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5 Leçons de Photographie de rue avec Andre D. Wagner

Olivier Laurent a dit de lui après la revue de son portfolio au New York Times : "Il a l'œil. Il est le futur.".

Andre D. Wagner est un photographe qui vit et travaille à Brooklyn, New York. Il explore la vie quotidienne, en utilisant les rues de la ville, les quartiers, les manifestations, les transports en commun et la jeunesse de son quartier dans ses photographies. Son travail et sa pratique s'inscrivent dans la lignée de la photographie de rue qui explore le paysage social américain, concentrant souvent son objectif sur les thèmes de la race, des classes sociales, de l'identité culturelle et de la communauté. Il a travaillé pour les plus prestigieuses publications dont le New York Times, le Wall Street Journal, le Washington Post et Vogue, parmi tant d'autres.

Si Andre D. Wagner est un futur grand, il a sûrement beaucoup à nous apprendre. Je suis heureux de vous proposer ces 5 leçons de photographie avec un jeune photographe contemporain, que vous pourrez probablement croiser dans les rues de Bushwick, son quartier à Brooklyn, quand nous aurons enfin la possibilité d'y retourner.

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Discipline

Je dis toujours que j'ai un gros appétit pour la photographie. J'adore faire des photos, que ce soit en commande ou lorsque j'avance sur un travail personnel. Mais il y a aussi la chambre noire et mon studio qui me donnent du travail. J'ai trouvé des astuces, comme utiliser mes matins à bon escient. J'essaie de passer du temps dans la chambre noire ou en studio la plupart des jours de pluie. Pendant l'été, je me lève généralement vers 5 h 45. Donc, si je peux être prêt à 8 ou 9 heures du matin, après avoir fait du sport, pris mon café et envoyé quelques emails, alors je peux développer des films ou photographier toute la journée.

Andre D. Wagner

Devenir photographe impose une discipline, pour continuer à produire longtemps. C'est pour moi le seul moyen de progresser et d'atteindre les 10 000 heures de pratique nécessaires à sa maîtrise.

Je suis un boulimique de la photographie pour une seule raison, parce que j'ai une passion tellement grande pour les photos qui m'émeuvent. Elles me mettent dans un état indescriptible, je ne vois nulle part ailleurs ce sentiment poétique, lyrique, d'harmonie totale.

Je suis déterminé à essayer de produire ce genre de photos moi-même, cela demande beaucoup de travail, donc de la discipline.

Photo Andre D. Wagner

Photo Andre D. Wagner

Photo Andre D. Wagner

Photographier n'importe où

Si je photographie le matin, je veux essayer de sortir assez tôt pour photographier les gens qui vont à l'école ou au travail. Mais en même temps, l'endroit où je photographie n'a pas d'importance. Je fais des images très variées, donc ma pratique est de photographier où que je sois. Cela pourrait être à l'aéroport, à la fenêtre de ma chambre, dans un ascenseur ou dans une station-service.

Andre D. Wagner

Je crois également qu'il n'y a pas de mauvais endroit pour photographier. Ma pratique s'est trouvée transformée le jour où j'ai décidé de garder tout le temps un appareil avec moi et de pratiquer autant que je le pouvais, tout le temps, partout, quelles que soient les conditions météo.

Photographier est d'abord un processus mental, dirigé autour de soi. On se projette dans sa photographie, c'est pour moi un acte de méditation, d'observation et de pleine conscience. Si je garde un état d'esprit positif, en toutes circonstances, je ferai de meilleures photos.

Photo Andre D. Wagner

Photo Andre D. Wagner

Photo Andre D. Wagner

Observation et intuition

La photographie est incroyable. Les photos vieillissent incroyablement bien, même si je ne me soucie pas de photographier en pensant à l'avenir. J'essaie d'être en phase et concentré quand je travaille, donc lorsque je suis dans certaines situations, je peux reconnaître quand ce qui se passe est spécial. Vous ne savez jamais ce que les gens vont faire, où ils pourraient aller, ce qui va changer, ce qui restera identique.

Je ne me force pas à comprendre les photographies lorsque je les réalise. Je veux juste m'assurer de bien faire les choses; de cette façon, tout le reste se met en place, inévitablement. Il est très facile de devenir laxiste dans sa pratique.

Parfois, vous vous perdez dans une pensée ou en marchant. Vous regarderez quelque chose et au début, cela vous semblera spécial ou vous donnera simplement une sorte de secousse. Et alors, votre cerveau commence à fonctionner, essayant de comprendre ce qui se passe. Un aspect important de la photographie est qu'elle peut être immédiate. Vous pouvez prendre votre cerveau de vitesse, pour ainsi dire.

Parfois je sors, et puis boum, la photo est là. Je n'ai pas besoin d'utiliser mon cerveau pour attraper ce que j'ai ressenti. C'est une femme, il y a ce poteau, les autres femmes sont blanches, maintenant cette image fait allusion à l'idée de séparation - je n'ai pas besoin de comprendre tout cela quand je photographie. J'ai juste besoin de ce boum initial. Ca suffit pour moi. Évidemment, si l’opportunité se présente, j’essaierai de faire plus de photographies, mais la première est généralement meilleure.

Andre D. Wagner

Hindsight est un terme anglais difficilement traduisible qui représente parfaitement la photographie, il désigne une "sagesse rétrospective". En photographie, la prise de vue est par essence intuitive. La vision et la compréhension du monde que l'on a lorsque l'on se concentre pour prendre des photos est instantanée. On a pas le temps de verbaliser, encore moins de penser ou réfléchir à ce que l'on fait. L'analyse des photos et l'identification d'un message, d'une symbolique ou d'une harmonie graphique vient à l'édition et à la sélection de photos.

