La photographie est l'expression d'un désir

Alors que j'étais en train de préparer le dernier module de formation du programme L'Étincelle, je tombe dans mes recherches deux fois sur la notion de désir en photographie, à quelques heures d'intervalle dans "On Composition and Improvisation" de Larry Fink et "How I Take Photographs" de Daido Moriyama.

Ces deux passages m'ont intéressé, chacun à leur manière. C'est donc l'occasion pour moi de vous les retranscrire et de partager quelques photos des deux remarquables photographes qui en sont les auteurs.

Larry Fink et l'immédiateté du désir

J'aime m'approcher, donner un sentiment d'intimité. Ce n'est pas seulement à quel point je suis proche de mon sujet, mais aussi à quel point je me sens proche. Le critique John Berger écrivait ceci dans son essai à propos de Caravage. Il suggère que son travail est à propos de l'immédiateté du désir, et je dirais que cela est également vrai dans mon travail. L'appareil photo peut faire ressortir un antagonisme ou le narcissisme intense du sujet. Le sujet peut faire l'amour à la caméra. Le sujet peut faire la haine à la caméra. Ils peuvent lui faire nombre de choses.

Ce que j'essaye de faire est de percer ce qui est hostile ou harmonieux dans notre relation et d'aller au cœur de ce qui crée cette énergie. Ceci implique d'être connecté à l'émotion ou à la sensualité. Je ne parle pas de sensualité comme un désir sexuel ou d'une répulsion à un niveau superficiel. Je parle des sens - tous les sens - du bout des doigts jusqu'au bout de la langue.

Larry Fink

Daido Moriyama dans ce monde inconnu et étranger

Quelles capacités sont les plus utiles à un Photographe de rue, dans ce monde inconnu et étranger ? [...] Bien sûr un œil aiguisé est fondamental. Et bien sûr vous devez être vigilant, sensible, réactif, à l'aise dans votre corps, pour pouvoir répondre aux stimuli autour de vous immédiatement.

Mais au-dessus de tout, vous devrez avoir du désir. Ce désir que le photographe doit sentir au moment où il déclenche. Si vous n'avez pas de désir, vous ne verrez pas ce qui est devant vous. Je parle du désir que l'on ressent au moment qui vous pousse à déclencher. Le désir est tout autour de nous, il y en a une quantité disponible gigantesque, infinie.

Il est important d'être vrai vis-à-vis de ce désir. Pour prendre une photographie qui est digne de tout cet intérêt et pleine de sens, vous devez devenir un avec ce désir quand vous déclenchez.

Daido Moriyama


Que serait la photographie, si elle n'était pas l'expression d'un désir de son auteur ?

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10 citations de 10 photographes de rue

Je suis à la recherche d'inspiration pour mes écrits sur la photographie, probablement pour repousser l'inéluctable : je dois mettre en page mon livre sur la photographie de rue. Et je n'ai trouvé que cet artifice, qui j'espère vous ravira les yeux et la tête autant qu'il plaira à Google.

Toutes ces citations sont traduites par mes soins et issues du livre Street Photography Now, qui est remarquable. Comme l'Atlas Mondial de la Photographie de Rue, il n'explore pas assez à mon goût l'Amérique du sud et l'Afrique, mais je ne peux lui en tenir rigueur.

Voici 10 citations et 10 photos de certains de mes photographes de rues préférés. Si après ça vous n'êtes pas amoureux de la photographie de rue, je ne peux plus rien faire...

10 citations de 10 photographes de rue

Narelle Autio

Je suis un peu voyeuse par nature et j'aime comparer la rue à une performance artistique. [...] Je regarde les gens bouger, vivre des moments excentriques, beaux, drôles.

Narelle Autio

Photo Narelle Autio

Maciej Dakowicz

Quand je prends des photos de la vie nocturne de Cardiff, j'aime passer un bon moment, faire la fête comme ceux que je photographie et oublier les dangers potentiels. Prendre quelques verres peut aider. Moins réfléchir donne de meilleures photos.

Maciej Dakowicz

Photo Maciej Dakowicz

Melanie Einzig

Photographier en public me garde éveillée et consciente, toujours à regarder autour de moi, émerveillée par ce qui occupe les humains.

Melanie Einzig

Photo Melanie Einzig

Bruce Gilden

Si vous pouvez sentir la rue en regardant la photo, c'est une photo de rue.

Bruce Gilden

Photo Bruce Gilden

Markus Hartel

Mes photos ne sont pas nécessairement jolies, mais elles montrent de beaux moments de la jungle urbaine.

Photo Markus Hartel

Richard Kalvar

J'aime jouer avec la réalité ordinaire, utiliser des acteurs qui ne posent pas et qui sont inconscients du drame dans lequel je les ai placés.

Richard Kalvar

Photo Richard Kalvar

Trent Park

Je chasse toujours la lumière. La lumière rend l'ordinaire magique.

Trent Parke

Photo Trent Parke

Martin Parr

J'aime créer une fiction à partir de la réalité. Je le réalise en prenant le préjudice naturel de la société et en le tordant.

Martin Parr

Photo Martin Parr

Matt Stuart

Achetez une paire de chaussures confortables, ayez un appareil autour du cou en toutes circonstances, gardez les coudes fermés, soyez patients, optimistes et n'oubliez pas de sourire.

Matt Stuart

Photo Matt Stuart

Ying Tang

Être dehors dans la rue est un voyage personnel. J'essaye d'attraper un moment qui veut dire quelque chose, pour moi.

Yin Tang

Photo Ying Tang

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Le Mini Guide de la Photographie de rue

La Ville Miraculeuse - Paris, 2012

Qu'est-ce que la Photographie de rue ?

La photographie de rue est l'art de photographier des inconnus. Elle se pratique dans des lieux publics, que ce soit dans un parc, une gare, un centre commercial, une bibliothèque, un aéroport ou donc... la rue.

La Ville Miraculeuse - New York, 2011

Demander la permission

Est-ce qu'une photographie de rue doit être absolument naturelle et prise sur le vif ou est-ce que vous devez demander la permission ?

En fait, c'est un peu comme vous voulez. Parfois, vous voudrez vous approcher et demander un portrait. À d'autres moments, vous verrez une scène où il sera préférable de ne pas intervenir, où vous voudrez la capturer telle qu'elle est.

Quand je veux m'approcher très très près de mes sujets, je demande généralement la permission, mais pas toujours.

Pourquoi photographier dans la rue ?

En voilà une bonne question. Pourquoi photographier dans la rue ? Que cherchez-vous dans la photographie de rue ?

Personnellement je m'en remets à Joël Meyerovitz :

Un photographe de rue n’a aucune idée de ce qui va arriver chaque jour. Nous sortons dans les boulevards du monde, juste pour être dehors, et juste pour regarder la manière dont le monde continue à se présenter à nous avec des idées, des incidents et des moments de conscience.

Mais vous pourriez avoir différentes raisons d'apprendre et de pratiquer la photographie de rue :

  • Il y a toujours quelque chose de nouveau à voir, et cette pratique fonctionne particulièrement bien en voyage.

  • L'adrénaline ! Je peux vous assurer qu'une fois que vous aurez franchi le premier pas, vous aurez une bonne décharge. Certains y prennent simplement du plaisir.

  • La fonction sociale. On pourrait dire qu'un photographe de rue est d'abord un sociologue, qu'il montre ou démontre le monde qui l'entoure. Ou plus simplement, un photographe aime sincèrement les autres, la photographie de rue est d'abord une expérience humaine.

