Comment choisir les bonnes photos

Avec le temps, ma sélection de photos est en train d'évoluer. Pendant mes premières années de photographie professionnelle, je dirais qu'un bon 80% de mes choix de photos, à la prise de vue comme à l'édition, correspondait à ce que je pensais ou croyais être "les bonnes photos". Je photographiais pour mes clients plus que pour moi. Je laissais la commande ou ce que j'imaginais être les photos qui fonctionnaient prendre le dessus sur mon envie, mon intuition, ma volonté créative. Je crois que je me suis perdu pendant quelques temps, en oubliant les premières photos qui m'ont donné envie de faire de la photo mon métier.

Je comprends maintenant que la liberté de voir est totale, absolue, infinie. Je suis le seul à me mettre ces barrières, alors que je sais au fond quelles photos je voudrais voir, quelles photos je voudrais choisir de prendre ou choisir de montrer. Certaines photos rejetées sont toujours là, je peux toujours retourner les voir et recommencer ma sélection.

Laissez le temps faire son oeuvre

La plus importante des méthodes de sélection des photos est de laisser du temps entre la prise de vue et l'édition. Nous avons tous des photos à envoyer vite, pour un client, un ami ou la famille, mais pour celles qui sont les plus importantes, je vous propose l'exercice : laissez passer une semaine, pourquoi pas un mois, avant de commencer à éditer les photos.

Vous aurez un oeil neuf, frais, détaché de l'émotion de la prise de vue. Vous expérimenterez aussi le plaisir incomparable de redécouvrir des instants que vous aurez oublié.

Underdogs - New York

Collectionnez les outsiders

Pour chaque projet, pour chaque voyage, je crée une collection de photos qui ont peu de chances de passer la sélection ou d'être publiées, mais pour lesquelles j'ai de l'affection. J'oublie toute règle ou convention, tous les principes de composition ou d'exposition. Ce sont simplement les images que j'aime. Elles sont toujours classées par thématique, par projet ou événement, mais elles sont à côté. Les outsiders. Les underdogs.

Souvenez-vous qu'en sport on aura toujours tendance à vouloir que le petit poucet gagne. Les belles victoires sont gagnées par ceux qui n'avaient aucune chance. Et puis quand vous en aurez suffisamment dans cette collection, posez vous la question : et si je devais publier uniquement les outsiders, ça donnerait quoi ? Si vous deviez choisir les meilleures des "pas assez bonnes", est-ce que vous pourriez encore raconter cette histoire ? Parfois oui. Et quand ça marche... c'est une belle victoire.

Underdogs - Paris

Commencez plus de projets que vous ne pourrez jamais publier

Les meilleurs projets photographiques devraient finir dans un livre, une exposition, un film... un ensemble cohérent qui devient plus que la somme de ses photos.

Pour trouver les projets qui vous parlent, qui vous font avancer, qui vous prennent au tripes, ça ne viendra pas du premier coup. On ne commence pas par écrire un roman du premier coup. On commence par la grammaire et le vocabulaire, la syntaxe et une rédaction. Puis une nouvelle, des dialogues, et enfin une histoire. Est-ce que la première histoire est la bonne ? On peut avoir cette impression parce que c'est un aboutissement, la somme de travail en amont est vertigineuse. En réalité créer un projet est une démarche en elle-même que je vous conseille de pratiquer également. Faites des erreurs, écrivez plus d'idées de projets que vous ne pourrez jamais en réaliser.

Travailler sur un projet photographique est un travail d'auteur. Multipliez les projets, commencez par voir des similitudes dans des photos qui n'ont rien à voir, cherchez des histoires à raconter dans les photos que vous avez déjà. Et commencez à assembler des collections de photos sur une intuition, sur une intention créative similaire, écrivez tous les titres de projets que vous pourrez imaginez.

De temps en temps vous aurez un projet que vous ne pourrez plus lâcher, parce qu'il vous parle ou parle de vous. Aussi parce que vous en aurez raté ou abandonné des dizaines avant.

  • My Soul so Cool from the Bath of Light

  • My Soul so Cool from the Bath of Light

  • Horizons New York

  • Horizons Paris

2 projets commencés, un seul ira au bout

Passez en miniatures

Les photos fortes sont toujours fortes quand elles sont toutes petites. Sur votre logiciel d'édition, affichez votre shooting en miniature et identifiez les meilleures très rapidement en regardant l'ensemble de loin. Cela ne vous dispense pas d'un vrai travail d'édition. Mais vous verrez parfois des photos que vous avez laissé de côté pour de mauvaises raisons.

Cette méthode fonctionne également avec une collection de photos dont le volume est trop important, où vous avez peut être le sentiment qu'elles fonctionnent toutes. Effectuez un tri parmi une collection de photos que vous trouvez réussies et ne gardez que celles qui fonctionnent en miniature.