L'édition de ses photos et le travail d'analyse d'autres photographes est un conditionnement qui me permet d'affuter mes intuitions à la prise de vue.

Photo Andre D. Wagner

Photo Andre D. Wagner

Photo Andre D. Wagner

Être présent

Si vous faites les choses correctement, vous aurez une image à regarder pour toujours. C'est pourquoi j'aime travailler avec des appareils argentiques, car je n'ai pas d'écran qui m'oblige à essayer de comprendre les images alors que je suis en train d'essayer de les faire. Lorsque je suis en studio ou en chambre noire pour regarder les images, c’est là que je critique les photographies; c’est là que je modifie. La vie n'est pas la photographie. La vie est là où vous voulez être.

Andre D. Wagner

Je travaille peu en argentique et n'ai aucune expérience de développement en chambre noire. Mais je me sens totalement concerné par cette philosophie de la photographie. Il est plus important de vivre l'instant dans lequel je suis que de le photographier. Si je n'ai pas réussi la photo que j'espérais, ce n'est pas grave. Il en viendra d'autres, j'ai appris à les laisser passer. Je préfère toujours passer un bon moment, et si une image qui mérite le détour vient avec, c'est un beau cadeau.

Mon seul moyen pour me forcer à être plus présent est de désactiver complètement l'affichage des photos sur l'écran de mon appareil, et j'essaye de ne pas le regarder, même quand je crois avoir une bonne image. J'attends éventuellement une pause pour regarder les photos en lot.

Photo Andre D. Wagner

Photo Andre D. Wagner

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Rester ouvert

Je pense à ma position dans le monde et aux expériences que j'ai vécues. Mais je ne me promène pas dans les rues à la recherche d'une image qui crie "racisme" ou qui est à propos de la race. Cela fait partie de l’absorption du monde et de l’utilisation de ce qui se présente ou, je suppose, de ce qui est caché dans le flux du temps. Je suis coincé avec moi-même, donc je sais que mes photos viendront. Si je me mets à la recherche de certaines images, je me fermerais aux découvertes.

Je suis ici en respectueux désaccord. Il me semble tout à fait compatible de chercher des images dans un style particulier ou destinées à un projet spécifique tout en restant ouvert aux découvertes. Je suppose que c'est simplement une manière différente d'appréhender la pratique du travail en projet.

Ce qui m'intéresse ici est ce qu'évoque Andre D. Wagner quand il dit qu'il est "coincé avec lui-même". Nous sommes tous coincés avec notre ego, même si nous n'en sommes pas tous autant conscients. Je crois profondément qu'il est important de travailler sur un projet qui m'est personnel pour des raisons intimes, qui raisonne avec qui je suis et mon histoire.

Dans cet esprit, il me semble essentiel de photographier autour de chez moi, là où je vis. Mon quartier, ses habitants, mes voisins, ma famille, seront toujours mes premiers sujets en photographie, parce que je suis coincé avec moi-même.

Photo Andre D. Wagner

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Comment rester inspiré

Le principal obstacle en photographie est de rester chez soi pour de mauvaises raisons. Vous aurez peut être peur d'aller vous confronter aux autres, peut-être que la météo n'est pas clémente, peut être que vous avez décidé de manière totalement arbitraire que vous devez photographier à la tombée du jour, alors que vous êtes en couvre-feu.

Peut-être que vous avez décidé de travailler sur un projet qui ne contient que des paysages alors que vous vivez dans une grande ville. Peut-être que vous prenez le prétexte d'un futur voyage, et vous commencerez à photographier là bas. Et je ne vous parle même pas de la bêtise de croire que nous avons besoin d'une optique ou d'un nouvel appareil. Je connais ce problème, je crois qu'il ne me quitte jamais vraiment : nous trouvons toujours une raison de ne pas photographier.

Il me semble pourtant essentiel de toujours continuer à produire des photos, le plus souvent possible. En premier lieu, c'est le seul moyen de progresser et d'élever le niveau de ses photos. Pour progresser, il convient de produire beaucoup pour chercher une expertise. Cette expertise ne s'acquiert qu'avec un gros volume de pratique dans les bonnes conditions. C'est à dire qu'il convient de photographier beaucoup en cherchant à produire des photos d'une qualité exceptionnelle.

Arrive alors la question évidente quand on a posé ces principes : comment savoir si sa production va dans la bonne direction ?

Ce qui est fabuleux en photographie, c'est que la source d'inspiration pour trouver des sujets à photographier, chercher des projets photographiques à mener, pour contrer toutes les fausses raisons que l'on se donne ET pour viser un niveau exceptionnel est toujours la même :

Lire des livres photo des grands photographes.

Lire des livres photo vous montrera le niveau à atteindre. Si vous analyser les photos pour ce qu'elles sont et pas uniquement le sentiment qu'elles vous procurent, vous pouvez en déduire la manière dont elles ont été produites. Et ainsi, vous améliorerez vos propres photos.

Lire des livres vous montrera ce qui a déjà été fait par les plus grands. Cela ne vous empêchera pas de continuer à photographier les mêmes sujets ou des projets similaires. Vous saurez simplement où vous situer et pourrez essayer d'apporter une petite pierre à l'édifice. C'est tout ce que nous pouvons espérer.