Pour aller plus loin :

Le meilleur appareil pour la photographie de rue

Pour la photographie de rue, je recommanderais un Ricoh GR, un Sony RX100 ou un Fuji X100, quelque soit la génération ils sont tous bons.

Mais vous pouvez certainement utiliser l'appareil que vous avez actuellement. Le meilleur moyen de pratiquer est de toujours avoir son appareil photo avec soi, c'est pour cela que je recommande des appareils compacts, qui tiennent dans une poche ou un manteau.

La meilleure focale ? Personnellement le juste équilibre se trouve à 40mm

Quelle est la meilleure focale ?

Si vous devez ne choisir qu'une seule optique, je vous conseille de choisir une focale fixe, sans zoom. Vous obtiendrez une meilleure qualité d'image, et cela vous forcera à vous déplacer et à être créatif dans vos compositions.

Si vous utilisez un viseur (optique ou électronique), la focale la plus polyvalente est le 35mm, et c'est parfait pour commencer. Si vous visez avec l'écran, à bout de bras, alors le 28mm est préférable. En allongeant le bras vous serez plus près de vos sujets.

La focale 50mm est également beaucoup utilisée. Elle fut notamment prisée par la légende de la photographie de rue Henri Cartier-Bresson. Je la trouve difficile à pratiquer pour mon goût, mais ce peut être un bon moyen de débuter, notamment parce que les optiques 50mm dites "Nifty Fifty" sont très abordables chez tous les fabricants. Vous trouverez généralement un premier prix avec les optiques 50mm F1.8.

D'une manière générale, la plus grande difficulté en photographie de rue est de s'approcher de ses sujets, une focale large (35mm et moins) vous y obligera et vous permettra de vous améliorer.

My Soul so Cool from the Bath of Light - Salvador de Bahia, 2019

Qui sont les grands maîtres en photographie de rue

Quel que soit le genre de photographie dans lequel vous souhaitez vous améliorer, étudiez les photographes reconnus et trouvez vos inspirations.

En photographie de rue, j'ai choisi les grands maîtres qui m'inspirent, trouvez les vôtres et étudiez leur manière de travailler :

La Ville Miraculeuse - Salvador de Bahia, 2019

Techniques de photographie de rue

Les techniques de prise de vues en photographie de rue sont faciles à résumer, elles correspondent toutes à l'un de ces deux principes :

  • Trouver un cadre et attendre ;

  • Trouver un sujet et le suivre.

Le principal frein au déclenchement en photographie est la peur, pour pratiquer la photographie de rue vous devrez vous confronter à vos peurs, et pour ça le meilleur moyen est de commencer par des portraits, pour vous habituer à aborder des inconnus. Puis vous pourrez petit à petit vous approcher et sauter l'étape de la permission. Alors seulement vous pourrez commencer à expérimenter des techniques créatives

Pour aller plus loin :

Primal NYC - 2019

Quel est le meilleur moyen de partager ses photos ?

Rien ne sera meilleur qu'un espace que vous contrôlez : ouvrez un blog gratuitement avec Wordpress.com et partagez vos photos sur un site à votre nom.

Ensuite vous pourrez partager vos photos sur les réseaux sociaux. Mon conseil est d'utiliser ceux dont vous avez l'habitude. Je déconseille les plateformes 500px ou Flickr si vous n'y êtes pas déjà. Si vous voulez expérimenter et chercher de nouvelles audiences, choisissez plutôt des plateformes en croissance.

Mais d'une manière générale ne passez pas trop de temps sur la diffusion de vos images, ça ne fera jamais de vous un(e) meilleur(e) photographe. En tout cas ne tenez pas compte des performances de vos photos sur les réseaux, surtout si vous débutez en photographie ou si vous commencez à peine à partager votre travail. Votre énergie sera mieux employée en travaillant sur un projet personnel au long cours. En plus il sera certainement plus regardé et partagé si vous le réalisez avec passion.

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Aurez-vous toujours peur de photographier dans la rue ?

Depuis quelques jours il est à nouveau possible en France de sortir de chez soi sans permission. Pas pour toutes les régions, dans un rayon de 100km et sous certaines conditions pour les transports publics ou les écoles. On est pas sortis des ronces.

La bonne nouvelle, c'est qu'une bonne partie d'entre vous avez maintenant la possibilité de sortir de chez vous pour photographier. Fini les séances d'auto-portraits à la fenêtre ou de lamentation sur notre appareil photo qui prend la poussière.

Est-ce que ce déconfinement amènera plein de photographes dans la rue ? Probablement pas. Et ce pour une raison très simple : la peur.

La photographie de rue est la raison d'être principale de mes formations, c'est une expertise qui est peu enseignée. Et dans cette discipline, le principal frein au progrès ou même à simplement essayer est LA PEUR. Oui, j'aime bien penser que la photographie est un sport, qu'un genre photographique est une discipline et une photo une performance. Ça ne change rien à l'histoire, c'est juste une manière de me motiver.

Je suis donc prêt à parier que nous ne verrons pas beaucoup plus de photographes de rue dans les jours à venir. Mais si je peux vous aider sur la peur, je ne vais pas me priver.

Voici 3 méthodes qui doivent vous aider sur vos peurs. Je limite à 3 pour que vous puissiez les pratiquer rapidement.

Demandez la permission

Il pourrait paraître étonnant de conseiller de demander la permission en photographie de rue. Est-ce que je ne perds pas un moment authentique en réalisant un portrait ?

Alors, déjà non. Qui a dit que la photographie de rue devait toujours être volée ? Personne. Ou j'men fous.

Et puis nous sommes là pour travailler sur la peur de photographier des inconnus. Le meilleur moyen de progresser sur la peur est de s'y confronter, d'aller vers les autres, vers quelqu'un qui vous intéresse, sans forcément lever son boitier ou lui mettre dans le nez.

Allez vers quelqu'un dont vous aimeriez une photo et dites :

  • "Bonjour, j'étudie la photographie. Est-ce que je pourrais prendre une photo de vous ?"

Ou toute autre version que vous trouvez polie et agréable. Vous avez le droit de sourire quand vous vous approchez ;)

Quand vous aurez demandé 10 fois la permission, vous verrez que la peur de photographier commencera à s'atténuer.

Pelourinho, Salvador de Bahia 2020 - Photo Genaro Bardy

Posez des questions

Passez du temps avec les personnes que vous photographiez. Vous en apprendrez plus sur eux, vous verrez plus d'attitudes et de détails dans leur comportement, tout ce que vous pourrez utiliser dans vos photos.

Posez des questions simples, comme si vous essayez de comprendre en 5 minutes qui ils sont et ce qui les intéresse. Ce sera perçu de manière amicale dans 90% des cas, et dites-vous que c'est légitime puisque vous avez déjà demandé si vous pouviez prendre des photos. Vous êtes photographe :)

Proposez toujours d'envoyer la photo plus tard, prenez les coordonnées des personnes dont vous avez le portrait. Et puis envoyez effectivement la photo ! Je suis parfois coupable sur cette partie.

L'idée ici est de vous faire travailler votre scène pour aller chercher de meilleurs clichés.

Pelourinho, Salvador de Bahia 2020 - Photo Genaro Bardy

La règles de 3

La règle de 3 est simple :

  • Quand vous voyez quelqu'un d'intéressant, vous avez 3 secondes pour faire 3 pas en avant et déclencher

Les moments intéressants en photographie de rue passent trop vite :

  • Soyez prêts sur vos réglages,
  • Observez avec toute votre attention,
  • Quand vous avez une intuition, ne réfléchissez pas,
  • Marchez en direction de votre sujet et déclenchez.