Les meilleures photos fonctionnent toujours en miniature

Séparez la couleur du noir et blanc

La couleur et le noir et blanc sont tout à fait compatibles. Mais je les crois tellement différents dans leur principe que je vous recommanderai de les séparer pour la sélection de photos. Le noir et blanc donne des sentiments radicaux. La couleur vous plongera dans des émotions tellement variées.

Les mélanger me semblerait être un voyage en montagnes russes, trop d'infos contradictoires, trop d'éléments dissemblables qui ne se répondent plus.

Personnellement sur un projet ou un événement, je commence par l'un des deux, généralement la couleur. Puis j'ai une deuxième phase d'édition avec un ensemble très large de photos, y compris certaines rejetées en couleur. Je les passe toutes en noir et blanc avec un pré-réglage et je recommence l'édition en noir et blanc. La sélection est très souvent différente, et ne partage pas les mêmes émotions ou informations.

Ma sélection finale sera parfois en noir et blanc, parfois en couleur, parfois les deux. Mais le travail d'édition je le réalise dans l'une puis l'autre.

Même salle, deux ambiances

Même photo, pas la même photo

Refusez de choisir deux photos similaires

Trop souvent sur des séries ou des événements j'ai tendances à choisir des photos qui se ressemblent dans les premières étapes. Tout simplement sur un moment précis magnifique ou un cadrage que l'on voit fonctionner on le répète pour essaye de l'améliorer. La photographie numérique nous permet cette recherche et ce perfectionnement, j'en profite souvent.

Mais au moment de la sélection finale, je refuse d'avoir deux photos similaires ou proches dans l'intention, l'idée ou l'information que les photos transmettent.

C'est parfois dur, parce que j'aime franchement plusieurs photos dans ces moments-là. Mais je me l'impose pour surtout éviter la monotonie qui peut venir si vite sur une série de photo. Et puis les rejetées à ce moment là, elles vont garnir mon dossier d'outsiders. Avec un peu de temps, elles referont peut être surface et gagneront le droit d'être publiées.

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9 techniques de composition en photographie de rue

Je voudrais vous dire qu'il n'y a pas de règles en composition, mais que l'on peut tout de même trouver quelques méthodes ou techniques qui fonctionnent bien et régulièrement. Ce ne sont pas des règles, mais des outils.

Votre objectif en photographie de rue doit être de constituer un "arsenal" de compositions avec lesquelles vous êtes à l'aise parce que vous les avez répétées des dizaines et des dizaines de fois. Vous pourrez ainsi les utiliser dans toutes les situations qui se présentent à vous en photographie.

Voici 9 techniques de composition en photographie de rue que je pratique régulièrement, toutes illustrées à New York ces derniers mois :

Cherchez les reflets

Quand il pleut à New York je sais que je vais trouver des reflets partout. Et si la drache est forte, j'ai des parapluies à disposition à toutes les sorties de métro pour 5$. La pluie est une bénédiction :)

Fonctionne aussi avec les miroirs, devantures en verre, tout ce que vous pouvez trouver vraiment.

Photo Genaro Bardy - New York, Nov 2019

Photo Genaro Bardy - New York, Nov 2019

Approchez vous autant que possible

Plus vous serez proche de votre sujet, plus la connexion et l'empathie par celui qui verra votre photo sera forte.

Si vous avez peur d'y aller, dites-vous que c'est tout à fait normal. Un photographe de rue compose avec cette peur, on s'y habitue mais elle ne part jamais vraiment.

Et si vous avez besoin de mes petits trucs pour vous approcher, c'est par ici.

Photo Genaro Bardy - New Yorkers, Nov 2019

Photo Genaro Bardy - La Ville Miraculeuse New York, 2018

Isolez votre sujet

Il peut parfois être difficile de n'avoir qu'un seul personnage sur sa photo dans une grande ville. Trouvez un cadre intéressant ou graphique et attendez qu'une seule personne passe dans votre cadre.

J'aurais pu aussi vous proposer l'exact inverse : attendez qu'il y ait plus de monde ;)

Photo Genaro Bardy - New York, Dec 2018

Photo Genaro Bardy - New York, Dec 2018

Changez de perspective

Mettez vous au sol et passez en "dogview". Levez votre appareil au dessus de votre tête à bout de bras. Inclinez votre appareil. Plongée, contre-plongée... Ne vous limitez pas aux photos droites et à hauteur d'yeux.

Photo Genaro Bardy - New Yorkers, Nov 2018

Photo Genaro Bardy - New Yorkers, Nov 2019

Photo Genaro Bardy - New York, Nov 2019

Proposez des portraits

La photographie de rue devrait être absolument naturelle, "non posée" ? Quel est l'imbécile qui a sorti ça ? Frick the rules. Pardon mais zut et flute.

Demandez des portraits à ceux que vous rencontrez et pratiquez dans des conditions difficiles. Demandez-vous comment améliorer vos cadrages, comment obtenir de meilleurs arrière-plans, comment vous servir de la lumière naturelle, comment être fidèle à la personne devant vous ?