Lire des livres vous montrera qu'une grande majorité des livres photo des grands maîtres de la photographie ont été produits là où ils ont vécu. Commencez à photographier en bas de chez vous. Commencez par photographier votre quotidien. La photographie, c'est ce à quoi vous avez accès. Tout est déjà là, autour de vous.

Mon dernier conseil sera de vous dire d'utiliser l'appareil que vous connaissez le mieux, avec une seule optique fixe, aussi longtemps que vous pourrez. Photographier c'est d'abord voir, on voit mieux quand on est habitué à une focale.

Personnellement, je me suis séparé de 80% de mes livres photo quand j'ai quitté la France pour le Brésil. Mais depuis que j'ai posé le pied à Salvador, c'est un livre photo par mois minimum. C'est la première ligne de mon budget. Et bien souvent c'est un livre par semaine. Avec l'importation fréquente et les temps de transport Brésiliens, je reçois parfois mes livres après plusieurs mois, c'est toujours une bonne surprise. Et quand je reçois un livre, j'en commande immédiatement un autre.

Pour rester inspiré, achetez des livres.

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Le mariage des coïncidences

La vie est souvent une comédie, et la photographie peut en révéler des scènes fascinantes par la juxtaposition. Je propose rarement des photos avec des scènes explicitement drôles ou avec des associations comiques. Quand je photographie dans la rue, je cherche à assembler, à lier des éléments qui sont sur différents plans ou qui coexistent dans le cadre.

Avec un peu de chance, un heureux hasard et l'habitude de la pratique, on peut juxtaposer et trouver un rythme ou un motif dans une photographie. À la prise de vue je n'ai pas le temps d'y penser, je fonctionne purement à l'instinct. Mais à l'édition rien ne me semble plus important que l'analyse et la recherche de moments synchrones.

Je me demande : est-ce que cette photo représente une harmonie ? Une tension ? Un conflit ? Parfois, je trouve des éléments ou des personnages qui se répondent sans le savoir.

Une juxtaposition est souvent un mariage de coïncidences.

Photo Genaro Bardy - Salvador da Bahia - Nov 2020

Photo Genaro Bardy - Salvador da Bahia - Nov 2020

Photo Genaro Bardy - Salvador da Bahia - Nov 2020

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La contrainte rend créatif

Le programme L'Étincelle prend fin dans quelques semaines, et tous les participants sont plus ou moins en confinement, que ce soit en France, en Suisse, en Allemagne ou aux Pays Bas.

Je leur propose chaque semaine de commenter leurs photos suite à des exercices créatifs. Beaucoup ont relevé la difficulté à pratiquer la photographie quand on ne peut sortir de chez soi qu'une heure et à un kilomètre pour prendre l'air.

Je sais la difficulté de la situation sanitaire en France et en Europe en ce moment, l'urgence dans laquelle vivent les hôpitaux, les malades qui s'accumulent, et aussi les graves conséquences sur l'économie et la vie quotidienne. La situation au Brésil où je vis n'est pas plus enviable.

Pourtant, je soutiens aux participants du programme que toutes les contraintes du monde ne doivent pas nous arrêter dans notre photographie. Nous ne pouvons pas photographier plus que ce que nous vivons, c'est une philosophie que d'accepter ce qui se présente à nous et c'est un principe que j'encourage à suivre : nous devons nous concentrer sur ce que nous pouvons faire. Si je ne peux photographier qu'ici, j'essaierai d'en tirer le meilleur.

La contrainte comme révélateur

Je dirais même que c'est la contrainte qui rend créatif, si l'on se force à dépasser les limites que nous voyons à nos capacités. Quand on débute en photographie, la limite est technique, l'appareil photo est notre première contrainte. Une fois la technique à peu près comprise, on essaye de remplir le cadre et on commence à penser à comment le remplir, par la composition et la nature si particulière du plan d'une photo. Certaines techniques de composition sont objectivement meilleures que d'autres, quelque soit le genre pratiqué. Bien composer, ce peut être une contrainte.

Si je veux raconter une histoire, si je cherche un principe créatif que je pourrais appliquer sur une série, un projet ou un livre, c'est une contrainte. C'est même toute l'idée des exercices que je donne aux participants à ce programme de formation : je leur donne des contraintes pour révéler une créativité.

Photo Genaro Bardy -

Out of Lockdown

On photographie d'abord ce que l'on vit

À titre personnel, le premier confinement à Salvador de Bahia a duré cinq mois. J'ai commencé par participer au maximum au exercices que je proposais, à la maison. Et puis je décidai de raconter une histoire toute simple, intime, personnelle, car nous attendions la naissance de notre fille Luna. Enfin, j'ai continuer à photographier dès que je sortais, pour la moindre course, même si ça devait être quinze minutes dans un supermarché.

La photo ne s'arrête jamais, et nous aurons toujours des contraintes. Nous avons d'abord les limites que nous voulons bien nous mettre, les raisons que nous nous donnons pour ne pas photographier. Je ne vous dis pas d'absolument proposer un journal de confinement comme tout le monde, je souhaite juste souligner qu'une crise peut aussi être une opportunité. Si vous voulez photographier ou progresser dans votre démarche, vous pourrez toujours le faire. On photographie d'abord ce que l'on vit.

Photo Genaro Bardy

Dépasser ses limites

Depuis quelques mois, j'arrive à m'organiser des journées entières de photographie dans les rues de Salvador, tous les dix jours. J'essaye d'apporter la touche finale au livre dont je vous parlerai bientôt et qui prend forme. Cette semaine, je suis sorti avec une conviction : je ne m'approchais pas assez de mes sujets, des personnes que je rencontrais. J'ai réalisé que le fait d'avoir une go-pro sur le torse pour vous montrer mes shootings me limitait.

