Comment je règle mon appareil photo pour ne plus y penser

C'est probablement la partie de la pratique photographique à laquelle je pense le moins : le réglage de l'appareil. Néanmoins, lors du lancement de ma formation à la photographie, certains participants m'ont dit être débutants en photographie, ils ont acheté leur premier appareil photo il y a très peu de temps. Alors je tiens à préciser ici ce que je ne décris pas dans la partie technique de mon dernier livre : comment je règle mon appareil photo.

Avant tout je tiens à dire que ce qui suit n'est en rien une recommandation ou un conseil. C'est ma méthode, celle que j'emploie qui correspond probablement le mieux à ma pratique de la photographie. L'idée est ici de vous l'expliquer pour que vous trouviez la vôtre.

La technique, il est bon de la fréquenter pour la connaître intimement.

Après quoi elle doit vous ficher royalement la paix.

Robert Doisneau

Par défaut : Priorité Vitesse

Mon mode de prise de vue par défaut est le mode Priorité Vitesse. Les types de photographies que je pratique le plus sont dépendants de la Vitesse d'obturation. Que ce soit en commande ou en reportage, chez moi avec un enfant en bas âge, ou en photographie de rue qui m'occupe le reste du temps, je ne veux pas louper un moment qui passe vite parce que je serais réglé trop lent.

Ainsi, en mode Priorité Vitesse, je règle par défaut au 1/250e de secondes. Ma Sensibilité est fonction de la quantité de lumière, le plus souvent 400 / 800 ou 1200 ISO. J'ai tendance à commencer assez haut en sensibilité pour ne pas risquer de taper régulièrement dans la plus haute Ouverture, qui sera décidée par mon appareil.

Dans un mode semi-automatique comme la priorité Vitesse, ma mesure d'exposition est importante. Pourtant, je la change rarement voire jamais, elle est réglée sur le centre de mon image. Quand j'ai besoin de varier mon exposition, j'utilise la molette ou le contrôle de cette mesure d'exposition selon le boîtier.

Enfin mon autofocus est par défaut en AF-S Single Shot. Notamment en photographie de rue, je veux décider où est mon point, même sur des sujets en mouvement. Je ne passe en AF-C Continu qu'en famille, mon fils étant assez tonique :) ; ou lors d'un événement ou les mouvements sont intenses. Je travaille notamment pour une salle de sport, je réussi plus de clichés en AF-C dans ce cas là.

Pour aller plus loin :

Contrôlez le mouvement – le mini-guide de la vitesse

Paysage et Portrait : quand je veux maîtriser la profondeur de champ

Prenons l'exemple de la photographie de rue, mon appareil est le plus souvent réglé sur cette pratique. Je suis donc en mode Priorité Vitesse au 1/250e de secondes. Le contrôle de la vitesse me permet d'être créatif avec des vitesses très basses (en dessous du 1/60e de secondes), ou de figer des sujets très rapides en réglant facilement au 1/500e ou 1/800e de secondes.

Puis quand je bascule sur un portrait ou un paysage, où la profondeur de champ sera importante, je passe en priorité Ouverture et règle sur F2 à F4 pour le portrait et F8 à F16 pour le paysage. Pour un portrait je tourne la molette au moment où je commence à discuter et demander à mon sujet si je peux passer un peu de temps avec lui. Pour un paysage, par principe on va dire que j'ai le temps de régler précisément, puis d'attendre éventuellement qu'une scène au premier plan soit meilleure.

Pour aller plus loin :

Le mini-guide de l’ouverture

Mode Programme (P) de plus en plus souvent

Depuis que je passe mes journées avec un Ricoh GR, je dois bien dire que le plus souvent je suis en mode de prise de vue P avec une sensibilité à 1200ISO. 80% du temps le Ricoh GR ira sur F5.6 et une vitesse plutôt élevée. Si jamais j'ai besoin de contrôler la profondeur de champ, je peux toujours mettre un coup de molette dans un sens ou dans l'autre.