Photo Genaro Bardy - New York, Nov 2016

Photo Genaro Bardy - New Yorkers, Sept 2018

Cherchez les contrastes

La photographie est littéralement de la "peinture avec la lumière". Si la lumière vous semble trop faible, c'est parfois bon signe. Cherchez des contrastes forts, ils sont toujours agréables à l'oeil.

Photo Genaro Bardy - New York, Nov 2019

Photo Genaro Bardy - New York, Nov 2019

Photo Genaro Bardy - New York, Nov 2019

Identifiez des lignes directrices

Les lignes vont guider le regard dans votre photo. Et les flèches seront suivies instinctivement.

Photo Genaro Bardy - New York, Avr 2019

Photo Genaro Bardy - New York, Nov 2019

Photo Genaro Bardy - New York, Nov 2019

Juxtaposez plusieurs cadres

Cherchez des "cadres dans le cadre", qui seraient délimités par des fenêtres, des portes, ou toute forme géométrique. Puis superposez plusieurs cadres dans une même photo.

Photo Genaro Bardy - New Yorkers, Nov 2019

Photo Genaro Bardy - New York, Nov 2018

A-MU-SEZ VOUS !

La première règle en photographie de rue est qu'il n'y a pas de règles. La composition est d'abord un instinct, avec une seule constante : utilisez l'intégralité de votre cadre. Ne vous limitez pas au centre de votre appareil, c'est finalement la seule règle que l'on devrait apprendre. Au delà de ce principe, la ville est un terrain de jeu. Amusez-vous !

Photo Genaro Bardy - New York, Nov 2019

Photo Genaro Bardy - New York, Nov 2019

Photo Genaro Bardy - New York, Nov 2019

Photo Genaro Bardy - New York, Nov 2019

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Commencez par ce qui vous intéresse

Si vous débutez en photographie de rue, il est légitime de se demander :

"Qu'est-ce que je vais bien pouvoir photographier ?"

Je vous propose de commencer par sortir de chez vous et d'aller dans le premier lieu public qui vous vient à l'esprit. Peut-être est-ce la gare qui vous emmène au travail, le parc où vous promenez votre enfant, votre chien ou les deux, un centre commercial où vous avez besoin de faire une course. Ce que je vous propose est d'intégrer la photographie de rue dans votre vie quotidienne.

Simplement prenez votre appareil photo et donnez-vous 15 minutes, pourquoi pas 30 minutes, et commencez à photographier TOUT ce qui vous intéresse. Un visage que vous trouvez intrigant, des mains qui se tiennent, de l'architecture nouvelle ou en construction, un détail au sol. Photographiez des publicités, des lettres, des mots, des signes, des formes géométriques. Et commencez à parler avec des inconnus. Posez leur des questions étonnantes ("qu'est-ce qui vous rend fier ?") ou toutes simples, engagez la conversation et faites des portraits. Prenez les emails et envoyez les photos.

N'ayez pas peur de déclencher, la photographie numérique permet le luxe de chercher constamment, prenez ce cadeau et faites en des photos anodines, infantiles, amusantes ou terrifiantes. Vous êtes seuls avec ces photos et rien ne vous oblige à les partager ou à penser absolument à être un artiste qui connait toute l'histoire de la photographie. La photographie est simple, c'est ce qui vous plait et ce à quoi vous avez accès.

Ne cherchez pas à savoir si ce que vous faites est "de la photographie de rue" stricto sensu, ne répondez pas à des critères ou des définitions. La photographie de rue n'a aucune règle si vous le décidez.

Un seul conseil : prenez des chaussures confortables. Il se pourrait bien que vous ayez envie de recommencer.

Photo Genaro Bardy - Itaparica, Dezembro 2019

Photo Genaro Bardy - Pituba, Dezembro 2019

Photo Genaro Bardy - Lisboa, Novembro 2019

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Ce que j'ai appris en photographiant comme Bruce Gilden

Depuis que j'ai découvert la photographie de rue, les photos de Bruce Gilden génèrent chez moi une fascination, elles m'obsèdent. Le seul autre photographe qui me donne ce genre de sentiment est Alex Webb, qui fera l'objet d'un autre article sur ce format.

Bruce Gilden est connu pour utiliser une méthode de prise de vues radicale, qui crée la polémique dans les commentaires sur tout ce qu'il produit : le flash à très courte distance de ses sujets, la plupart du temps sans demander la permission.

J'ai voulu pratiquer cette technique de prise de vues pour deux raisons :

  • on ne peut pas vraiment s'approcher plus près des sujets en photo de rue, c'est pour moi l'étape ultime de la démarche.

  • je voulais repousser mes limites personnelles, voir de quoi j'étais capable. Je me suis lancé ça comme un défi, une performance. Je ne savais pas à quel point j'allais apprécier le résultat.