L'idée est de ne pas laisser le temps à de fausses excuses. La peur viendra toujours par des chemins de travers : "j'ai pas le bon réglage", "il avait l'air bizarre", "je suis trop loin"...

Ne laissez pas le temps à la peur de s'installer et de justifier l'abandon de cette pratique. C'est difficile, mais ça ira mieux à partir de la 3ème fois.

1 pas en avant, 2 pas en avant, 3 pas en avant, déclenchez. En 3 secondes.

Pelourinho, Salvador de Bahia 2020 - Photo Genaro Bardy

Si vous ne le faites pas pour vous, faites le pour moi

Ironie de l'histoire, alors que nous sommes à la maison depuis deux mois, le confinement strict arrive à Salvador de Bahia, dans notre quartier. Les statistiques du Covid-19 ne faiblissent pas, malgré la fermeture de tous les commerces et écoles. Je vais donc continuer à shooter à la maison...

Mais j'espère bien voir vos photos, où que vous soyez ! Vous avez un site ou un compte Instagram où vous partagez vos photographies de rue ? Laissez-le en commentaire, je serai heureux d'aller voir ça.

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Comment travailler votre jeu de jambes en photographie de rue

La principale caractéristique de la photographie professionnelle qui me surpris quand je commençais à vivre de la photo : sa physicalité. C'est aussi pour cette raison que j'ai choisie et poursuivie cette carrière, mais j'ai tout de même été étonné par ce que les prises de vue peuvent demander en énergie, à quel point elles peuvent être épuisantes.

La photographie de rue est une performance physique

En photographie de rue, une des premières vidéos que j'ai regardé sur le sujet montrait Henri Cartier-Bresson en train de danser comme un pantin funambule autour d'un passant dans les rues de Paris. J'étais débutant en photographie et passionné par Henri Cartier-Bresson, je regardais ses arabesques du corps comme un moustique fasciné par une flamme d'allumette.

J'y vois maintenant autre chose : de la composition. Pour mieux connaître la photographie, je reconnais maintenant la recherche d'un moment, d'un bon cliché pour un sujet qui l'a intéressé.

Regardez ses jambes, ses pieds, vous verrez le lien direct entre la composition et le mouvement du corps. Les photos, c'est comme les crêpes, elles ne vont pas se faire toutes seules. Et comme une poêle a besoin d'être bien beurrée, le photographe a besoin de travailler son jeu de jambes.

Le moment parfait est une recherche

Contrairement au peintre qui plante ses pieds dans la vase en misant tout sur son jeu d'index, l'auriculaire levé vers le ciel, le photographe est un animal prédateur. L'oeil vif, la bave aux lèvres et parfois le flash haut perché, il chasse le 1/125 de secondes qui fera mouche.

Si la photographie est physique, le cliché parfait, lui, est une recherche permanente. La cause est toute simple, expliquée dans cette phrase de Raymond Depardon qui devrait être tatouée sur l'épaule, à côté d'un triangle d'exposition :

Si je savais comment faire des grandes photos, je ne ferais que ça.

Raymond Depardon

La pratique de la photographie est une recherche, on ne décide pas d'avoir une grande photo. On en a l'intuition, mais en réalité chacun de nos déclenchements est un espoir. Quiconque a édité quelques milliers de clichés sait qu'une grande photo est une rareté, dont on ne maîtrise pas vraiment la production.

Pour chercher, il faut marcher. Si je voulais vous donner une méthode simple de recherche et de composition en photographie de rue, quelle que soit la scène, l'événement ou la situation :

  • Commencez par déclencher tout de suite tout droit ce que vous avez vu d'intéressant, en essayant de composer à la volée. Le Giga Octet ne vaut rien, profitez-en ;

  • tournez autour de votre sujet. L'angle à 45° de chaque côté, plongée, contre plongée, 90° de chaque côté et puis allez vérifier de l'autre côté, selon d'où vient la lumière ;

  • combinez tout cela avec 3 valeurs de plan : plan large, plan moyen, plan serré. Avoir un zoom ne facilitera rien, il faudra souvent vous approcher, parfois vous éloigner.

Voilà comment pour une seule et unique photo, je viens de résumer 37 clichés différents, tous pris depuis un endroit différent (vous pouvez compter). Évidemment cette théorie est impossible, pour la simple raison que les moments intéressants passent trop vite.

En réalité, avec l'expérience vous aurez travaillé un arsenal de compositions avec lesquelles vous serez à l'aise et vous arriverez à réduire le nombre de clichés à prendre, parce que vous saurez quand vous en aurez un bon instantanément, au déclenchement. Vous travaillerez seulement quelques valeurs de plan pour pouvoir éventuellement raconter cette petite histoire de différentes manières. Et puis vous aurez rarement plus de deux angles intéressants sur une scène.

La composition, c'est le jeu de jambes

Mais le jeu de jambes, lui, sera toujours là. Il sera au service de votre composition, de cette recherche. On pourrait même juger du talent d'un photographe uniquement en le regardant bouger.

Et d'ailleurs, c'est possible et c'est même tout simple. Le jeu de jambes d'un photographe peut et doit s'étudier. Tout comme je vous conseillerais de vous entraîner à regarder des photos en analysant les éléments techniques employés, notamment la focale ou la distance au sujet ; je vous recommande d'étudier et d'analyser le jeu de jambes d'autres photographes.

Comment ?

Et bien la qualité d'un photographe se juge sur une planche-contact, ou sur une série de 36 déclenchements si vous travaillez avec un appareil électrique et une carte mémoire plutôt qu'une pellicule.

La planche-contact dit tout du photographe. Comment il a bougé, ce qu'il a vu, quand il a déclenché, s'il a eu besoin de rafale. Plan large, plan moyen, plan serré, tout y est.

Pour commencer à étudier des planches contact, je vais vous renvoyer vers un livre, encore. Il vous permettra d'étudier le travail, et donc aussi le jeu de jambes de certains des plus grands photographes au monde : ceux de l'agence Magnum dans le livre Contact Sheets. (Le lien est vers la version US, la VF étant à plus de 200€).

La planche-contact pour étudier le mouvement du photographe

À force de recommander des livres, je vais finir par créer un Photo-Book Club par abonnement avec un livre par mois. Et si c'était une bonne idée ? Note pour plus tard : créer un Photo-Book Club.

Commençons par étudier une photo iconique d'un de mes photographes préférés, le Chihuahua d'Elliot Erwitt.

Elliot Erwitt, contact sheet for “Chihuahua,” New York City (1946) (© Elliot Erwitt / Magnum Photos)

La séquence est merveilleuse. Elle commence par deux femmes qui se parlent devant un diner (restaurant) au coin d'une rue de Manhattan, l'une d'elle portant son adorable petit chien. Le premier cliché capturé est un plan moyen, testé en plusieurs versions. Les premières photos ont manifestement déclenché une discussion du photographe avec ces deux femmes, s'ensuit une série de plans serrés, avec la complicité de la propriétaire du Chihuahua qui participe à la séance photo en le posant au sol.

Notez que le cliché retenu par Elliot Erwitt est très largement recadré, au nom d'une composition parfaite. Cette planche-contact me replonge dans mes innombrables rencontres en Toscane ou à New-York qui ont eu pour cause ma passion infinie pour les canidés, mais je m'égare.

