York.

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Photo de rue à New York

Je suis de retour de mon dernier voyage photo à New York. Et je dois bien reconnaître prendre un plaisir nouveau à la photographie de rue. Concevoir la Masterclass qui arrive dans moins de deux semaines et écrire un livre pour enseigner la photographie m'a obligé à réfléchir, à étudier mon propre travail pour les illustrer. Et j'ai le sentiment d'avoir franchi un pas dans ma photo de rue.En revanche pour la cohérence, cette série n'en aura pas au-delà du lieu : New York. J'ai décidé de travailler différemment chaque jour, avec une thématique technique, de style ou de méthode de prise de vues particulière. Vous devriez reconnaitre le changement de journée assez facilement :)Je travaillerai à mon retour de Paris sur des séries cohérentes, mais je tenais à partager ici le résultat de mes recherches avec certaines des photos partagées sur les réseaux en direct, pour quasiment toutes avec le Jpeg direct sans aucune retouche, à part pour celles en noir et blanc.

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New York en noir et blanc

Retour à New York avec Photographes du Monde, retour à la photographie de rue en noir et blanc.C'est la pratique qui me procure le plus de plaisir, qui je crois me ressemble le plus. Pendant mes premières années de photographie, j'aurais pu vous soutenir que le noir et blanc était plus réaliste que la couleur. Je n'ai développé en couleur que pour pouvoir devenir professionnel, croyant que cela m'était indispensable, et après quelques années de professionnalisme le noir et blanc était pour ainsi dire abandonné de ma pratique.Et puis à Tokyo l'année dernière pendant la dernière étape de mon périple de villes désertes, une grande envie. Un premier quartier en noir et blanc, au plus proche de mes rencontres. Un second, un troisième, le virus m'est revenu. Assez vite à germé l'idée de rassembler ces travaux, d'en créer un livre. Ma première intention était de me replonger dans mes photos de Paris, dans mes débuts, d'y porter un nouveau regard avec un peu plus d'expérience. Peut-être n'avais-je pas bien vu ce que j'avais capté ?Et puis presque aussi vite j'ai voulu partager, échanger, discuter du bien fondé de telle photo devant telle autre avec Marie qui connaît mon travail comme personne. C'est ainsi qu'est né l'idée de travailler ensemble à ce livre, avec ses mots. Car Marie écrit, et drôlement bien.9 mois plus tard, La Ville Miraculeuse est presque là. Le livre existera si nous arrivons à obtenir suffisamment de pré-commandes. (cliquez-ici pour voir le projet ou pré-commander le livre)De mon côté, la photographie de rue est plus que jamais revenue dans ma vie.

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Desert in New York - une histoire de pari

Le projet Desert in the City est d'abord un pari. Quand je l'initiais il y a 2 ans et demi je cherchais un projet personnel qui puisse m'occuper dans une période creuse de ma nouvelle activité professionnelle, j'avais une intuition mais aucune certitude. Ma nuit de noël à Paris était improvisée, sans aucun repérage.J'étais instantanément satisfait du résultat, mais les jours qui ont suivi m'ont plutôt indiqués que ce pari était perdu. J'envoyais des propositions de publications à tout ce que la presse française compte de magazines ou d'hebdomadaires. Nombre de réponses : zéro. Zip. Nada. Parce que les photos étaient prises à Noël et que je trouvais qu'elles n'auraient aucun sens en été, je prenais un autre pari : ne les proposer qu'à un seul blog et attendre. Le succès était fulgurant, j'ai eu du mal à suivre le nombre de reprises et les sollicitations qui ont suivi.Desert in London était un nouveau pari, en essayant de reproduire cette expérience dans une ville que je connais très peu pour les prises de vues, dans un pays où je ne connais personne pour sa promotion. Depuis cette étape je ne pense qu'à une seule ville : New York. J'y pense depuis toujours en fait, puisque ce sont de vieilles photos de New York avant un ouragan qui m'ont inspiré ce projet.2 ans que j'espère y retourner.1 an à en rêver.6 mois à préparer et à me demander comment je vais pouvoir répondre au défi technique des grattes-ciel sur un projet où je me force à montrer la terre ferme.7 jours de repérages sur place.Et le jour du départ, à quelques heures du décollage, l'appel inattendu d'un ami qui vient de s'installer à Montréal, Matthieu. C'est lui qui a fait un nouveau pari, en décidant en quelques minutes de me rejoindre et de me suivre sur une nuit glaciale à New York.Nous travaillons en ce moment à la sortie du projet, il demande maintenant beaucoup de préparation avant de pouvoir montrer les photos. Mais ça arrive, vite. Le 9 février prochain pour exact.Musique : Little Things - Employee of the Year (album sur iTunes)Prises de Vues et Montage : Matthieu Blanco 