Ce que j'ai appris en photographiant comme Bruce Gilden :

Les gens sont le plus souvent sympathiques avec un photographe

Cet homme pourrait avoir un regard qui parait sombre en fronçant les sourcils. C'est qu'il est bien curieux de voir débouler un gaillard le flash à la main pour se coller dans votre nez. Mais le moment l'a amusé, il était joyeux à à finit notre petit moment ensemble en nous bénissant. Je n'ai pas su s'il était pasteur étant parti un peu vite, mais ce monsieur représente bien mon sentiment général en photographie de rue.

Les gens que je croise sont pour une grande majorité sympathiques si vous photographiez avec le sourire et transmettez de la joie de vivre. Oui le flash à un mètre génère plus de réactions méprisantes voire agressives, mais dans l'ensemble elles restent des cas particuliers qui sont juste mis en valeur par la méthode. Ces réactions négatives ne dépassent pas 10% avec la méthode de prise de vues la plus agressive en apparence. [Faith in humanity restored]

Parisiens, 2019

Le flash résout beaucoup de problèmes techniques

Vitesse fixe à 1/160e de secondes ou au 1/200e, ouverture à F8.0 pour avoir une bonne profondeur de champ, le flash qui fige le(s) sujets. Quelques soient les conditions de lumière je peux travailler et me concentrer sur l'interaction avec les personnes que je rencontre. L'interaction est inévitable et je préfère largement être dans ces conditions et me concentrer sur la photo puis sur l'explication éventuelle de la démarche si la personne s'arrête.

Mon taux de photos "gardées" n'est pas meilleur, mais quand j'en ai une qui est forte elle me marque plus durablement. Le flash a une certaine tendance à rendre tout plus beau, mais surtout il me fait oublier les réglages de mon appareil, ou me permet de ne pas penser au sens de la lumière.

C'est extrêmement appréciable de se concentrer uniquement sur ce qui vous entoure et de rechercher le bon sujet/cadrage.

Parisiens, 2019

Impossible d'anticiper une photo

C'est peut être parce que je débute dans cette pratique, mais il m'est apparut difficile d'anticiper une photo, de savoir avant quel type de photo j'allais obtenir.

Il m'est aussi devenu impossible de savoir si j'allais être vu avant ou au moment du déclenchement, ou quel allait être le type de réaction qui serait capturé. C'est de la pure chasse, on ne peut pas composer avant de s'approcher.

C'est très nouveau pour moi et particulièrement excitant, ce doit être dû probablement à une bonne montée d'adrénaline.

Bahianos, 2019

Demander la permission marche toujours aussi bien

C'est la base en photo de rue, si vous avez peur d'y aller demandez la permission. Cela vous habituera à aller au contact, vous pourrez capter des moments naturels autour du portrait que vous aurez demandé, et enfin vous constaterez que la plupart des gens sont charmants.

Je vais pas vous mentir je ne faisais pas le fier la première fois que j'ai tenté l'expérience sur la plage de Barra, coin qui peut être réputé assez chaud à Salvador. Du coup je me suis raccroché aux bases, j'ai systématiquement demandé la permission avant de shooter. Alors oui, j'ai fait du portrait avant tout, mais je crois aussi avoir attrapé quelques beaux moments. Et puis ça m'a détendu et j'ai fini par déclencher sans demander sur la fin.

Bahianos, 2019

Se baisser au sol est utile, et difficile à maitriser

Observer Bruce Gilden travailler est maintenant facile, si vous n'avez pas peur de l'anglais : https://www.youtube.com/watch?v=ejlIgyYhlJ8

Avant de commencer cette technique du flash à un mètre je ne voyais pas bien l'intérêt de chercher à me mettre au sol. En essayant c'est apparu comme une évidence, ça permet de composer en remplissant le cadre plus facilement. Et ça donne un sentiment exacerbé en rendant le sujet "dominant" avec la contre-plongée.

Du point de vue de la réaction du sujet, si vous ne demandez pas la permission ça permet d'être vu plus souvent comme une curiosité plutôt qu'une menace.

Si j'avais un conseil, je vous dirais de faire attention à ne pas viser trop haut. La séquence passe tellement vite que l'on a vite fait d'avoir 2/3 de ciel sur sa photo, ce qui est rarement efficace sur le résultat.

New Yorkers, 2019

Continuer à arpenter les mêmes rues

Le taux de réussite est traditionnellement très bas en photographie de rue, je l'ai trouvé encore plus faible avec cette technique. Probablement qu'avec une pratique plus régulière j'arriverais à m'en sortir un peu mieux, mais combien de clichés ratés pour une photo potable ? Pfffffiiiu il faut être persévérant.

Puis àpartir d'une certaine heure, quand les conditions de lumières commencent à être faibles, les contrastes avec le flash deviennent extrêmes. C'est un style mais pas celui que je recherchais, ça m'a laissé peu de temps pour travailler.