J'ai décidé pour la journée d'abandonner la go-pro et d'aller au contact des gens, d'aller leur parler. Je vous rassure, avec un masque et une distance suffisante. En dépassant cette limite, j'ai certainement passé une des meilleures journées de photographie à Salvador, de par la qualité des photos que j'ai réussi à sortir pour mon projet, et pour les rencontres qui m'ont été permises.

Quelque soit la contrainte qui se présente, nous sommes finalement tous seuls à nous mettre des limites. Ces limites doivent nous apprendre à chercher à les dépasser. Il y a des millions de photos à prendre à un instant donné. Tous les choix que nous ferons, les outils que nous choisirons, seront toujours des contraintes. C'est la contrainte qui rend créatif.

Photo Genaro Bardy - Passion parking de supermarché

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La distance en photographie - par Todd Hido

Je prends enfin le temps d'ouvrir le livre de Todd Hido : On Landscapes, Interiors, and the Nude - ce livre est plein d'enseignements et je découvre Todd Hido comme professeur de photographies. Je dois vous dire, je ne connaissais que peu le travail de Todd Hido au delà de son premier livre House Hunting. Todd Hido est aussi professeur au California College of the Arts et ses enseignements sont remarquables.

En introduction, Todd Hido détaille le procédé qui amenait au choix de la couverture de son premier livre. Ce texte est passionnant car il est accompagné de la planche-contact et du choix de la photo en question. Todd Hido y parle de position et de distance en photographie, qui sont bien sûrs chargées de sens.

Emmet Gowin me dit un jour : "la photographie est à propos de la position". J'utilise beaucoup cette perspective diagonale. Il y a un point de fuite ou un coin. En fait, je crois que dans mon livre il n'y a qu'une seule photo qui soit prise en face comme le ferait Walker Evans. Quand on photographie un espace, c'est utile d'avoir une perspective pour faire entrer le spectateur dans la photo. La ligne diagonale crée de la profondeur, et la profondeur fonctionne souvent pour décrire un environnement. En quelque sorte, les lignes diagonales étendent votre photographie vers l'infini.

Todd Hido dans On Landscapes, Interiors, and the Nude

Photo Todd Hiddo - Couverture de

House Hunting

La planche contact de Todd Hido - dans

On Landscapes, Interiors, and the Nude

Photo Todd Hiddo -

House Hunting

Certains décrivent mon travail comme celui d'un "voyeur". L'endroit où je me place avec mon appareil donne cette impression de voyeur. Je suis suffisamment en retrait pour que nous (le spectateur et moi) soyons à une distance respectable de la maison. Peut-être que nous ne sommes pas trop près parce que nous ne sommes pas supposés être là.

J'ai toujours utilisé cette distance étrange qui dit : "Je ne suis pas d'ici." Les spectateurs ressentent cette distance et deviennent plus conscients de ma présence comme photographe/voyeur. Je les place dans la même position - une position qui encourage un certain type de regard.

En deux paragraphes, Todd Hido montre et démontre l'importance de la position en photographie. Au moment de la prise de vue, la photographie est avant tout un exercice physique, le moindre déplacement transforme une composition. Cette planche contact est limpide, tous les plans sont acceptables, mais pour Todd Hido une seule est parfaite avec les diagonales qui donnent de la profondeur et un point de vue particulier.

Todd Hido explique également l'importance du spectateur dans l'édition de photos. On choisit des photos en les analysant pleinement, en pensant au moindre détail, jusqu'à ce que signifie la distance et comment elle influence le sentiment du spectateur. Une grande rigueur dans l'édition est nécessaire, cela demande un travail conséquent. Todd Hido est réputé pour être un bourreau de travail, pour atteindre un niveau remarquable pour chacune de ses photos.

House Hunting ne contient que 26 photos en 56 pages... Mais comme il le dit si bien : "All Killers, No Fillers" (trad. : Que des tueurs, pas de remplissage).

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5 leçons de photographie avec Mary Ellen Mark

Lorsque la photographe Mary Ellen Mark est décédée en 2015, elle a laissé derrière elle une quantité gigantesque de photos de sa longue carrière de photojournaliste. Mary Ellen Mark a consacré une grande partie de sa vie à documenter les gens à la marge, dont les histoires ne seraient probablement pas racontées autrement. En travaillant sur de longues périodes avec ses sujets, elle a proposé des photos pleines d'empathie et d'humilité. Certains de ses projets les plus connus comprennent Streetwise, 1983, une série sur les enfants de la rue à Seattle ; Ward, 1981, à l'intérieur d'un hôpital de Salem; et Falkland Road, 1978, dans lequel Mary Ellen Mark photographie des travailleuses du sexe à Bombay.

Un nouveau livre publié par Steidl, édité par son mari, Martin Bell, est un regard complet sur l’œuvre de la photographe. Le livre The Book of Everything contient 600 photos- choisies sur un total de plus de deux millions, et propose également des photographies inédites - de l’extraordinaire carrière de Mary Ellen Mark, avec les histoires qu’elle a choisi d’explorer et de documenter.

Ne m'étant pas encore procuré le livre, je vous propose de découvrir la carrière de Mary Ellen Mark avec certaines de ses photos les plus connues, et quelques enseignements issus des interviews que j'ai pu glané.