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Streets of New York

Ca y est. Je suis retourné à New York pour le projet auquel je pense depuis 2 ans et qui est rendu possible par ceux qui l'ont soutenu en début d'année : Desert in New York. C'est un sentiment bizarre, j'ai tellement anticipé ces 10 jours, pensé au matériel qui serait nécessaire pour réussir les photos, prévu le parcours et espéré qu'il n'y ait vraiment personne...Je peux le dire maintenant, je suis assez fier des photos qui sont au niveau de mes espérances. Je suis même autant excité qu'au lendemain de Noël il y a 2 ans, quand ce projet n'était qu'une idée et une 15aine de belles photos. J'aimerais pouvoir vous les montrer dès maintenant, mais il n'est pas encore temps. Février si tout va bien, avec un format ambitieux qui demande de la préparation.La production de ce projet demande maintenant une grosse semaine de repérages pour anticiper un maximum de clichés et pouvoir le compléter en 2 nuits. Cela me donne l'occasion de photographier la ville aussi dans la rue, ce que le travail de commande amène rarement. Une semaine dans la rue avec les New Yorkais, avec pas mal de touristes aussi parce que les lieux choisis sont souvent emblématiques.La photo de rue, quel bonheur. Je crois que c'est pour cette partie que j'aime le plus ce métier : simplement découvrir des scènes et aller de temps en temps vers des rencontres aléatoires. Le travail sur Desert in the City à New York m'obligeais à monter une optique trèèèès large la plupart du temps (Sigma 12-24mm pour les curieux). Ce qui donne une approche très différente en photo de rue, une nouvelle manière de regarder New York que j'aime tant.Voici donc les rues de New York telles que je les ai vues en ce Thanksgiving 2016. J'espère qu'elles vous plairont.street-photography-new-york-nov-2016-genaro-bardy-1street-photography-new-york-nov-2016-genaro-bardy-28street-photography-new-york-nov-2016-genaro-bardy-27street-photography-new-york-nov-2016-genaro-bardy-26street-photography-new-york-nov-2016-genaro-bardy-25street-photography-new-york-nov-2016-genaro-bardy-24street-photography-new-york-nov-2016-genaro-bardy-23street-photography-new-york-nov-2016-genaro-bardy-22street-photography-new-york-nov-2016-genaro-bardy-21street-photography-new-york-nov-2016-genaro-bardy-20street-photography-new-york-nov-2016-genaro-bardy-19street-photography-new-york-nov-2016-genaro-bardy-18street-photography-new-york-nov-2016-genaro-bardy-17street-photography-new-york-nov-2016-genaro-bardy-16street-photography-new-york-nov-2016-genaro-bardy-15street-photography-new-york-nov-2016-genaro-bardy-14street-photography-new-york-nov-2016-genaro-bardy-13street-photography-new-york-nov-2016-genaro-bardy-12street-photography-new-york-nov-2016-genaro-bardy-11street-photography-new-york-nov-2016-genaro-bardy-10street-photography-new-york-nov-2016-genaro-bardy-9street-photography-new-york-nov-2016-genaro-bardy-8street-photography-new-york-nov-2016-genaro-bardy-7street-photography-new-york-nov-2016-genaro-bardy-6street-photography-new-york-nov-2016-genaro-bardy-5street-photography-new-york-nov-2016-genaro-bardy-4street-photography-new-york-nov-2016-genaro-bardy-3street-photography-new-york-nov-2016-genaro-bardy-2

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