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7 Leçons sur la photographie avec David Alan Harvey

David Alan Harvey est le photographe qui m'a bouleversé ces six derniers mois, dans un premier temps avec ses photographies, notamment les deux livres que je me suis procurés : « Based on a True Story » et « Cuba » . Il m'a ensuite amené à réfléchir profondément sur ma photographie, avec les différentes interviews et interventions que j'ai pu découvrir.

Pour différentes raisons, David Alan Harvey est devenu ma principale source d'inspiration dans ma photographie. Peut être parce qu'il a travaillé là où je vis ? Surtout parce que sa philosophie et ses photos sont parfaitement alignées avec ce que je souhaite produire et ma manière de vivre.

Qui est David Alan Harvey ?

David Alan Harvey a commencé la photographie très jeune. Son premier projet consistait simplement à documenter sa famille, alors qu'il avait 12 ans. Son premier livre photo était en noir et blanc avec des photos de sa famille et de leurs principaux événements du quotidien. Il dit appliquer toujours les mêmes principes dans ses livres photo depuis.

Son livre suivant et son premier ouvrage publié s'intitule « Tell it like it is » dans lequel il a décidé de passer du temps avec une famille afro-américaine dans un ghetto en Virginie. Pendant un été entier, il est resté avec eux, a vécu avec eux, est allé à l'école avec les enfants et a documenté leur vie. Il avait la volonté de changer la société par son travail - il a vendu les exemplaires de son livre pour collecter des fonds pour l'église afro-américaine locale de cette communauté.

Il a commencé à travailler avec National Geographic et est devenu un des photographes majeurs de la publication, travaillant à travers le monde. Il a enfin rejoint la prestigieuse agence Magnum en 1993, confirmant sa place parmi les plus grands photographes contemporains.

Il a publié de nombreux ouvrages, notamment son livre «Divided Soul» qui documente plus de 20 ans de photographies dans le monde entier.

Je voulais écrire cet article pour partager ce que j'ai appris de David Alan Harvey en photographie. Voici les 7 principaux enseignements.

Photo David Alan Harvey - Rio de Janeiro

Tout sujet est politique

David Alan Harvey a travaillé sur des zones de conflit, mais il n'est pas spécialement reconnu pour ses "photos de guerre". Il parle notamment de son expérience au Honduras, où il déambulait dans la capitale, sans chercher particulièrement le front, il cherchait plutôt à documenter le quotidien des habitants de la ville.

J'aime particulièrement sa vision de la photographie de rue, qui est pour lui un message sociologique sur son époque et sur les modes de vie. Sans chercher forcément une justification pour la photographie de rue que j'aime déjà tellement, cette pratique est fascinante pour ce qu'elle permet de faire émerger. La photographie de rue est une expérience sociologique, même si vous ne publiez pas vos photos.

Photo David Alan Harvey - Mexico

Copier les plus grands

Pour atteindre la maîtrise en photographie, ou dans n'importe quel domaine d'ailleurs, vous aurez besoin de beaucoup de travail, mais également de trouver un ou des mentors. Il n'existe pas d'expert mondial, quelque soit sa spécialité, qui ne se soit trouvé à progresser au contact des maîtres qui l'ont précédé.

La beauté de la photographie est que vous n'avez même pas besoin de côtoyer ou fréquenter vos mentors pour qu'ils puissent vous inspirer. Vous pouvez photographier comme eux, penser comme eux, travailler comme eux, uniquement en observant leurs photos dans leurs livres ou maintenant sur les internets.

David Alan Harvey cite ses références et inspirations de son début de carrière, ils sont très connus : Henri Cartier Bresson et Robert Franck. Deux monuments de la photographie de rue dont les livres à la sauvette et The Americans ont inspiré des milliers de photographes après eux.

David Alan Harvey dit qu'il a essayé de copier ces photographes pendant un moment, avant d'évoluer notamment vers la photographie couleur dont il est devenu l'un des meilleurs représentants. Il se distingue également d'Henri Cartier-Bresson qui était réputé pour être distant avec ses sujets. David a toujours essayé de s'insérer dans la vie des gens, d'aller plus loin et de passer du temps avec eux.