Le photographe voleur d'âmes

Je pense simplement qu'il est important d'être direct et honnête avec les gens sur les raisons pour lesquelles vous les photographiez et ce que vous faites. Après tout, vous prenez une partie de leur âme.

Mary Ellen Mark

Prendre une photo serait prendre une partie de l'âme de ses sujets, de ses personnages, et la montrer. Je peux oublier parfois que même si j'ai le droit de prendre une photo, je ne devrais pas prendre cet acte à la légère. Avec une photo on porte une responsabilité avec ce que l'on montre et dans la manière de l'exposer à d'autres yeux que les siens. Peut-être par habitude et sûrement par manque d'humilité, trop souvent je m'abrite derrière mon bon droit à prendre une photo.

Un photographe est trop souvent un prédateur qui chasse l'image en oubliant son sujet et la symbolique que transmet sa représentation. Je prends cette phrase de Mary Ellen Mark comme un rappel de ce que peut contenir une photo, et un appel à passer plus de temps à expliquer ma démarche aux personnes que je photographie, ou tout simplement avec eux.

Photo Mary Ellen Mark

Photo Mary Ellen Mark

Photo Mary Ellen Mark

De l'importance de travailler des photos seules

Dorothea Lange, Margaret Bourke-White et Eugene Smith font partie des photographes qui m'ont inspiré. Ils et elles ont pris des images puissantes, fortes. Certaines de leurs images sont devenues des icônes. Voilà le genre de photographies que j'aspire à faire. Ce sont des images très difficiles à prendre, car vous n'en avez qu'une certaine quantité en vous que vous pouvez faire dans une vie. Pour moi, c'est ça la grande photographie.

Mary Ellen Mark

J'essaie toujours de penser à des photos uniques. Ce qui est important pour moi, c’est de faire des photos individuelles fortes. Quand je regarde un photographe documentaire ou un photojournaliste dont j'aime beaucoup le travail - quelqu'un comme Eugene Smith - c'est parce que les images sont des photos uniques. Je pense à ses superbes sujets illustrés comme des histoires où chaque image isolée était vraiment forte. Dans "Country Doctor", par exemple, vous vous souvenez de chaque image. Ils ne liaient pas seulement des images entre elles - chacune était forte, et chacune pouvait être autonome. Je pense que chaque photo doit pouvoir être présentée seule ; il n’a pas besoin des autres images pour soutenir son propos ou pour raconter une histoire.

Mary Ellen Mark

La recherche de photos exceptionnellement fortes est permanente, c'est finalement la seule activité qui m'intéresse vraiment en photographie. Mais pour pouvoir raconter une histoire, je peux parfois me laisser entraîner vers des photos qui sont moins importantes, et utiliser des photos qui ne méritent pas d'être publiées.

Je sais que je ne devrais publier que mon meilleur travail. Cela aiderait le niveau général de mes productions. C'est en étant exigeant que l'on peut espérer atteindre ce niveau et prendre des photos iconiques. Mary Ellen Mark en a eu tellement tout au long de sa longue carrière, c'est une inspiration merveilleuse pour repousser ses propres limites.

Photo Mary Ellen Mark

Photo Mary Ellen Mark

Universalité des photographies

Ce que j’essaye de faire, ce sont des photographies qui soient universellement comprises… qui transcendent les frontières culturelles. Je veux que mes photographies parlent des émotions et des sentiments de base que nous ressentons tous.

Mary Ellen Mark

Cette réflexion me paraît essentielle. L'utilisation de la symbolique en photographie est cruciale pour transmettre une émotion. La plupart des symboles auront une résonnance différente selon les spectateurs d'une photo, selon leur culture, leur origine, selon tout ce qui constitue leur subjectivité.

Cependant, il est possible de faire appel à une symbolique universelle, de transmettre des émotions qui seront reconnues par tous et probablement pour toujours.

Photo Mary Ellen Mark

Photo Mary Ellen Mark

Avoir un point de vue

Je ne pense pas que l'on puisse être un observateur objectif. En créant un cadre, vous sélectionnez, puis vous modifiez les images que vous souhaitez montrer et vous êtes à nouveau sélectif. Vous développez un point de vue que vous souhaitez exprimer. Vous essayez d'entrer dans une situation avec un esprit ouvert, mais ensuite vous vous forgez une opinion et vous l'exprimez dans vos photographies. Il est très important pour un photographe d'avoir un point de vue qui contribue à une belle photographie.

Mary Ellen Mark

En photographie de rue, vous n'êtes pas un spectateur passif et objectif. Vous êtes un participant actif, vous faites partie de ce que vous photographiez. Il est impossible de rester neutre, ne serait-ce que par l'édition de photos et ce que vous décider de montrer.

Mais cadrer une photographie c'est déjà éditer, car vous choisissez ce qui sera dans le cadre par rapport à des millions d'options. Si vous ne pouvez être neutre, choisissez un point de vue et mettez de vous même dans vos photos. Je crois que l'on photographie toujours qui on est.

Photo Mary Ellen Mark

Photo Mary Ellen Mark

Être soi-même

Tout le monde me demande comment je fais pour que mes sujets s'ouvrent à moi. Il n’y a pas de formule magique. C'est juste une question de qui vous êtes et comment vous parlez aux gens - d'être vous-même. Vos sujets ne vous feront confiance que si vous êtes sûr de ce que vous faites. Ils peuvent le sentir immédiatement. Je suis vraiment dérangé par les photographes qui abordent d’abord un sujet sans appareil photo, essaient d’établir une relation personnelle, puis sortent leur appareil photo. C’est trompeur. Je pense que vous devriez simplement vous présenter avec un appareil, pour clarifier vos intentions. Les gens vous accepteront ou non.