Poursuivons sur un sujet plus difficile, avec les évènements de mai 1968, sous l'oeil de Bruno Barbey.

Bruno Barbey, contact sheet for student protests in Paris (1968) (© Bruno Barbey/Magnum Photos)

La séquence permet d'appréhender le travail dans le cas d'un événement, où les scènes sont en mouvement permanent.

La planche-contact commence au plus près des policiers, dans leur dos. Elle se poursuit avec une série de plans larges interrompus par quelques manifestants qui passent devant le photographe. Puis une charge de police occupe le photographe sur 4 clichés. La séquence se termine sur une barricade.

Notez déjà comment chacune des photographies est rigoureusement composée, quelle que soit la valeur de plan. Vous pouvez ensuite apprécier directement le travail d'édition, le choix des photos les plus fortes et le ratio, implacable : 6 photos retenues sur une séquence de 36. C'est le ratio d'un grand maître, à plus forte raison quand j'aurais aisément gardé les 32 autres.

Terminons enfin l'exercice sur une photo du premier livre de Martin Parr, Last Resort.

Martin Parr, contact sheet for The Last Resort (1985) (© Martin Parr / Magnum Photos)

Cette mini planche-contact montre en huit photos comment Martin Parr a travaillé les scènes et exploité la sérendipité inhérente au procédé photographique. Il utilise ici cinq clichés en étant positionné au même endroit. Il travaille la scène avec une seule valeur de plan, et ne garde qu'un cliché, celui où la femme se retourne.

Appliquez ces principes dans l'analyse de vos photos

Il ne vous reste plus qu'à vous procurer Magnum Contact Sheets si vous souhaitez étudier la manière de travailler de certains des plus grands photographes du 20e siècle.

Vous pouvez également analyser vos séries de clichés pour identifier les manques en composition ou les mouvements que vous auriez pu créer. Puis vous pourriez commencer à identifier votre ratio de photos gardées, non pas pour moins déclencher, plutôt pour varier les valeurs de plan et mettre en pratique lors de votre prochaine session, avec votre jeu de jambes.

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Ce que j'ai découvert en photographiant comme Alex Webb

Je considère que le travail de recherche et d'inspiration comme une des meilleures méthodes de progression en photographie, avec la construction de projets photographiques.

Je poursuis mon exploration du travail des grands photographes de rue que j'admire en essayant de m'inspirer directement de leur travail. Après vous avoir effectivement montré leurs photos ou projets (ici pour Alex Webb), je tente à mon humble niveau de reproduire leur type de composition emblématique, ou du moins ce que je peux analyser ou en percevoir.

Alex Webb est le photographe dont le travail m'obsède le plus depuis l'année dernière, il est naturel pour moi de continuer cette série avec lui.

Commençons par définir "photographier comme Alex Webb". Il est impossible de synthétiser le travail d'Alex Webb de plusieurs décennies en un seul type de composition, tout comme il serait stupide de prétendre arriver à atteindre la même qualité. Mais on peut retrouver un terme qui qualifie le travail d'Alex Webb dans la plupart des livres ou articles que j'ai trouvé sur lui : "Complexe".

Une photographie complexe, ça pourrait vouloir dire tout et son contraire. Ce que j'ai essayé de faire ici et depuis plusieurs mois à différents endroits, est de combiner plusieurs scènes ou sujets distincts dans une même photographie, au moins 3, en essayant également de combiner un arrière-plan et un avant-plan pour donner de la profondeur à la photographie et donc... de la complexité.

Voyons maintenant ce que cela m'a permis de découvrir :

Une composition complexe est une recherche active

Le moment parfait ne m'attend pas pas au coin de la rue, il va falloir aller le chercher, ça va demander du travail et un investissement personnel.

Les photographies complexes ont demandé un gros effort parce qu'il m'a fallu en même temps :

  • commencer par voir une scène qui rentrerait dans un cadre assez large,

  • tout en "reniflant" un potentiel de premier plan,

  • ou en espérant des scènes multiples, en anticipant des mouvements qui rentreraient dans le cadre.

Je ne pouvais voir aucun de ces éléments avant parfois de m'approcher très près de mes sujets. Ces compositions sont une exigence et un travail de recherche extrêmement prenant, elles demandent une attention totale.

J'ai eu du mal à m'y consacrer pleinement avec des personnes qui m'accompagnaient, que ce soit un groupe de Photographes du Monde ou un ami à Salvador quand j'ai le sentiment que je dois avancer. Ce type de composition me prend encore pas mal de temps, je suis totalement mobilisé par cette recherche probablement parce que je n'y suis pas encore habitué.

Ce qu'il est important de retenir ici est que travailler sur un type de composition prend du temps et du travail, je ne peux pas y arriver du premier coup ou avec une sortie ou deux.

Photo Genaro Bardy - New Yorkers, Nov 2019

Photo Genaro Bardy - Boipeba, Jan 2020

Photo Genaro Bardy - Bogota Colombia, Sep 2019

Les compositions complexes ont amélioré mon "jeu large"

Je ne sais pas comment définir ce point autrement qu'avec une analogie au sport. Ce que j'essaye de dire ici est que j'avais une certaine tendance à toujours travailler avec la même distance avec mes sujets, à partir de 5 ou 10 mètres.

Ceci pouvait avoir pour conséquence qu'en photographie de rue je privilégiais un zoom pour isoler un sujet ou tout simplement que j'avais abandonné purement et simplement la photographie de rue avec des scènes de vie telle que je la pratique aujourd'hui.

J'avais été aspiré par les commandes où je travaillais toujours avec un zoom 24-70 pour le boîtier avec une focale large, ou par les paysages et l'architecture qui peuvent être prisés dans les voyages-photo.

Je réalise maintenant que j'avais oublié ce qui m'avait passionné initialement en photographie et que j'ai retrouvé en m'inspirant d'Alex Webb : une pratique très proche des sujets avec un "oeil" large, la majeure partie du temps avec une focale fixe de 28mm. En pratiquant à répétition ainsi, j'ai le sentiment d'avoir très nettement amélioré mon "jeu large", alors qu'avec Bruce Gilden j'ai pu exploré le "jeu proche" voire le jeu dangereux.

Toutes les photos montrées ici, je ne les aurais pas faites avant, ni même cherchées, ce sont des compositions qui viennent compléter mon arsenal à disposition quand je suis dans la rue.

Photo Genaro Bardy - Cidade Baixa Salvador, Jan 2020

Photo Genaro Bardy - Carnaval Salvador Fuzuê, Feb 2020

Photo Genaro Bardy - Festa Iemanjá Salvador, Feb 2020

Ne pas avoir peur du regard caméra

Cette recherche de compositions complexes m'a aidé à comprendre un autre élément en photographie de rue : qu'il le veuille ou non, le photographe fait toujours partie de la photo.

Je m'explique. En m'approchant très près de mes sujets en essayant de remplir le cadre avec différentes scènes, j'ai souvent des regards dans ma direction au moment de mon déclenchement. Intuitivement je pourrais me dire qu'un regard caméra fait franchir au sujet le 4eme mur, on "voit que le sujet me voit", ce qui pourrait faire croire que le moment naturel est perdu. Ce n'est absolument pas le cas.

Quelle que soit la photographie, le photographe fait partie du message, de l'émotion qui est transmise. Quand on observe une photo, quelle que soit la scène, naturelle ou pas, on sait que le photographe était là. On réagit bien sûr à une construction picturale, à une composition, aux couleurs, au moment représenté, mais on sait toujours qu'il y avait un photographe pour déclencher.