Ainsi si je veux avoir une série de photo intéressante, il m'a semblé encore plus important de revenir encore et encore au même endroit. D'ailleurs Bruce Gilden est connu pour avoir écumé New York quasi exclusivement sur la 5ème Avenue, pour des raisons de lumière et de population rencontrée, mais je crois que c'est aussi nécessaire à cette pratique.

New Yorkers, 2019

Le résultat est radicalement différent

Avec le flash à un mètre, sans demander la permission, j'ai trouvé les photos fortes, intenses, radicales. Les prises de vues m'ont pris aux tripes comme jamais et je trouve que cela se ressent dans les photos. Peut-être que je me projette trop dans ces photos, c'est une technique nouvelle pour moi. Mais j'ai le sentiment d'être aller explorer quelque chose de nouveau chez moi et chez les personnes que j'ai croisées est bien ancré, là, et j'ai très envie d'y retourner le plus tôt possible.

Découvrir sa personnalité

Avec cette technique, le choix des sujets devient crucial. J'ai très vite compris que je ne pouvais pas photographier tout le monde que je croise (duh), le choix des sujets devient forcément personnel.

Je dois reconnaitre avoir été un peux vexé quand on m'a dit que je ne photographiait "que les vieux" avec mes premières photos sur Twitter. Je n'ai pas été jusqu'à penser qu'on allait saluer la démarche, je sais ce que ce genre de photos génèrent comme commentaires, mais je ne pensais pas être tellement accroché sur la méthode.

Bruce Gilden se décrit comme un "bulldog" dans les rues de New York, sa démarche est radicale et sa manière d'être également. Il peut paraître choquant de l'entendre dire "Je ne savais pas que la rue vous appartenait" à un passant pas content d'être flashé au milieu d'un trottoir. J'ai trouvé ça drôle, au delà du fait que c'est très vrai (la rue ne nous appartient pas).

Et je me suis surpris à défendre des clichés que je voulais garder, à refuser de les effacer alors que je le conseillerai toujours quand j'enseigne. C'est que je dois être moi aussi un bulldog.

Connaître son droit

La méthode est extrême, mais elle reste autorisée. De l'importance de bien connaître son droit, sur Twitter comme dans la rue.

Voici le texte de loi évoqué dans cette conversation : https://www.service-public.fr/particuliers/vosdroits/F32103

Et la réponse que je lui ai opposé : http://thomas-benezeth.fr/blog/le-droit-a-limage-en-photo-de-rue/

Je vais continuer

En conclusion je dirai que j'ai adoré cette pratique. Autant pour les photos qui en sont sorties que pour ce que ça m'a permit d'apprendre sur les autres et sur moi. Je crois que la photographie de rue est avant tout une expérience sociologique, tournée vers les autres et sur nos modes de vie. Cette pratique de la photo de rue en révèle des aspects que je ne soupçonnais pas. Et je n'ai qu'une seule hâte, y retourner.

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9 techniques pour s'approcher en photo de rue

S'approcher en photographie de rue est à la fois un des meilleurs moyens de progresser en composition et ce qui pose le plus de problèmes pour tous les photographes que je rencontre.

Rendons à Capa la phrase qu'il a laissé à la photographie :

Si vos photos ne sont pas assez bonnes,

c’est parce que vous n’êtes pas assez près.

Robert Capa

Je vois deux principales raisons qui permettent de dire que vos compositions seront meilleures en vous approchant :

  • S'approcher permet de remplir son cadre. Il est essentiel de considérer l'intégralité de votre cadre, jusque dans ses coins. Et s'approcher est une méthode qui aura un impact différent du zoom. Je crois d'ailleurs que le zoom est un frein à la photographie de rue parce qu'il est plus menaçant, mais rien n'empêche de pratiquer avec un zoom.

  • La proximité crée une émotion plus grande avec le sujet, permet plus d'empathie. Je parle bien sûr pour celui qui regarde votre photo.

Enfin si vous débutez en photographie de rue, je ne vous conseillerai jamais de vous limiter à une seule pratique. Si vous refusez envers et contre tout de vous approcher vous vous privez purement et simplement de la majeure partie des photos que vous pourriez réaliser. Comment savoir quel le style qui vous correspond le mieux, si vous n'en essayez pas au moins quelques-uns ?

Mon idée ici ne sera pas de vous permettre de travailler sur vos peurs, sur ce qui vous permet probablement de justifier de ne pas vous approcher des inconnus dans la rue. Ces peurs nous les avons tous. Je me souviens comme si c'était hier de la frousse monumentale qui me saisit lors de ma première sortie photo, alors que j'étais en train de demander de faire le portrait d'un inconnu. Encore aujourd'hui quand j'essaye de nouvelles pratiques plus extrêmes, cette peur revient, c'est bien naturel.

Mon propos sera de vous donnez quelques clés pour surmonter ces peurs et commencer à vous approcher sans créer de conflit avec les personnes que vous rencontrez.