Mary Ellen Mark

Il n'y a pas de secret, pour réussir des portraits ou des reportages qui dépassent l'ordinaire, il faudra passer le temps nécessaire avec les personnes concernées. Les photos de Mary Ellen Mark nous montrent qu'il est important d'expliquer sa démarche, d'être sincère et transparent.

En d'autres termes, il convient d'être soi-même. La photographie, c'est ce à quoi j'ai accès, au premier comme au second degré.

Photo Mary Ellen Mark

Photo Mary Ellen Mark

Photo Mary Ellen Mark

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Progresser en Photographie de Rue

https://www.facebook.com/genaro.bardy.photographer/videos/296060754823081/

Voici le replay de l'atelier en direct qui a eu le plus de succès sur mon groupe Facebook jusqu'à présent. J'y parle de photographie de rue, avec notamment des photos d'Ernst Haas, Mary Ellen Mark, Helen Levitt, Inge Morath et Sergio Larrain.

Les exercices proposés à la fin seront commentés jeudi 27 août à 20h, toujours sur ce groupe Facebook.

Enfin, si cela vous a plu, sachez que cet atelier est tout à fait cohérent avec le programme de formation L'Étincelle. La deuxième session commence le 1er septembre, et vous pouvez en savoir plus par ici : L'Étincelle.

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De tout vers soi

La photographie est un art analytique, contrairement à la peinture, l'écriture ou la musique.

Si vous écrivez, vous commencez par une page blanche. En peinture vous commencez par un canevas. En musique vous commencez par ce que vous voudrez, mais vous partirez de rien, ou d'une intuition.

Partir de rien et faire ce que l'on veut est merveilleux, vous pouvez ainsi façonner ce que vous souhaitez, et continuer à construire, étape par étape. Vous obtiendrez exactement votre vision. Vous pourrez ajouter, couper, effacer, mélanger.

La photographie en revanche, commence avec tout. Votre palette, c'est le monde qui vous entoure. Vous devrez le réduire à ce que vous souhaitez montrer. Dans le maelstrom de la vie et de toutes ces choses qui existent devant vous, vous devrez choisir ce qui provoque une émotion. Quelque chose provoquera le déclenchement, cela vous appartient et vous représente. Votre cadre en dira autant sur vous que sur ce qu'il montre ou cache.

Que voudrez vous montrer, transformer ou sublimer ? Votre photographie peut être monumentale ou triviale. La photographie est une sélection. Une fraction de seconde qui réduit, et montre une vérité. En photographie vous partirez de tout, et vous irez vers vous-même. Votre photographie sera en même temps une fenêtre sur le monde et un miroir.

La photographie est une intervention.

Photo Genaro Bardy - Out of Lockdown, July 2020

Photo Genaro Bardy - Out of Lockdown, July 2020

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7 Leçons sur la photographie avec David Alan Harvey

David Alan Harvey est le photographe qui m'a bouleversé ces six derniers mois, dans un premier temps avec ses photographies, notamment les deux livres que je me suis procurés : « Based on a True Story » et « Cuba » . Il m'a ensuite amené à réfléchir profondément sur ma photographie, avec les différentes interviews et interventions que j'ai pu découvrir.

Pour différentes raisons, David Alan Harvey est devenu ma principale source d'inspiration dans ma photographie. Peut être parce qu'il a travaillé là où je vis ? Surtout parce que sa philosophie et ses photos sont parfaitement alignées avec ce que je souhaite produire et ma manière de vivre.

Qui est David Alan Harvey ?

David Alan Harvey a commencé la photographie très jeune. Son premier projet consistait simplement à documenter sa famille, alors qu'il avait 12 ans. Son premier livre photo était en noir et blanc avec des photos de sa famille et de leurs principaux événements du quotidien. Il dit appliquer toujours les mêmes principes dans ses livres photo depuis.

Son livre suivant et son premier ouvrage publié s'intitule « Tell it like it is » dans lequel il a décidé de passer du temps avec une famille afro-américaine dans un ghetto en Virginie. Pendant un été entier, il est resté avec eux, a vécu avec eux, est allé à l'école avec les enfants et a documenté leur vie. Il avait la volonté de changer la société par son travail - il a vendu les exemplaires de son livre pour collecter des fonds pour l'église afro-américaine locale de cette communauté.

Il a commencé à travailler avec National Geographic et est devenu un des photographes majeurs de la publication, travaillant à travers le monde. Il a enfin rejoint la prestigieuse agence Magnum en 1993, confirmant sa place parmi les plus grands photographes contemporains.

Il a publié de nombreux ouvrages, notamment son livre «Divided Soul» qui documente plus de 20 ans de photographies dans le monde entier.

Je voulais écrire cet article pour partager ce que j'ai appris de David Alan Harvey en photographie. Voici les 7 principaux enseignements.

Photo David Alan Harvey - Rio de Janeiro

Tout sujet est politique

David Alan Harvey a travaillé sur des zones de conflit, mais il n'est pas spécialement reconnu pour ses "photos de guerre". Il parle notamment de son expérience au Honduras, où il déambulait dans la capitale, sans chercher particulièrement le front, il cherchait plutôt à documenter le quotidien des habitants de la ville.