Photo David Alan Harvey - Honduras

Un appareil, un objectif

C'est le seul conseil un peu technique que recommande David Alan Harvey : un appareil, un objectif. Et les garder toujours avec soi. Cela permet notamment d'être rapide et ne rien louper, on ne sait jamais quand une photo intéressante sera là devant soi.

Je ne travaille plus qu'en focale fixe depuis quelques années, mes zooms étant exclusivement réservés à des commandes très spécifiques en architecture ou sur un événement. J'ai encore tendance à jongler entre les focales 28mm et 40mm. Mais je crois que je vais céder dès que je peux sortir de chez moi (je vis au Brésil si vous êtes nouveaux sur ce blog), et me procurer le 35mm dont je rêve pour mon Sony A7.

Sur mon Ricoh GRII, je bascule fréquemment sur la focale 35mm, le 28mm est trop large pour moi quand je ne suis pas dans les rues de New-York.

Commencer en bas de chez soi

David Alan Harvey répète cela à l'envie : vous n'avez pas besoin de prendre l'avion pour prendre de grandes photos. Je suis totalement en phase avec ce principe, la photographie doit d'abord documenter votre vie, pas besoin de s'en inventer une.

Restez à la maison et regardez dans le miroir.

David Alan Harvey

Commencez par photographier dans votre jardin, dans votre arrière-cour, dans la rue en bas de chez vous. Si vous n'arrivez pas à prendre de grandes photos en bas de chez vous, un avion et un pays exotique n'y changeront rien.

David Alan Harvey dit ainsi : "Restez à la maison et regardez dans le miroir". La photographie est aussi un outil d'introspection. Pour lui, en photographie on est témoin d'une scène mais aussi totalement connecté à ce qui se passe devant soi.

Toute photographie est un peu auto-biographique. Sinon pourquoi l'aurions-nous prise ou choisie ?

Photo David Alan Harvey

Le plus intelligent dans la pièce

Lorsque David Alan Harvey parle de son travail pour ce qui est probablement le plus prestigieux des magazines au monde, National Geographic, il raconte avoir été envoyé pour des courtes durées dans des pays dont il ne connaissait rien.

Comment produire une série photographique de haute volée en 15 jours quand on découvre un endroit ? David Alan Harvey mettait un point d'honneur à mieux connaître le sujet ou le lieu sur lequel il photographiait que le journaliste avec qui il travaillait, que l'éditeur qui sélectionnait les photos et les photographes, ou que le rédacteur en chef qui donnait les missions. Il lisait tout ce qu'il pouvait trouver, devenait incollable.

Puis, arrivé à destination, David Alan Harvey explique que pour aller plus loin dans la vie de ceux qu'ils croisaient, il s'inventait une vie sur place. Il se comportait comme s'il était là depuis des années, se faisait des amis, une vie sociale. Cette vie inventée mais bien réelle le temps de son travail l'occupait entièrement, du petit matin jusque tard dans la nuit.

Ses photographies sont les meilleurs témoins de cette méthode radicale.

Photo David Alan Harvey

Comment percer comme photographe professionnel

Voilà probablement le conseil le plus simple et époustouflant que j'ai jamais reçu. Pour percer comme photographe professionnel, il suffit de se donner à soi-même la commande dont on rêve.

Ce conseil me renvoie à la déception qui m'affligeait quand j'ai reçu une réponse négative pour un projet ici à Salvador. Le projet était parfait, passionnant, fait pour moi. C'est décidé, quand je sors de confinement, je m'y colle.

Photo David Alan Harvey

Les niveaux en photographie

David Alan Harvey évoque les différents niveaux de qualité en photographie professionnelle. Là encore, c'est aussi simple que percutant.

Le premier niveau est le niveau "Magazine". Ouvrez le magazine pour qui vous rêveriez de travailler, et demandez-vous objectivement si vous avez le niveau pour leur proposer des photos. L'effet Dunning Kruger qui accentue la sur-confiance des photographes marche certainement au maximum ici, mais si l'on reste lucide on peut s'étalonner.

