5 leçons de photographie avec Alec Soth
Alec Soth (né en 1969 à Minneapolis, Minnesota) est un photographe américain. Alec Soth est avant tout un artiste, ses travaux sont représentés par la Gagosian gallery à New York et la Weinstein Gallery à Minneapolis, il est membre de l’agence Magnum depuis 2004. Je suis heureux de vous donner aujourd’hui un aperçu de son travail en présentant des travaux assez différents, en regard de commentaires sur la pratique de la photographie qu’Alec Soth a pu proposé dans des interviews.
Son livre Niagara tremble encore sur mon étagère du choc émotionnel que j’ai reçu en tournant ses pages, c’est avec une infinie admiration et humilité que je vous propose aujourd’hui 5 leçons de photographie avec Alec Soth.
La photographie inspire la curiosité
la photographie vise avant tout à attiser notre curiosité, à nous inspirer, plus qu’à assouvir notre besoin de tout comprendre, de tout savoir. La photographie immortalise un instant, un lieu, l’expression d’un visage, mais l’interprétation d’un cliché sera différente pour chacun. Composée d’une série d’indices, la photographie est là pour laisser libre cours à notre imagination ou initier le début d’une enquête. Une photographie réussie est inspirante parce qu’lle donne envie d’en savoir plus.
La photographie offre un point de vue unique et différent
Une photo n’est pas simplement quelque chose que l’on regarde en tant que témoin ou spectateur. Sans qu’un jugement soit nécessaire, une photographie est aussi un point de vue, une “manière de voir” le monde ou des personnages. La photographie nous invite à éprouver de l’empathie, à remettre les choses en question, à explorer et à comprendre ceux qui acceptent de nous laisser prendre une photo. Les portraits que vous pourrez réaliser seront toujours un reflet de la relation que vous pourrez établir avec vos sujets, ainsi la pratique du portrait ne peut se faire qu’avec ouverture d’esprit et compassion.
La photographie est proche de la poésie
La photographie, selon Alec Soth, est un acte de poésie. La poésie laisse place à l’imagination, à la créativité, alors que dans un roman le chemin est tout tracé. La photographie suggère, pousse à l’interrogation, à la remise en question et à l’ouverture d’esprit. Ce qui compte est autant ce qui est montré dans le cadre que ce qui en est exclu. Enfin, une poésie transporte, nous emmène dans des sensations nouvelles ou étrangères, uniquement par l’esthétique formelle de sa contruction.
La créativité est la clé de la réussite
La photographie ne doit pas se fermer dans une pratique en n’essayant rien de nouveau. Je me suis longtemps défini comme un photographe limace, qui laisse sa bave partout. Comment savoir si une pratique vous plaît si vous ne vous sentez pas légitime pour l’approcher ? Explorer les genres photographiques, des projets radicalement différents ou des clients dans des domaines opposés a toujours excité ma curiosité. Je ne veux pas seulement pratiquer la photographie, je veux faire rentrer la photographie dans ma vie, et pourquoi pas toutes les photographies, avant de choisir ce que je pourrai en faire.
L’authenticité pour se différencier
Rester simple. Authentique. Être ou devenir soi-même. Tout simplement. Se différencier, être unique, être naturel, entrer dans le processus avec envie, détermination, sans penser au résultat mais en prenant plaisir au procédé lui-même. N’essayez pas d’atteindre un autre objectif que celui de prendre du plaisir à la photographie qui se présente à vous maintenant.
Les livres qui m'ont marqué cette année
J'aurais probablement dû vous parler de ces livres en fin d'année dernière, pour le petit bilan classique. Mais puisque je crois que ces livres sont absolument intemporels, je préfère vous dire que je les ai lu l'année dernière et ne pas dater le titre de cet article.
Je ne vous proposerai qu'un seul livre photo, et encore, pas celui qui m'a le plus marqué par sa qualité. Le problème auquel je suis confronté est que je ne souhaite pas faire la promotion du travail d'un photographe au comportement absolument détestable, quelque soit la qualité de ses productions. Pour mieux comprendre, je vous invite à lire cet article si l'anglais ne vous rebute pas. Le photographe n'a pas été condamné, mais je ne peux promouvoir son travail à la lumière de ces informations.
Ceci étant expliqué, je vous propose de trouver un autre livre photo d'un photographe remarquable : Niagara d'Alec Soth. Les deux autres livres que je vous propose ici ont alimenté ma réflexion sur la photographie, que ce soit sur la pratique ou sur la réflexion fondamentale sur ce qu'est une image et ce qu'elle représente pour ses spectateurs.
Niagara d'Alec Soth
Le talent d'Alec Soth dans la narration avec ses images m'a captivé dès les premières pages. Je pensais feuilleter rapidement Niagara quand j'ai reçu le paquet, j'ai relevé le nez une heure après, captivé par ses images et les histoires racontées.
Les chutes du Niagara sont un des lieux les plus visités et probablement les plus photographiés au monde, Alec Soth a choisi de prendre un angle étonnant sur ce lieu. Il raconte l'histoire de couples qui se font et se défont dans les Motels de la région. Que ce soit dans les ambiances, les portraits stupéfiants ou les détails choisis, toutes les images d'Alec Soth étaient pour moi extraordinaires.
Je retiendrai notamment le tirage d'une des photos qui est inclut dans le livre, et les photos des lettres d'amour ou de haine que s'échangèrent un couple photographié par l'auteur. La profondeur du travail accompli est extraordinaire, je ne connaissais que trop peu Alec Soth, j'ai décidé de me procurer tous ses livres.
Vous pouvez l'acheter les yeux fermés.
La couverture du livre
Photo Alec Soth
Photo Alec Soth
Photo Alec Soth
Photo Alec Soth
Ways of Seeing de John Berger
La version Française de ce livre s'appelle "Voir le Voir", mais je lis toujours en version originale quand j'en ai la possibilité.
Ways of Seeing de John Berger contient sept essais, 4 écrits et 3 exclusivement visuels. Ils correspondent au travail pour une émission de télévision diffusée en 1971 pour la BBC qui avait rencontré un franc succès. Le sujet n'est pas spécifiquement la photographie mais plutôt notre rapport à l'image, que ce soit dans l'explication de l'élitisme des œuvres d'art ou peintures classiques ou dans notre surexposition aux publicités et à la représentation de la femme dans les médias.
Le premier essai du livre est un choc. La réflexion fondamentale décrit parfaitement notre rapport à l'image. Pour les photographes que nous sommes, John Berger explique notamment pourquoi chaque image contient également l'histoire de son auteur. C'est fascinant.
À tel point que je souhaite vous en proposer une traduction de deux pages du premier essai pour vous convaincre de vous le procurer.
Cliquez ici pour vous le procurer en Français.
Zen in the Art of Archery d'Eugen Herrigel
Le dernier livre que je vous propose n'a carrément aucun rapport avec la photographie. Ce livre m'a marqué parce que je crois que les principes qui y sont décrits peuvent s'appliquer à toute pratique, que ce soit du tir à l'arc donc, mais aussi toute autre pratique sportive ou artisanale.
Ce livre m'a fait avancer à titre personnel, et si je dois parler de photographie, je crois qu'il a fait de moi un meilleur professeur. Dans mes formations et ateliers, j'essaye de concevoir les meilleurs contenus et de trouver les meilleures méthodes pédagogiques pour faire progresser les participants.
La philosophie Zen Japonaise n'était pas instinctivement la première ressource vers laquelle je me serais tourné, et pourtant je crois que les principes expliqués ici sont tout à fait adaptables à la pratique de la photographie.