J'aime particulièrement sa vision de la photographie de rue, qui est pour lui un message sociologique sur son époque et sur les modes de vie. Sans chercher forcément une justification pour la photographie de rue que j'aime déjà tellement, cette pratique est fascinante pour ce qu'elle permet de faire émerger. La photographie de rue est une expérience sociologique, même si vous ne publiez pas vos photos.

Photo David Alan Harvey - Mexico

Copier les plus grands

Pour atteindre la maîtrise en photographie, ou dans n'importe quel domaine d'ailleurs, vous aurez besoin de beaucoup de travail, mais également de trouver un ou des mentors. Il n'existe pas d'expert mondial, quelque soit sa spécialité, qui ne se soit trouvé à progresser au contact des maîtres qui l'ont précédé.

La beauté de la photographie est que vous n'avez même pas besoin de côtoyer ou fréquenter vos mentors pour qu'ils puissent vous inspirer. Vous pouvez photographier comme eux, penser comme eux, travailler comme eux, uniquement en observant leurs photos dans leurs livres ou maintenant sur les internets.

David Alan Harvey cite ses références et inspirations de son début de carrière, ils sont très connus : Henri Cartier Bresson et Robert Franck. Deux monuments de la photographie de rue dont les livres à la sauvette et The Americans ont inspiré des milliers de photographes après eux.

David Alan Harvey dit qu'il a essayé de copier ces photographes pendant un moment, avant d'évoluer notamment vers la photographie couleur dont il est devenu l'un des meilleurs représentants. Il se distingue également d'Henri Cartier-Bresson qui était réputé pour être distant avec ses sujets. David a toujours essayé de s'insérer dans la vie des gens, d'aller plus loin et de passer du temps avec eux.

Photo David Alan Harvey - Honduras

Un appareil, un objectif

C'est le seul conseil un peu technique que recommande David Alan Harvey : un appareil, un objectif. Et les garder toujours avec soi. Cela permet notamment d'être rapide et ne rien louper, on ne sait jamais quand une photo intéressante sera là devant soi.

Je ne travaille plus qu'en focale fixe depuis quelques années, mes zooms étant exclusivement réservés à des commandes très spécifiques en architecture ou sur un événement. J'ai encore tendance à jongler entre les focales 28mm et 40mm. Mais je crois que je vais céder dès que je peux sortir de chez moi (je vis au Brésil si vous êtes nouveaux sur ce blog), et me procurer le 35mm dont je rêve pour mon Sony A7.

Sur mon Ricoh GRII, je bascule fréquemment sur la focale 35mm, le 28mm est trop large pour moi quand je ne suis pas dans les rues de New-York.

Commencer en bas de chez soi

David Alan Harvey répète cela à l'envie : vous n'avez pas besoin de prendre l'avion pour prendre de grandes photos. Je suis totalement en phase avec ce principe, la photographie doit d'abord documenter votre vie, pas besoin de s'en inventer une.

Restez à la maison et regardez dans le miroir.

David Alan Harvey

Commencez par photographier dans votre jardin, dans votre arrière-cour, dans la rue en bas de chez vous. Si vous n'arrivez pas à prendre de grandes photos en bas de chez vous, un avion et un pays exotique n'y changeront rien.

David Alan Harvey dit ainsi : "Restez à la maison et regardez dans le miroir". La photographie est aussi un outil d'introspection. Pour lui, en photographie on est témoin d'une scène mais aussi totalement connecté à ce qui se passe devant soi.

Toute photographie est un peu auto-biographique. Sinon pourquoi l'aurions-nous prise ou choisie ?

Photo David Alan Harvey

Le plus intelligent dans la pièce

Lorsque David Alan Harvey parle de son travail pour ce qui est probablement le plus prestigieux des magazines au monde, National Geographic, il raconte avoir été envoyé pour des courtes durées dans des pays dont il ne connaissait rien.

Comment produire une série photographique de haute volée en 15 jours quand on découvre un endroit ? David Alan Harvey mettait un point d'honneur à mieux connaître le sujet ou le lieu sur lequel il photographiait que le journaliste avec qui il travaillait, que l'éditeur qui sélectionnait les photos et les photographes, ou que le rédacteur en chef qui donnait les missions. Il lisait tout ce qu'il pouvait trouver, devenait incollable.

Puis, arrivé à destination, David Alan Harvey explique que pour aller plus loin dans la vie de ceux qu'ils croisaient, il s'inventait une vie sur place. Il se comportait comme s'il était là depuis des années, se faisait des amis, une vie sociale. Cette vie inventée mais bien réelle le temps de son travail l'occupait entièrement, du petit matin jusque tard dans la nuit.

Ses photographies sont les meilleurs témoins de cette méthode radicale.

Photo David Alan Harvey

Comment percer comme photographe professionnel

Voilà probablement le conseil le plus simple et époustouflant que j'ai jamais reçu. Pour percer comme photographe professionnel, il suffit de se donner à soi-même la commande dont on rêve.

Ce conseil me renvoie à la déception qui m'affligeait quand j'ai reçu une réponse négative pour un projet ici à Salvador. Le projet était parfait, passionnant, fait pour moi. C'est décidé, quand je sors de confinement, je m'y colle.

Photo David Alan Harvey

Les niveaux en photographie

David Alan Harvey évoque les différents niveaux de qualité en photographie professionnelle. Là encore, c'est aussi simple que percutant.

