Le conte de la cage vide

Un homme s’était vu lancer un pari par un ami : « Si tu accroches aujourd’hui chez toi une cage vide, tu peux être sûr que, dans quelques jours, tu te retrouveras à t’occuper d’un oiseau. » Ce à quoi il avait répondu : « Comment serait-ce possible ? Il n’y a aucun lien de cause à effet entre accrocher une cage vide et s’occuper d’un oiseau. » Son ami répliqua : « Je lance le pari. Accroche la cage, et on verra bien. » L’homme le prit au mot et accrocha une cage vide dans sa maison.

Peu de temps après, il reçut un visiteur qui, apercevant la cage, lui demanda : « Où est passé ton oiseau ? Il est mort ? Il s’est enfui ? C’était quoi comme oiseau ? Je peux t’en offrir un autre si tu veux. » L’homme tenta de lui expliquer toute l’affaire. Le lendemain, il reçut un nouveau visiteur : « Tu gardes une cage vide comme ça ? Tu dois être bien triste ! Il est mort quand, ton oiseau ? Ne serait-ce pas que tu ne sais pas t’y prendre avec les oiseaux ? Je t’achèterai un livre qui explique comment s’en occuper, ça te sera très utile. » Le troisième jour passa un nouveau visiteur. Celui-là tenait un oiseau entre ses mains. Il dit : « Tout le monde a vu que ta cage était vide. Comme c’est dommage que ton oiseau soit mort ! Je t’offre cet oiseau et aussi des graines pour le nourrir. Et puis je vais t’expliquer comment tu dois t’en occuper. »

Un oiseau, des graines, un livre : l’homme commençait à trouver la situation bien lourde. Et ce n’était pas fini. La semaine n’était pas terminée qu’il déclara : « J’abandonne. Je prends un oiseau. Comme ça, ça m’évitera de me voir demander à longueur de journée où est passé mon oiseau. » Et c’est ainsi que la cage vide se trouva un nouvel occupant.

Si je suis devenu photographe, c’est parce que j’ai commencé à avoir un appareil photo avec moi tous les jours, tout le temps. Mon appareil photo est devenu ma cage vide.

Être photographe, ce n'est pas forcément photographier tout le temps, mais c'est pouvoir photographier constamment. Votre photographie commence autour de vous, où que vous soyez, peut-être en bas de chez vous. Je ne saurai trop vous recommander d'explorer votre quartier, de sortir de chez vous juste pour photographier. Ce peut être vos amis, votre famille, vos connaissances, vos rencontres, je ne connais pas de petite histoire qui ne soit intéressante à photographier.

En vous donnant toujours un possible, vous pratiquerez plus votre composition, vous approfondirez vos histoires, vous vous poserez peut-être plus souvent la question d'Henri Cartier Bresson, celle que se posera celui qui regardera vos photos : "de quoi s'agit-il ?".

Avoir un appareil photo en permanence sur soi est une contrainte, mais c'est aussi une liberté : la liberté de toujours pouvoir être créatif. Et je ne vois rien de plus merveilleux.

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Nota Bene : un téléphone est aujourd'hui un appareil photo. Disons que je ne considère ce conseil valable pour votre téléphone que si vous vous en servez effectivement pour pratiquer votre photographie quotidiennement :)

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