Voici 9 techniques pour s'approcher en photo de rue :

Demandez la permission

C'est la première étape en photo de rue, commencez par allez vers les autres et demandez la permission. Cela vous permettra de voir que la plupart des gens sont charmants, et vous pourrez toujours obtenir des attitudes naturelles en poursuivant la conversation tout en continuant à déclencher.

Donnez l'impression de viser ailleurs

Quand vous serez repéré en photographie de rue, parce que vous serez repéré à un moment ou un autre si vous vous approchez :), la plupart du temps les personnes croisées regarderont dans la direction de votre objectif.

Si vous ne placez pas votre sujet au centre de votre photo, et que vous continuez à regardez droit devant vous après avoir déclenché, quasiment à chaque fois votre sujet ne croira pas être pris en photo.

Cela fonctionne bien entendu beaucoup mieux avec un grand angle.

Trouvez un cadre et attendez

Placez-vous à un endroit où les passants sont obligés de vous approcher, anticipez la vitesse de vos sujets et déclenchez au bon moment.

Cartagena, 2019

Ayez l'air d'un touriste

Si vous aimez les vestes à poches et les gros zooms, il est probable que vous soyez repéré rapidement. Disclaimer : j'adore ma veste à 27 poches mais je la place sous ma veste quand je m'en sers.

Je n'ai aucun problème à avoir l'air d'un gros touriste, au contraire. C'est nettement moins menaçant. Il est fréquent d'avoir envie de sortir avec deux boitiers, deux zooms et tout l'équipement dans un sac, mais au delà de la fatigue c'est beaucoup plus intimidant pour les personnes que vous rencontrerez et ça génèrera des réactions beaucoup plus agressives.

De la même manière je ne cache pas mon appareil, il est en évidence autour de mon cou et si l'on me pose la question je dis que je suis photographe et j'engage la conversation. Rien de pire qu'un sniper qui part en baissant les yeux.

Autoportrait hier VS un photographe rencontré à Salvador

 
 

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Pour chasser en photographie de rue, tournez autour de votre sujet en essayant de ne pas être repéré. Si vous êtes remarqué, expliquez votre démarche, dites que vous êtes photographe, puis demandez si vous pouvez réaliser un portrait.

Ne regardez pas dans les yeux

C'est parfois le bruit du déclenchement qui va vous trahir. Regardez plus loin que votre sujet, sans accrocher son regard, comme si vous visiez quelque chose derrière lui. Si l'on vous pose la question, recommencez ce qui doit être une habitude : expliquez votre démarche, dites que vous pratiquez la photo de rue, montrez vos photos, proposez de les envoyer. Puis demandez un portrait :)

Paris, 2019

Ayez l'air de filmer

C'est une technique redoutable alors que le procédé relève exactement du même principe. Passez votre appareil en 'live view' et donnez l'impression de filmer une vidéo, on ne fera généralement pas attention à vous.

New York, 2018

Faites réagir

Les réactions au photographe en photo de rue peuvent être très intéressantes. Parlez, brisez la glace, soyez présent dans votre photographie. C'est le moment de sortir votre meilleure blague ou vos plus beaux compliments.

Paris, 2011

Continuez à photographier

La photo de rue ne s'arrête pas au premier déclenchement, travaillez vos scènes et continuez à chasser le meilleur cliché, même après avoir demandé un portrait.

Bonus : ce qui est petit est mignon

La discrétion en photographie de rue est essentielle. C'est pourquoi je ne me sépare jamais d'au moins un appareil, le plus petit possible. En l'occurence un Ricoh GRII qui tient littéralement dans la poche, et qui me donne encore plus l'air d'un touriste qui photographie sans conséquence.

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La bombe sous la table - Comment améliorer une idée de projet

L'atelier 'Développez votre style' en photographie de rue à Paris s'est bien passé, je crois pouvoir dire que les participants sont repartis en ayant appris quelque chose sur eux-même et leur photographie. En tout cas c'est ce qu'ils m'ont exprimé, j'attends encore les réponses au questionnaire que certains ont envoyé à Photographes du Monde.

Pour ma part, ce fut une expérience remarquable à plusieurs titres. Tout d'abord en le préparant j'ai l'impression d'avoir encore franchi quelques pas dans ma photographie. Je voulais tellement que le contenu soit intéressant que j'ai lu à peu près tout ce que j'ai trouvé sur les sujets abordés, notamment sur la manière de raconter une histoire, qui est pour moi très utile à la construction d'un projet photographique. C'est ce qui va nous occuper aujourd'hui, vous allez comprendre pourquoi.

Avant de commencer et puisque nous parlons de projet photo j'aimerais vous inviter à découvrir le travail de Thomas Hammoudi, si vous ne le connaissez pas Thomas est un photographe qui a eu la merveilleuse idée d'écrire sur la photographie en tant que pratique artistique plutôt que de parler matos ou de pratique professionnelle comme le font la plupart (tous?) des blogueurs/youtubeurs. Thomas a écrit un livre sur la construction d'un projet personnel en photographie, l'acquérir serait un très bon moyen de progresser. Il produit aussi des vidéos remarquables sur des photographes de génie ou la photographie en général, allez-y et abonnez-vous, c'est probablement le meilleur contenu que vous pourrez trouver en Français sur Youtube.