Le premier niveau est le niveau "Magazine". Ouvrez le magazine pour qui vous rêveriez de travailler, et demandez-vous objectivement si vous avez le niveau pour leur proposer des photos. L'effet Dunning Kruger qui accentue la sur-confiance des photographes marche certainement au maximum ici, mais si l'on reste lucide on peut s'étalonner.

Le deuxième niveau dont parle David Alan Harvey est le niveau "Livre" ou "Exposition". Nous parlons ici du livre travaillé avec un éditeur ou d'une exposition montée avec une galerie.

Enfin le troisième niveau est le niveau "Musée". Tout cela semble parfaitement cohérent.

Photo David Alan Harvey - Honduras

À suivre

J'ai encore une quantité invraisemblable d'enseignements à partager de David Alan Harvey, j'écrirai probablement la suite. En attendant, je me replonge dans ses livres, et je vous invite à en faire autant.

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Inspiration Inspiration

5 photographes inspirants pendant le confinement

J'ai cru pendant plusieurs semaines que tout allait revenir à la normale, je ne voulais pas voir que la situation actuelle allait durer. Puisque j'écrivais essentiellement sur la photographie de rue en ce moment, j'ai arrêté net d'écrire. Et puis j'étais occupé entre mes affaires personnelles qui ont pris un coup d'arrêt brutal, ma vie familiale qui a pris une place dominante dans les quelques heures que nous avons chaque jour, enfin avec les formations en direct et le programme l'Étincelle qui me prenait le reste jusqu'à son lancement.

Mais la photographie n'est pas sortie de ma vie, au contraire. Jamais je n'arrêterai, j'irai au bout en continuant à déclencher parce que j'aime trop voir, chercher, composer, raconter. Alors oui, ma famille a une place très importante dans les clichés que je sors, mais c'est très bien comme ça.

Ainsi donc voici 5 photographes que j'ai trouvé particulièrement inspirants pendant le confinement. Il semblerait que le sujet soit plutôt au déconfinement en France, mais je suis à peu près certain que nous passerons encore beaucoup de temps chez nous dans les mois à venir, ça ne peut être qu'utile. Je n'ai pas suivi toutes ces photographes dans leur démarche, mais j'ai trouvé tous ces projets ou clichés très inspirants, et quand j'ai produit quelques photos en pensant à eux je les partagerai également.

1. Elliott Erwitt

Le photographe légendaire New Yorkais Elliott Erwitt est connu pour sa photographie de rue, mais il a également publié quantité de photographies de sa famille, prises chez lui. Elles sont d'une douceur étonnante, tellement intimes en en même temps avec une pudeur bouleversante. Elliott Erwitt me pousse à prendre mon appareil aussi souvent que possible quand mon fils se réveille.

Photo Elliott Erwitt - Magnum

Photo Elliott Erwitt - Magnum. New York City. 1950.

Nous avons en commun avec Elliott d'avoir des chats à la maison, ce qui rend les sujets faciles à trouver :)

Photo Genaro Bardy

2. Martin Argyroglo

En référence à la Tentative d'épuisement d'un lieu Parisien de Georges Pérec, le photographe Martin Argyroglo photographie au jour le jour la place des fêtes du 19ème arrondissement de Paris. Il en produit beaucoup d'autres, allez voir son travail sur son site.

Photo Martin Argyroglo

Photo Martin Argyroglo

Photo Martin Argyroglo

Vivant au 14ème étage d'un immeuble, je me suis prêté également à l'exercice, mais je dois reconnaître avec moins de régularité.

Photo Genaro Bardy

Photo Genaro Bardy

Photo Genaro Bardy

3. Daido Moriyama

Le photographe originaire d'Osaka est souvent présenté comme le "Pape de la photographie de rue Japonaise". Il est notamment connu pour s'approcher plus que de raison de ses sujets, on pourrait dire qu'il pratique une sorte de "Macro urbaine", où les signes et symboles abstraits se mélangent à des affiches ou mots trouvés dans son quotidien.

Photo Daido Moriyama

Photo Daido Moriyama

Photo Daido Moriyama

Sans aller dans son côté brutal, je trouve intéressant de m'approcher et d'essayer de voir des formes à des distances nouvelles. Daido Moriyama a participé au développement du Ricoh GR que j'utilise aussi dans mon quotidien, avoir une optique macro a ouvert de nouvelles perspectives dans ma photographie.

Photo Genaro Bardy

Photo Genaro Bardy

Photo Genaro Bardy

4. Richie Lema

Les portraits de Richie Lema sont drôles, originaux, percutants. Je ne me lasse pas de me replonger dans les films dont il s'inspire et qu'il utilise pour ses auto-portraits... dans sa baignoire !!!

Ce projet est fascinant, fabuleux. Je serais bien incapable de m'inspirer de son travail, mais l'idée est remarquable et parfaitement exécutée, ça peut orienter les amateurs de portraits sur de nouvelles pistes.

https://www.instagram.com/p/B_fATOIIB6J/

https://www.instagram.com/p/B-UX_7yIEB9/

https://www.instagram.com/p/B-ezSm_o-iH/

https://www.instagram.com/p/B-rxTA8ITPj/

5. Erin Sullivan

Enfin terminons cette série d'inspirations par Erin Sullivan, photographe de voyages qui a décidé de mettre en scène son intérieur et de minuscules figurine pour reproduire des ambiances d'exploration et de grands espaces. Le résultat est spectaculaire, quel boulot !

https://www.instagram.com/p/B_AdfZppAE1/

https://www.instagram.com/p/B-uo3H4poLg/

https://www.instagram.com/p/B-YH5vIJl7R/

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