Certaines photographies d'Alex Webb sont fascinantes pour moi, même avec un regard caméra, ou peut-être même à cause du regard caméra ! La photographie n'a pas à être impérativement naturelle, prise sur le vif et non posée ("candid" en anglais qui n'a pas d'équivalent) pour être réussie et transmettre une émotion forte.

Photo Genaro Bardy - Salvador, Feb 2020

Photo Genaro Bardy - New Yorkers, Nov 2019

Photo Genaro Bardy - Salvador, Feb 2020

Les compositions d'Alex Webb demandent beaucoup de pratique

J'ai commencé à pratiquer ce type de compositions en Colombie au mois de septembre dernier et j'ai continué depuis à New York et chez moi à Salvador. J'ai eu plus de succès à Salvador, j'ai pu croire à un moment que les compositions d'Alex Webb soient plus adaptées à un climat tropical. C'est vrai d'un certain point de vue, les forts contrastes et les ambiances tropicales sont mis en valeur par cette approche, mais je crois surtout que j'ai progressé avec la mécanique et pris l'habitude d'aller chercher ce type de composition.

Je comprend maintenant que je ne peux pas simplement décider de réaliser des photographies comme Alex Webb, comme une envie de photographier. Par opposition il est relativement "facile" de décider de se positionner à un mètre de ses sujets, avec ou sans flash, la contrainte est tellement forte qu'elle impose presque un type de cadrage et donne un résultat immédiat.

Les compositions "complexes" d'Alex Webb sont un heureux hasard qui résulte de quantité de paramètres. Non seulement il me faut décider de m'approcher ou d'avoir un point de passage très près de ma caméra, mais je dois travailler encore et encore mon regard avec ce petit mantra qui l'accompagne en permanence : "More", plus de gens, plus de scènes, plus d'éléments qui rentrent dans le cadre.

Photo Genaro Bardy - Cidade Baixa Salvador, Fev 2020

Photo Genaro Bardy - Cidade Baixa Salvador, Fev 2020

Photo Genaro Bardy - Salvador, Fev 2020

Une inspiration vient compléter votre photographie

Si vous vous inspirez du travail d'un photographe, vous ne remplacerez pas ce que vous photographiez déjà, ça viendra en plus. Je ne crois pas que l'on puisse dire qu'une seule de ces photographies ressemble vraiment à celles d' Alex Webb. Elles restent représentatives de mon regard, et de personne d'autre.

Par ailleurs travailler comme cela ne m'a jamais empêché de continuer à photographier comme j'en ai l'habitude. Quand je vois une scène, un regard ou un geste que j'ai l'habitude de photographier, je continue à le prendre. Mon inspiration d'Alex Webb m'a simplement permis de voir plus et plus souvent, dans des moments où je ne serais jamais allé chercher des photos auparavant. Et quel bonheur de voir plus souvent, d'aller renifler une scène que je crois complexe et après quelques mouvements de trouver un moment où tout se met en place.

Le résultat n'est jamais celui que j'aurais pu espéré, il y a un élément de surprise encore très fort pour moi, certainement parce que je pratique depuis relativement peu de temps. Mais c'est aussi parce qu'une "bonne" photographie est un moment rare, un cadeau que le présent fait au photographe qui décide d'aller le chercher.

Photo Genaro Bardy - Salvador, Fev 2020

Photo Genaro Bardy - Cartagena Colombia, Sep 2019

Photo Genaro Bardy - Salvador, Fev 2020

Photo Genaro Bardy - New York, Nov 2019

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Lancement Fujifilm X100 V et Tatsuo Suzuki - La polémique absurde

Lors du lancement du nouveau boitier Fujifilm X100V, le fabricant Japonais a réalisé une série de vidéos mettant en avant plusieurs ambassadeurs de la marque. Le Fujifilm X100 étant réputé pour la pratique de la photographie de rue, il était normal et légitime de promouvoir la pratique de Tatsuo Suzuki.

Le jour du lancement la méthode de prise de vue de Tatsuo Suzuki a créé la polémique et des centaines de commentaires agressifs rejetant la pratique du photographe, qui s'approche au plus près de ses sujets dans les rues de Tokyo. Devant la masse de commentaires négatifs, Fujifilm a tout d'abord retiré la vidéo de Youtube (vous pouvez encore la voir ici avant qu'elle ne soit attaquée par Fujifilm et éventuellement retirée à nouveau), puis retiré toute mention de Tatsuo Suzuki de son programme X Ambassador.

Voilà les faits et pour rester mesuré je dirais que je suis en total désaccord avec l'attitude de Fujifilm vis à vis de son ambassadeur et de son travail, et bien sûr je suis en vive opposition avec tous ceux qui condamnent les méthodes du photographe.

Pour commencer, voici la vidéo en question qui a été ré-uploadée par un utilisateur sur Youtube. Je la commence à la 43ème seconde pour que vous puissiez voir Tatsuo Suzuki effectivement en train de prendre des photos.

https://youtu.be/Wy2YzUvHDq0?t=43

Film de Promotion au lancement du Fujifilm X100V - Tatsuo Suzuki

Ce type de polémique est fréquent sur Internet mais continue à me surprendre. Voici deux articles en anglais des sites Fstoppers et Petapixel :

Les sites Petapixel et Fstoppers sont clairement en compétition sur le volume de trafic et à l'heure où j'écris ces lignes ces 2 articles sont les plus partagés sur leurs sites respectifs. Fstoppers a publié l'article d'un photographe qui s'éloigne radicalement des faits de la polémique, Andy Day s'en prend directement à Tatsuo Suzuki et je dois dire que ça me fout en boule. Essayons de prendre ses principaux arguments, ils ne sont finalement pas si nombreux.

Le titre : "Est-ce qu'avoir un appareil Fuji vous donne le droit d'être odieux ?"

Ce titre est écrit pour accentuer les réactions en commentaires. Évidemment sur le plan du principe personne ne veut être odieux (ou infect selon comment on traduit "Obnoxious"), mais quel est le rapport avec le droit ? Et avec le Fuji X100 qui est clairement un élément de contexte ici ? Aucun. Ce titre est écrit pour plaire à Google (comme le mien hein) et pour accentuer la polémique.

Je comprends très bien que l'on puisse trouver cette méthode de prise de vue intrusive ou dérangeante. Je suis pourtant persuadé également que cette méthode est nécessaire à ce type de photo, avec des personnes en gros plan dans leur quotidien. Ces photos sont nécessaires à titre documentaire et je les trouve personnellement magnifiques, totalement représentative d'un mouvement artistique en photographie.

Mais le sujet n'est pas là ! Les personnes sont-elles dérangées dans leur quotidien ? Parfois oui, c'est assez évident dans la vidéo. Peut-être Tatsuo Sizuki gagnerait a être un peu plus engageant ou souriant avec ceux qu'il croise. Mais a-t-il le droit de procéder ainsi ? Oui bien sûr. C'est autorisé et je trouve personnellement cela utile à la photographie.

Ce titre est un clickbait et ni Andy Day ni Fstoppers ne devraient en être fiers.

https://www.instagram.com/p/B65hAewBAqS/

https://www.instagram.com/p/B5swnYqBLan/

Il photographie sans éthique

Voilà le passage qui m'énerve particulièrement :

"This style of shooting is reminiscent of photographer and self-confessed provocateur Bruce Gilden who established a reputation for in-your-face flash photography. “I have no ethics,” says Gilden, proud of his supposed bravery for the proximity of his images, essentially explaining that he is so arrogant that he doesn’t care."