Le deuxième niveau dont parle David Alan Harvey est le niveau "Livre" ou "Exposition". Nous parlons ici du livre travaillé avec un éditeur ou d'une exposition montée avec une galerie.

Enfin le troisième niveau est le niveau "Musée". Tout cela semble parfaitement cohérent.

Photo David Alan Harvey - Honduras

À suivre

J'ai encore une quantité invraisemblable d'enseignements à partager de David Alan Harvey, j'écrirai probablement la suite. En attendant, je me replonge dans ses livres, et je vous invite à en faire autant.

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Martin Parr et les 100 Livres

Est-ce que la vie d'après, ce sera des conversations sur HouseParty et des lives sur Instagram ? En tout cas le pendant en est bien rempli. Parmi les millions de conversations à domicile qui pullulent sur Youtube, je vous invite à observer les échanges entre photographes de l'agence Magnum. Le principe est simple, deux photographes de l'agence tirés au hasard se posent trois questions.

Le hasard est bien fait, il a réuni Martin Parr et David Alan Harvey, deux monuments de la photographie contemporaine.

https://www.youtube.com/watch?v=Lf_XAfZhn_o
Martin Parr vs David Alan Harvey

Voici ce que j'ai appris sur Martin Parr qui m'a surpris ou émerveillé :

Martin Parr a publié 110 livres

110 livres ! Martin Parr travaille sur deux nouveaux ouvrages en ce moment, sa production prolifique n'est pas près de s'arrêter. Probablement que personne au monde n'a toute la collection, à part un musée anglais vigilant.

Je me souviens m'être procuré The Last Resort à la MEP, il est malheureusement laissé derrière moi lors de mon installation au Brésil. C'est un livre que je trouve toujours extra-ordinaire, tellement simple et magique dans le message social qu'il porte.

Martin Parr rappelle ici que le livre est le meilleur véhicule pour la photographie. C'est une certitude, si nous ne travaillons pas sur un livre actuellement, nous passons certainement à côté de l'objectif majeur du photographe.

Allez, juste pour me motiver : à raison de deux livres par an, il me faudrait encore 53 ans pour rejoindre cette production. Franchement avec les progrès de la médecine, c'est jouable.

Martin Parr était enseignant avant de rejoindre Magnum

Je ne vais pas vous mentir, c'est l'information qui m'a le plus marqué dans cette discussion. Avant de rejoindre Magnum et de pouvoir exercer son regard dans les shootings les plus prestigieux, Martin Parr nous apprend que sa principale source de revenu était l'éducation à la photographie.

Parmi ses enseignements, l'exercice à Cuba pendant le Workshop de David Alan Harvey est savoureux :

"Pas de voitures américaines, et pas de jolies filles".

Martin Parr

Depuis que je suis au Brésil, l'éducation est devenue dominante dans ma vie. Pour mon plus grand bonheur, travailler sur des contenus et exercices pédagogiques a certainement fait de moi un meilleur photographe. Mais j'ai toujours dans un coin de ma tête que peut être l'enseignement se mettrait en travers de ma pratique.

Bien sûr que non, on peut être un bon photographe et un bon professeur, en tout cas j'essaye de le devenir. Ce que j'ai vraiment perdu dans la transition, ce sont des commandes commerciales ou institutionnelles. Et je travaille certainement plus sur des projets personnels maintenant.

Collectionné et Colectionneur

Non seulement Martin Parr est extrêmement prolifique, collectionné par les plus grandes institutions, mais il collectionne lui-même les livres photo. Il en a eu de toutes sortes et de tous les genres, ses livres sur l'histoire du livre photo sont remarquables.

On apprend dans cette interview qu'il a vendu sa collection de plus de 13 000 livres au Tate Museum, ce qui lui a permis de recueillir les fonds pour la Fondation Martin Parr.

Je suis rassuré, mon obsession pour les livres photo peut avoir une fin, un jour :)

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Pour conclure, je tiens également à vous renvoyer vers le travail fabuleux de David Alan Harvey, un des photographes que j'admire le plus. Vous pouvez aussi explorer Burn Magazine (en Anglais), qu'il dirige.

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