Les rêves adolescents
Je suis tombé dans la photo par hasard.
Que fait-on de ses rêves d'adolescent ? On les avale, on les vomit. On les ravale, et on oublie.
À 20 ans, je suis sur le point d'être diplômé d'une école de commerce que j'ai choisie pour être avec mes amis. Stage de fin d'études, marketing, réunions, stratégies pour des hôtels du groupe Accor. Et le week-end, je ne rêve que d'une chose : à la prochaine rentrée scolaire, je suis inscrit en 1ere année de Cinéma à Paris 8. Je vais être cinéaste.
Pourquoi nous pousse-t-on à poursuivre des études ? Pour assurer nos arrières. "Au cas où". Mais je ne veux pas assurer mes arrières. Si je tombe, je veux tomber en avant, la tête la première.
Ça a fait splash. Traumatismes de l'enfance, trop de drogues, dépression, thérapie. Mon derrière dans le canapé, une télécommande à la main.
À 25 ans, j'ai faim. Et pour payer les pâtes il faut bosser. Alors je commence par ceux qui prennent tout le monde : porte à porte dans des pavillons de banlieue pour vendre des alarmes. Toujours pauvre et en surpoids, mais au moins je suis bronzé.
De sauts de puces en CDI, j'atterris commercial pour un studio de... photographes. C'est là que j'ai pris le virus, hein ? Elle est bientôt finie cette histoire ? Nada. Rien. Je vendais des shootings, mais j'ai jamais touché un boîtier. En revanche, ça m'a servit plus tard, pour devenir professionnel.
Mon premier appareil photo m'était offert par les collègues d'EuroRSCG, alors que je m'étais fait lourdé avec une violence extrême. Pas la faute à Havas, mais à ma boss qui n'avait que moi pour passer ses nerfs et son incompétence. Les copains d'Euro, je vous ai pour toujours dans mon cœur.
Avec mon chèque cadeau en main, je m'avance dans les allées de la FNAC des Ternes. Et là, devant moi... un Pentax K200. La liberté retrouvée. Et les rêves d'adolescents qui remontent à la surface. La suite, dans cette vidéo :
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