Andy Day dans l'article FStoppers

Prendre une phrase hors contexte "Je n'ai pas d'éthique" de Bruce Gilden sans aucun lien vers une source pour se faire son idée est du journalisme de bas étage. Oui Bruce Gilden est arrogant et provocateur, décrié pour ses méthodes par certains des plus grands noms de la photographie.

Mais regardez le travail de Bruce Gilden, ses portraits, ses photographies de rue. C'est un corpus splendide, qui me prend à la gorge par sa vérité et les émotions qu'il transmet. Je voulais justement écrire sur Bruce Gilden et cette polémique m'en empêche, ce n'est que partie remise.

Quand à Tatsuo Suzuki, il n'a jamais renié une éthique dans son travail, quel coup bas de lui attribuer des idées de Bruce Gilden. Il reconnait vouloir provoquer des réactions, et manifestement ça ne plait pas à la majorité de ceux qui voient sa vidéo, mais comme pour Bruce Gilden regardez son travail et essayez de me dire que cet homme n'a pas d'empathie.

Pour moi l'erreur ici a surtout été dans la production de la vidéo par Fujifilm qui n'a pas assez montré les photos de Tatsuo Suzuki avant de le montrer en train de shooter dans Tokyo.

https://www.instagram.com/p/B67QsyYpAe_/

https://www.instagram.com/p/B2XGvpkhSiz/

https://www.instagram.com/p/B3adIcQBFCf/

Ce type de photo montre plus l'ego du photographe

Je pense qu'on atteint des sommets ici :

"The concept — elevated by the likes of Magnum and the art world in general — of the photographer as a big game hunter, a heroic, often hyper-masculine figure who bravely sets out into the world to deploy his mastery over technology to create art is one that has become tired. The online reaction to Suzuki’s work is an indication that audiences are starting to see beyond the surface of the resulting images and into the arrogant, ego-driven unpleasantness that goes into their creation."

Andy Day in Fstoppers

Je suis sidéré par ce passage. Quel photographe de rue se proclame un héros des temps modernes ? Aucun. Tout au plus un sociologue ou un artiste, oui. Le summum est atteint par Andy Day en justifiant sa diatribe avec le qualificatif "souvent hyper-masculin". Pour moi c'est la démonstration que cet article est fait pour énerver et appeler au commentaire, je ne crois pas qu'on puisse être aussi stupide inconsciemment.

La méthode peut PARAITRE agressive, mais elle est légale et tout se passe dans un espace public. Andy Day laisse entendre que la photographie de rue n'aurait pas encore eu son moment #MeToo ? Mais de quelle agression parlons-nous ici ? Il n'y en a aucune, il suffit de regarder la vidéo.

Comment peut-on se réjouir que les réseaux sociaux permettent d'arrêter une pratique supposée du passé ? Andy Day est photographe... Je suppose qu'il n'a jamais travaillé autrement qu'avec des mannequins ou en commande.

Je suis au contraire désespéré que les réseaux sociaux donnent de la voix à tous ceux qui ne comprennent pas ce qui est en train se passer devant leur yeux et pourquoi ces photos sont importantes. Je suis encore plus atterré par la réaction de Fujifilm qui aurait dû tenir bon, soutenir son photographe, et profiter de la polémique pour sortir grandi de cet épiphénomène.

Les photos de Tatsuo Suzuki ne sont pas à propos de son ego, il suffit de passer 5 minutes sur son travail pour s'en rendre compte.

https://www.instagram.com/p/B7_C01hhlA1/

https://www.instagram.com/p/B6VFf0Qha1q/

https://www.instagram.com/p/B5C974fhEC7/

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Surmonter ses peurs en photographie de rue

La peur est le premier frein à la photographie de rue, commençons par vous en affranchir pour photographier plus libéré.

Toute la difficulté en photographie de rue réside dans sa pratique, dans le fait de surmonter la peur de photographier des inconnus sans leur demander la permission.

Personnellement j'ai loupé des dizaines, des centaines, probablement des milliers de photographies depuis que j'ai commencé la photographie de rue il y a 12 ans, uniquement parce que j'ai eu peur. Cela peut prendre plusieurs formes :

  • "je n'ai pas osé"

  • "je n'ai pas voulu le/la déranger"

  • "le moment est passé"

Parfois je prendrai l'excuse d'avoir à avancer parce que je suis en route vers une destination, d'autres fois parce que mon appareil photo n'est pas prêt. Toutes ces raisons sont en réalité des expressions de la peur. La peur de photographier dans la rue ne disparait jamais vraiment pour moi, j'ai juste appris à composer avec.

En d'autres termes, si vous voulez progresser en photographie de rue, vous devez avant toute chose prendre confiance en vous et surmonter vos peurs.

Connaissez vos peurs

La première étape pour surmonter ses peurs de la photographie de rue est de verbaliser ces peurs et d'effectivement les noter sur un bout de papier.

Allez-y je vous laisse 5 minutes.

Je suis sympa vous pouvez même écrire ici :

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Toutes les peurs que j’entends exprimées lors de mes workshops tournent toujours autour des mêmes éléments, qui sont des variations des mêmes peurs que voici avec mes réponses :

  • Peur d’être ridicule

Cette peur est normale, naturelle. Les photographes de rues sont des bêtes curieuses avec leur appareil qui ne sert pas aux selfies, dirigé vers les autres. Ils s'approchent et s'immiscent parfois dans la vie des gens.

Le ridicule, vraiment ? Si vous prenez deux secondes pour réfléchir au ridicule de la situation vous verrez que le ridicule est rare. Et quand bien même vous vous trouviez ridicule, vous savez que cela n'a jamais tué personne.

Quand j'entends cette peur exprimée, je sais qu'elle correspond à un(e) photographe qui a très peu pratiqué, qui débute en photographie de rue.

Photo Genaro Bardy - La Ville Miraculeuse Paris, 2011

  • Peur d’être agressé

La peur d'une réaction violente de la part des sujets en photographie me semble beaucoup plus légitime à priori. On sait instinctivement que certaines personnes ne veulent tout simplement pas être photographiés dans leur quotidien.

Mais de là à être agressé ? Non, je peux vous assurer je n'ai JAMAIS été physiquement agressé en pratiquant la photographie de rue. J'ai vécu pendant des années dans le 18ème arrondissement de Paris, pas très loin d'un quartier nommé 'La Goutte d'Or' réputé pour ses fréquentations peu recommandables. C'est le seul endroit en 12 ans où j'ai eu une réaction violente par un couple, l'homme clairement éméché ou drogué qui menaçait de me casser mon appareil. J'ai effacé la photo et passé mon chemin.

La pire des pires situations pour moi a fini en menaces. Et je peux vous assurer que de Rio de Janeiro à Johannesburg, j'ai photographié dans certaines des villes les plus dangereuses au monde. Vous pouvez rencontrer des réactions inconfortables en photographie de rue, même arriver jusqu'à une certaine forme de violence verbale.

La réalité c'est que 95% des gens que je croise ne font même pas attention à moi, ou s'ils me voient ne prennent pas le temps de s'arrêter et de me parler. Une personne me demande parfois si je l'ai prise en photo, mais la plupart du temps en continuant à marcher. Je réponds "oui" et "merci", et si la personne s'arrête j'explique ma démarche : je suis photographe et je travaille sur un projet dans la ville où nous nous trouvons. Parmi ceux qui me parlent, 95% comprennent et sont plutôt amicaux.

