La distance en photographie - par Todd Hido
Je prends enfin le temps d'ouvrir le livre de Todd Hido : On Landscapes, Interiors, and the Nude - ce livre est plein d'enseignements et je découvre Todd Hido comme professeur de photographies. Je dois vous dire, je ne connaissais que peu le travail de Todd Hido au delà de son premier livre House Hunting. Todd Hido est aussi professeur au California College of the Arts et ses enseignements sont remarquables.
En introduction, Todd Hido détaille le procédé qui amenait au choix de la couverture de son premier livre. Ce texte est passionnant car il est accompagné de la planche-contact et du choix de la photo en question. Todd Hido y parle de position et de distance en photographie, qui sont bien sûrs chargées de sens.
Emmet Gowin me dit un jour : "la photographie est à propos de la position". J'utilise beaucoup cette perspective diagonale. Il y a un point de fuite ou un coin. En fait, je crois que dans mon livre il n'y a qu'une seule photo qui soit prise en face comme le ferait Walker Evans. Quand on photographie un espace, c'est utile d'avoir une perspective pour faire entrer le spectateur dans la photo. La ligne diagonale crée de la profondeur, et la profondeur fonctionne souvent pour décrire un environnement. En quelque sorte, les lignes diagonales étendent votre photographie vers l'infini.
Todd Hido dans On Landscapes, Interiors, and the Nude
Photo Todd Hiddo - Couverture de
La planche contact de Todd Hido - dans
Photo Todd Hiddo -
Certains décrivent mon travail comme celui d'un "voyeur". L'endroit où je me place avec mon appareil donne cette impression de voyeur. Je suis suffisamment en retrait pour que nous (le spectateur et moi) soyons à une distance respectable de la maison. Peut-être que nous ne sommes pas trop près parce que nous ne sommes pas supposés être là.
J'ai toujours utilisé cette distance étrange qui dit : "Je ne suis pas d'ici." Les spectateurs ressentent cette distance et deviennent plus conscients de ma présence comme photographe/voyeur. Je les place dans la même position - une position qui encourage un certain type de regard.
En deux paragraphes, Todd Hido montre et démontre l'importance de la position en photographie. Au moment de la prise de vue, la photographie est avant tout un exercice physique, le moindre déplacement transforme une composition. Cette planche contact est limpide, tous les plans sont acceptables, mais pour Todd Hido une seule est parfaite avec les diagonales qui donnent de la profondeur et un point de vue particulier.
Todd Hido explique également l'importance du spectateur dans l'édition de photos. On choisit des photos en les analysant pleinement, en pensant au moindre détail, jusqu'à ce que signifie la distance et comment elle influence le sentiment du spectateur. Une grande rigueur dans l'édition est nécessaire, cela demande un travail conséquent. Todd Hido est réputé pour être un bourreau de travail, pour atteindre un niveau remarquable pour chacune de ses photos.
House Hunting ne contient que 26 photos en 56 pages... Mais comme il le dit si bien : "All Killers, No Fillers" (trad. : Que des tueurs, pas de remplissage).
Mali, Fleuve Niger - De Mopti à Tombouctou
L'ethnie Bozo est un peuple semi-nomade Mandingue vivant principalement au Mali et au Niger, le long du fleuve Niger et de son affluent le Bani. Avant tout pêcheurs, ils sont considérés comme « les maîtres du fleuve ». Ce sont eux qui opèrent une grande partie des pirogues ou pinasses au Mali.La remontée du fleuve Niger entre Mopti et Tombouctou sur une pirogue collective prend 3 jours et 3 nuits au mois de mars. Le niveau du fleuve Niger est bas et la pirogue s'ensable fréquemment. Pour la désensabler, les opérateurs de la pirogue descendent du bateau et sondent le fond avec de grands batons, cela peut prendre des heures.Sur ce trajet comme certainement sur beaucoup d'autres, femmes et enfants sont installés à l'arrière près du moteur. Les hommes eux sont positionnés à l'avant de la pirogue, plus confortable.Les pirogues sont utilisées comme transports publics par les populations vivant dans des villages au bord du fleuve, où les bus publics ne se rendent pas. Elles sont également chargées à ras bord de sacs de mil ou de riz. Les transporteurs rentabilisent ainsi au maximum chaque déplacement.Accédez à toutes les photos à cette adresse : cliquez ici.