Un projet photographique est une histoire

Passons si vous le voulez bien à cette bombe sous la table, celle dont vous entendez le minuteur depuis que vous avez lu le titre. Ce serait bien qu'on la désamorce avant qu'elle n'explose. Car vous savez qu'elle est là, et au delà du clickbait que l'artifice m'a permis, c'est tout le principe de la bombe sous la table dans une histoire : on sait qu'elle est là.

Il est pour moi établi qu'un projet photographique, ou une série si vous préférez, ou un reportage si vous êtes journaliste, EST une histoire. C'est une histoire qui utilise des médias et formats différents d'un film de cinéma (duh), mais qui utilise exactement les mêmes principes et mécaniques pour arriver à ses fins. Ainsi étudier et analyser les grands classiques du cinéma ou certains grands réalisateurs contemporains (je ne te regarde pas Marvel, tu peux passer ton chemin) doit vous permettre de mieux raconter une histoire, et donc d'améliorer votre projet photographique, aussi simple et trivial puisse-t-il paraître.

À titre d'exemple je ne saurais trop vous conseiller d'étudier le concept de 'monomythe', développé par Joseph Campbell à partir de la fin des années 1940, qui avance l'idée que tous les mythes du monde racontent essentiellement la même histoire, dont ils ne seraient que des variations. Dans son livre Le héros aux mille et un visages, paru en 1949, Campbell avance ce qu'il affirme être une structure universelle de tous les mythes du monde, qui relateraient le voyage du héros (The Hero's Journey). J'arrête ici l'analogie, je réalise que cela méritera largement un article que j'ai déjà plaisir à imaginer écrire.

Surprise versus Suspense

Et la bombe me direz-vous ? J'y viens. Elle va bien finir par arriver rassurez-vous. Car une bombe est ainsi faite, on sait que si on ne fait rien pour la désamorcer elle finira toujours par exploser. La bombe sous la table est un principe narratif qui permet de distinguer la surprise du suspense, il a été conceptualisé par le grand maître du suspense Alfred Hitchcock dans le livre de François Truffaut 'Le Cinéma selon Alfred Hitchcock' (1966) :

Alfred Hitchcock : La différence entre le suspense et la surprise est très simple, et j'en parle très souvent. [...] Nous sommes en train de parler, il y a peut-être une bombe sous cette table et notre conversation est très ordinaire, il ne se passe rien de spécial, et tout d'un coup : boum, explosion. Le public est surpris, mais, avant qu'il ne l'ait été, on lui a montré une scène absolument ordinaire, dénuée d'intérêt. Maintenant, examinons le suspense. La bombe est sous la table et le public le sait, probablement parce qu'il a vu l'anarchiste la déposer. Le public sait que la bombe explosera à une heure et il sait qu'il est une heure moins le quart — il y a une horloge dans le décor ; la même conversation anodine devient tout à coup très intéressante parce que le public participe à la scène. Il a envie de dire aux personnages qui sont sur l'écran : « Vous ne devriez pas raconter des choses si banales, il y a une bombe sous la table et elle va bientôt exploser. » Dans le premier cas, on a offert au public quinze secondes de surprise au moment de l'explosion. Dans le deuxième cas, nous lui offrons quinze minutes de suspense. La conclusion de cela est qu'il faut informer le public chaque fois qu'on le peut, sauf quand la surprise est un twist, c'est-à-dire lorsque l'inattendu de la conclusion constitue le sel de l'anecdote.

C'est habile dans son énoncé, c'est merveilleux lorsque c'est bien mis en pratique. En impliquant le spectateur, on l'incite à poursuivre l'histoire avec un intérêt décuplé.

La bombe est dans le titre

Vous commencez peut être à voir comment mettre cela en pratique dans un projet photographique. Cela m'a percuté lorsque j'étudiais (en regardant son film hein, autant travailler en s'amusant) le dernier film d'un autre maître du suspense : Quentin Tarantino avec 'Once Upon a Time in Hollywood'. Si vous n'avez pas vu ce film je vais divulgâcher la fin, revenez lire cet article quand vous l'aurez vu.

L'intégralité du film de Quentin Tarentino est une bombe sous la table. Toute la communication sur le film a été faite autour de l'histoire de la famille Manson. C'est un fait divers US largement connu localement où une starlette de cinéma a été assassinée avec une grande barbarie. Si vous ne saviez pas ça en regardant le film, vous avez pu le trouver très long. Mais si vous connaissez ce fait historique, vous savez qu'il y aura une scène ultra violente à un moment où un autre, la fameuse bombe sous la table qui sublime cette histoire et certains de ses accessoires. On pourrait d'ailleurs tout aussi bien renommer le 'fusil de Tchekov' en 'lance-flammes de Tarantino'.