On me demande parfois d'envoyer la photo si elle est réussie. On me demande ce que je vais en faire, si je travaille pour la presse. Mais d'agression ? Jamais.

Photo Genaro Bardy - Parisiens, 2019

  • Peur d’importuner

On peut avoir peur de déranger la personne qui est photographiée, surtout si la distance laisse penser qu'elle pourrait être reconnaissable sur la photo. Encore une fois ceux qui seront vraiment importunés représentent à peu près 5% de ceux qui s'arrêteront, eux-même représentant 5% des personnes photographiées.

Pratiquez une séquence de discussion que vous répéterez encore et encore pour vous y habituez :

  1. Souriez en permanence.

  2. Engagez la conversation avec ceux qui viennent vers vous. Surtout ne fuyez pas en cachant votre appareil.

  3. Expliquez votre démarche : "je suis photographe" - "je suis étudiant en photographie" - "je travaille sur un projet personnel" ...

  4. Personnellement je profite de la situation pour savoir si je peux réaliser un portrait de la personne qui s'est arrêtée.

Vous avez toujours la possibilité d'effacer la photo si la personne n'est vraiment pas contente (encore une fois c'est rare). Personnellement j'essaye de ne jamais effacer mes photos, avant tout parce que j'en ai le droit, ce qui nous amène au point suivant.

  • Peur de ne pas avoir le droit

Connaissez vos droits : vous avez le droit de photographier dans un lieu public, même si les personnes sont reconnaissables sur les photos !

Pour élaborer un peu plus votre discours, je vous renvoie à cet article :

Photo de rue et droit à l’image

On peut photographier des inconnus sans demander la permission

En France vous avez le droit de prendre des personnes en photographie dans des lieux publics sans leur demander la permission. C'est aussi vrai dans la plupart des pays que j'ai pu visiter. Mais l'utilisation d'un discours sur mon bon droit est RA-RI-SSIME.

Photo Genaro Bardy - New Yorkers, 2019

Commencez par demander la permission

Cela pourrait paraître paradoxal, mais demander la permission est probablement le meilleur moyen de s'habituer à ne plus la demander.

L'objectif de cette méthode est de :

  • vous habituer à aller vers des inconnus et à engager la conversation

  • vous habituer à être rejeté, à ce qu'on vous dise "non"

  • réaliser que lorsque vous ferez un portrait, vous n'êtes pas obligé de ne déclencher qu'une seule fois. Vous pouvez chercher le meilleur cliché, travailler votre scène et attraper des moments naturels.

Commencez par réaliser des portraits dans la rue. Cela vous habituera à parler à des inconnus, à vous approcher, cela vous obligera à vous lancer avec des mots avant de vous lancer avec un boitier.

Le meilleur exercice est d'essayer d'obtenir 5 OUI et 5 NON, 5 personnes qui acceptent que vous réalisiez un portrait, et 5 qui refuseront. Vous verrez que vous aurez beaucoup de mal à obtenir 5 refus :)

Photo Genaro Bardy - Bahianos, 2019

Pêcher avant de chasser

Les techniques de prises de vue en photographie de rue peuvent se classer en deux grandes catégories :

  • Trouver un cadre et attendre -> aller à la pêche

  • Trouver un sujet et le suivre -> aller à la chasse

Il va sans dire que chasser est beaucoup plus difficile parce que la peur est encore plus grande. J'y trouve personnellement une adrénaline qui participe à mon plaisir, mais ce serait un autre sujet.

Mon propos ici est de vous dire de trouver un cadre intéressant et d'attendre que des personnes traversent votre cadre. Si vous choisissez un lieu très fréquenté ce sera plus facile de vous habituer à être proche de vos sujets.

Photo Genaro Bardy - La Ville Miraculeuse Paris , 2012

Photo Genaro Bardy - Primal NYC, 2019

C'est en forgeant

C'est en photographiant dans la rue que la peur de photographier dans la rue disparait.

Le peintre Edgar Degas, bien que connu pour ses magnifiques tableaux impressionnistes de danseuses, s'est entiché brièvement de la poésie. Edgar Degas était un esprit créatif brillant, tout le potentiel pour de magnifiques poèmes à disposition, il avait de l'inspiration sans difficulté. Et pourtant vous ne trouverez pas de poèmes d'Edgar Degas. Une fameuse conversation pourrait en être l'explication. Un jour, Degas se plaignait auprès de son ami le poète Stéphane Mallarmé à propos de ses difficultés à écrire. "Je n'arrive pas à dire ce que je souhaite, et pourtant je suis plein d'idées". La réponse de Mallarmé est passée à la postérité :

"Ce n'est pas avec des idées qu'on fait des vers,

c'est avec des mots".

Alors oui, nous pouvons conceptualiser la peur en photographie de rue autant que nous le souhaitons. Mais à un moment il va falloir prendre votre appareil photo et vous y confronter, il va falloir effectivement prendre des photographies dans la rue pour que vous réalisiez que la peur existe, que ce n'est pas si grave et qu'on arrive à s'en accommoder.

Combien de fois avons nous pensé : "ça ferait une bonne idée de film", "j'aimerais écrire un livre un jour", "si je faisais plus d'efforts j'y arriverais". Et combien de livres avons-nous écrit ? Combien de ces films ont été réalisés ? Uniquement ceux qui se sont retroussés les manches peuvent en parler.

Allez photographier dans la rue. Pas demain, pas la semaine prochaine, pas quand vous n'aurez plus peur. Vous aurez toujours peur. Si vous sortez photographier maintenant je peux vous assurer que vous serez un(e) meilleur(e) photographe en revenant.

Comme le dit si bien Austin Kleon :

"Beaucoup de personnes veulent être le nom,

sans faire le verbe".

Ce n'est pas avec des intentions que l'on devient photographe de rue, c'est avec du travail.

Photo Genaro Bardy - New Yorkers, 2019

Apprenez à aimer la peur

En fin de compte, vous vous intéressez probablement à la photographie de rue parce que vous êtes un(e) humaniste. Vous vous intéressez à ceux qui vous entourent ou que vous croisez, vous devez savoir que c'est une empathie particulière, pas si fréquente. Cette empathie participe bien sûr complètement à la fabrication de vos peurs. Au final vous vous mettez à la place des personnes que vous prenez en photo.

Je répèterai cette phrase autant que nécessaire : la peur ne part jamais vraiment. Avec la pratique je dirais même que la peur est un bon signe. Si j'ai peur de prendre une photo, je prends ça comme le signe qu'en réalité c'est parce que la photo est intéressante, parce que la scène vaut le déplacement. Si la scène n'était pas intéressante, il va sans dire que je n'aurais pas peur d'y aller.

Utilisez votre peur, appréhendez-la et essayez de reconnaître le positif : vous avez peur parce que vous vous apprêtez à prendre une bonne photo.

La peur est ce qui rend la photographie de rue difficile, mais c'est aussi tout son sel, toute son adrénaline. Sans la peur, vous n'y prendriez probablement aucun plaisir. Apprenez à aimer la peur.

Photo Genaro Bardy - New Yorkers, 2018

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Le Ricoh GR II est le meilleur appareil pour la photo de rue

Photo Genaro Bardy

Je sais que je ne devrais pas parler de matériel. Un autre appareil photo que celui que vous avez déjà ne vous rendra pas un.e meilleur.e photographe. Mais chaque appareil présente tout de même quelques avantages, et je n'ai pas trouvé mieux que le Ricoh GR II pour la photographie de rue.

J'ai essayé un grand nombre d'appareils pour la photographie de rue, des réflex, des hybrides, des compacts, des moyen-format, des télémètres, avec mise au point manuelle ou automatique. J'ai eu un Leica M8 avant qu'il ne plante et prenne la poussière parce que sa réparation coûte la moitié de sa valeur. J'ai essayé dans la rue tous les appareils que j'ai eu la chance d'avoir entre les mains, et rien n'atteint le plaisir que je prends en photographie de rue avec le Ricoh GR.

Ricoh GR II

Voici 5 raisons qui en font pour moi le meilleur appareil photo que vous puissiez trouver pour la photo de rue :

Discret

C'est une évidence, l'appareil a été conçu pour cela. Mais quel plaisir d'avoir une telle performance et vitesse d'exécution dans un appareil aussi petit, et donc discret. Le Ricoh GR II tient littéralement dans la main et il est conçu pour n'être opéré que d'une main. Le pouce et l'index de la main droite suffisent pour tout régler, c'est un régal.

Si vous cherchez à être invisible en photographie de rue, le Ricoh GR est l'appareil idéal. Il s'allume plus vite que vous y pensez et Ricoh a intégré un système merveilleux pour la photographie de rue : le mode "Snap Focus". Le principe est de régler à l'avance une distance de mise au point, par exemple de 1m50 que j'utilise beaucoup, si vous déclenchez en appuyant sur le bouton de déclenchement au maximum l'appareil se mettra au point directement à la distance prédéfinie.

En d'autres termes vous avez un autofocus performant, et quand vous le souhaitez vous pouvez passer en "Zone Focus". C'est redoutable, tellement malin et sacrément utile en photographie de rue. Je me surprends à décider de déclencher plus tardivement sur certaines scènes, je suis plus réactif et j'ai accès à plus de photos qu'auparavant.

Attention, mon but n'est pas de vous dire de pratiquer la photo de rue comme un ninja (quoique l'idée me plait déjà) et de vous cacher. Je montre toujours que je suis en train de faire de la photo, j'ai une dragonne autour du cou ou du poignet, je garde le sourire et discute quand je suis repéré. Je suis juste beaucoup moins repéré qu'avec un autre appareil.

Le Ricoh GR II est pour moi le meilleur 2ème appareil photo. Je l'appelle 2ème parce que je ne pourrais pas travailler en commande avec, mais en réalité c'est vraiment le 1er parce que je l'ai TOUT LE TEMPS avec moi.

Photo Genaro Bardy - New York, 2019

Photo Genaro Bardy - New York, 2019

Photo Genaro Bardy - New York, 2019

Focale fixe de 28mm

Je suis un amoureux du Fujifilm X100 qui a une focale de 35mm. J'ai longtemps pesté contre Sony qui ne proposait pas d'équivalent sur A7 à l'optique 35mm F2.0 du Sony RX1R. Ils ont réparé cette offense depuis avec le 35mm F1.8 qui est une merveille (je l'ai essayé à Photoplus), mais l'optique seule est quasiment au prix du Ricoh GRIII...

Et puis je me suis rendu compte en sortant quelques exemples pour un article que toutes mes photographies de rue préférées depuis 2 ans étaient toutes réalisées au 28mm, focale que j'utilise sur mon Sony A7. Je croyais l'angle trop large pour mon goût mais en réalité j'arrive à faire plus et mieux avec cette focale. La plupart du temps j'ai juste besoin d'un pas en avant si je suis trop large.

Photo Genaro Bardy - Salvador de Bahia, 2020

Photo Genaro Bardy - Salvador de Bahia, 2020

Photo Genaro Bardy - Salvador de Bahia, 2020

Qualité d'Image

Seuls 2 éléments sont à prendre en compte pour la qualité d'image : le capteur et l'optique. L'optique du Ricoh GR II est remarquable, le résultat est pour moi excellent. Quant au capteur il est de taille APS-C, ce qui est notable pour un appareil si compact.

J'avais peur en arrivant d'un Sony A7R de manquer de pixels, le capteur du Ricoh GR II n'en proposant que 16M. Alors oui ça se ressent sur la plage dynamique et la capacité à ajuster le développement, mais ce n'est pas fondamental pour moi. Et en réalité je ne recadre ni plus ni moins avec le Ricoh GR.quand j'ai besoin de recadrer j'essaye de toute façon d'éviter de dépasser 15-20% de la taille de l'image, 16M de pixels sont largement suffisants.

Enfin les profils colorimétriques pour les fichiers Jpeg sont excellents. J'adore les différents noir et blanc, je passe des journées entières avec le "High Contrast Black and White". Le profil "Positive" ressemble à une pellicule Portra et j'ai apprécié jouer avec le "Bleach Bypass" (ce qui m'a permis au passage de découvrir cette technique créative de développement, dont le profil s'inspire). Vous pouvez de toute façon ajuster chaque "pellicule" selon votre goût, pour beaucoup de photos récentes je n'utilise que le Jpeg.

Si vous ressentez le besoin de pixels, vous avez toujours le Ricoh GR III qui est sorti l'année dernière avec 24M de pixels et une nouvelle optique.

Photo Genaro Bardy - Salvador de Bahia, 2020

Photo Genaro Bardy - Salvador de Bahia, 2020

Photo Genaro Bardy - New York, 2019

Flash

J'ai longtemps pris le flash pour une bête curieuse en photographie, surtout parce que j'étais un idiot. La vérité c'est que le flash rend tout plus beau. Ou différent hein, je vais pas me battre avec les goûts de chiotte. Et en photographie de rue le flash me permet de conserver des réglages fixes quand je veux m'approcher très près de mes sujets.

C'est un style différent, mais le flash intégré du Ricoh GR II est parfait, lui aussi très discret. Il suce un peu plus la batterie qui est déjà très juste, mais de toute façon il est recommandé d'avoir une seconde batterie sur soi en permanence, la taille du Ricoh GR ne permet pas les longues sorties.

Si vous avez vos yeux sur le Ricoh GR III, pour ses 24M de pixels, le stabilisateur d'image ou le nettoyeur de poussières (un reproche récurrent du GR II), vous devez savoir qu'il n'a pas de flash. Et personnellement j'adore le flash.

Photo Genaro Bardy - Salvador de Bahia, 2020

Photo Genaro Bardy - Salvador de Bahia, 2020

Photo Genaro Bardy - Salvador de Bahia, 2020

Nouvelles perspectives

Entre la discrétion extrême et le flash, j'ai déjà beaucoup de choses avec lesquelles jouer sur le Ricoh GR II. Mais le mode qui m'a le plus surpris est le mode Macro. Il est maintenant tout le temps enclenché et je n'hésite plus à m'approcher de manière indécente de tout ce que je peux trouver de curieux dans la ville. Le terrain de jeu est immense et j'ai l'impression de découvrir un pan entier de la photographie de rue auquel je n'avais jamais eu accès.

Le premier modèle de GR était un argentique et avait été conçu avec l'aide de Daido Moriyama. Quand on connait son travail et son goût de l'étrange dans la ville, on comprend mieux pourquoi le mode Macro devait lui paraître indispensable. C'est mon cas maintenant, je ne pourrais plus m'en passer. Le mode Macro ouvre de nouvelles perspectives, et c'est drôlement amusant.

Photo Genaro Bardy - Salvador de Bahia, 2020

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