En fait Quentin Tarantino joue avec les codes du cinéma de genre historique en créant deux personnages fictifs joués par Leonardo di Caprio et Brad Pitt qui vont se retrouver au coeur de l'attaque des Manson dans la maison à côté des faits réels, ajoutant la surprise au suspense dans son dénouement. Une bombe sous la table de 2h30, avec une critique sociale acerbe sur la machine à broyer des acteurs d'Hollywood et Los Angeles, quel génie mes amis. Mais je m'égare encore... voyez comme cette bombe est amusante, je peux parler de n'importe quoi vous aurez toujours envie d'avancer d'un paragraphe pour savoir si oui ou non je vais finir par m'expliquer, bordel. Ça suffit maintenant, pardon mais zut.

La bombe sous la table, pour un projet photographique, où puis-je bien la placer pour le spectateur ? Quel est le seul élément que l'on connaisse systématiquement d'un projet photo, d'un livre photo, d'une série photo, d'un reportage ? Son titre. Sa petite description d'ascenseur si vous êtes plutôt 'startup nation'.

Sans surprise, quelques exemples

Tous les projets qui m'ont fasciné dans leur réalisation, proposés par de grands photographes, ont un titre qui pose une question, tout en disant de quoi il s'agit.

  • L'exploration sociale du métro New Yorkais de Bruce Davidson s'appelle simplement 'Subway' (qui est l'appellation New Yorkaise du métro, à Londres c'est l'underground).

  • Les diptyques et triptyques de Barbara Probst dans lesquels un sujet est pris en photo simultanément selon plusieurs angles sont nommés 'Exposure'.

  • En reportage Matjaz Krivic avec ce titre 'Lithium Road' transforme des photos qui pourraient paraître banales prises individuellement en un sujet puissant sur les mines d'extraction de silicium qui permettent d'équiper nos téléphones intelligents.

  • Allez n'ayons pas peur de donner un point Cartier-Bresson à cet article (le point Cartier-Bresson est l'équivalent du Point Godwin en photographie), 'Images à la sauvette' est une formidable bombe sous la table pour un recueil de photographies de rue qui n'ont en commun que leur parfaite composition.

Vous m'excuserez de parler de mon travail, mais j'ai toujours pensé que 'Désert dans la Ville' (Desert in the City) était une bonne idée te titre, que le principe du projet énoncé dans le titre était une bonne clé d'entrée dans le projet. Cette 'bombe sous la table' donne envie d'en savoir plus. Les exemples sont infinis, j'ai essayé d'en donner quelques anciens comme des contemporains, autant dans la photo purement artistique, de reportage ou sociale. Mais tous ces genres ne sont-ils pas intimement liés ?

Photographier l'impossible

Oui mais et alors bon, c'est bien beau mais c'est à dire que c'est quoi le rapport avec MES photos. Ce qui va nous inciter à suivre un projet, à tourner les pages d'un livre, ce qui constitue en fait la bombe sous la table que nous avons désignée dans le titre de notre projet, est le fait que la réalisation de ces photos semble impossible.

  • Avec Bruce Davidson, son livre a une valeur historique. Mais même à l'époque il était le fruit d'un travail dantesque dans tous les quartiers de la ville, cela parait impossible.

  • Le concept intrigant de Barbara Probst laisse imaginer la complexité de la mise en oeuvre de ces images.

  • Objectivement en reportage vous trouverez toujours des photos fascinantes si le sujet est à la fois exotique dans sa localisation et proche de nous dans son sujet. C'est un travail conséquent et un sujet passionnant, voilà l'impossible de Matjaz Krivic.

  • J'ajouterais que l'impossible est un des éléments qui rend le travail de Bruce Gilden époustouflant. Si vous avez essayé de prendre des photos au flash à un mètre de vos sujets sans demander la permission, vous voyez de quoi je parle. Ça prend aux tripes, c'est dur, c'est 'impossible'.

Enfin je finirai ma boucle en revenant sur ce que me disait l'un des participants à mon atelier de photographie de rue du mois dernier à Paris, il me disait avoir commencé une série sur les lampadaires de Paris. Sans voir son travail je lui disais comment à mon avis on pouvait rendre cette idée plus forte : en passant par exemple un temps long sur un endroit pour voir l'évolution de la vie (ou de son absence) autour et en dessous dudit lampadaire, du jour vers la nuit ; ou encore en faisant un lien avec la fonction sociale du lampadaire, son histoire dans les plans d'architecture urbaine parisienne, ou tout simplement avec de belles photos de nuit sans personne pour en montrer l'absurdité. Je prends le lampadaire comme exemple pour forcer le trait, mais je crois sincèrement qu'il n'y a pas de petit sujet pour un essai photographique. Appelez ce projet "Pollution Lumineuse" et vous aurez à mon avis une belle bombe sous la table.

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