En photographie de rue, le mode P + 1200 ISO est redoutable, ultra rapide. Mon autofocus est en mode Snap sur le Ricoh GR avec une distance à 3m, ce qui veut dire que dans la grande majorité des cas je n'ai pas besoin de faire de mise au point (le mode Snap saute l'étape de l'autofocus et reste calé sur une distance), tout sera net entre 3m et 10m devant moi. Avec la taille du boîtier et le mode Snap, je shoote plus, plus souvent, je peux travailler mes scènes beaucoup plus longtemps avant d'être repéré.

Pour aller plus loin :

Vous avez le droit d’utiliser un mode automatique

Trouvez votre système

Le réglage de votre appareil doit d'abord être contraint par votre intention créative. Partez de ce dont vous avez besoin, puis déduisez le réglage qui correspond le mieux. Les modes automatiques, s'ils sont bien maîtrisés, sont parfaits pour être plus rapide dans votre exécution. Je n'ai jamais vu le mode manuel comme une preuve d'expertise, j'y suis simplement contraint parce qu'un de mes boitiers a une mesure d'exposition défectueuse.

J'espère que ces petits réglages vous aideront, allez voir les articles en référence si ce que je vous raconte est encore trop complexe :

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Le Ricoh GR II est le meilleur appareil pour la photo de rue

Photo Genaro Bardy

Je sais que je ne devrais pas parler de matériel. Un autre appareil photo que celui que vous avez déjà ne vous rendra pas un.e meilleur.e photographe. Mais chaque appareil présente tout de même quelques avantages, et je n'ai pas trouvé mieux que le Ricoh GR II pour la photographie de rue.

J'ai essayé un grand nombre d'appareils pour la photographie de rue, des réflex, des hybrides, des compacts, des moyen-format, des télémètres, avec mise au point manuelle ou automatique. J'ai eu un Leica M8 avant qu'il ne plante et prenne la poussière parce que sa réparation coûte la moitié de sa valeur. J'ai essayé dans la rue tous les appareils que j'ai eu la chance d'avoir entre les mains, et rien n'atteint le plaisir que je prends en photographie de rue avec le Ricoh GR.

Ricoh GR II

Voici 5 raisons qui en font pour moi le meilleur appareil photo que vous puissiez trouver pour la photo de rue :

Discret

C'est une évidence, l'appareil a été conçu pour cela. Mais quel plaisir d'avoir une telle performance et vitesse d'exécution dans un appareil aussi petit, et donc discret. Le Ricoh GR II tient littéralement dans la main et il est conçu pour n'être opéré que d'une main. Le pouce et l'index de la main droite suffisent pour tout régler, c'est un régal.

Si vous cherchez à être invisible en photographie de rue, le Ricoh GR est l'appareil idéal. Il s'allume plus vite que vous y pensez et Ricoh a intégré un système merveilleux pour la photographie de rue : le mode "Snap Focus". Le principe est de régler à l'avance une distance de mise au point, par exemple de 1m50 que j'utilise beaucoup, si vous déclenchez en appuyant sur le bouton de déclenchement au maximum l'appareil se mettra au point directement à la distance prédéfinie.

En d'autres termes vous avez un autofocus performant, et quand vous le souhaitez vous pouvez passer en "Zone Focus". C'est redoutable, tellement malin et sacrément utile en photographie de rue. Je me surprends à décider de déclencher plus tardivement sur certaines scènes, je suis plus réactif et j'ai accès à plus de photos qu'auparavant.

Attention, mon but n'est pas de vous dire de pratiquer la photo de rue comme un ninja (quoique l'idée me plait déjà) et de vous cacher. Je montre toujours que je suis en train de faire de la photo, j'ai une dragonne autour du cou ou du poignet, je garde le sourire et discute quand je suis repéré. Je suis juste beaucoup moins repéré qu'avec un autre appareil.

Le Ricoh GR II est pour moi le meilleur 2ème appareil photo. Je l'appelle 2ème parce que je ne pourrais pas travailler en commande avec, mais en réalité c'est vraiment le 1er parce que je l'ai TOUT LE TEMPS avec moi.

Photo Genaro Bardy - New York, 2019

Photo Genaro Bardy - New York, 2019

Photo Genaro Bardy - New York, 2019

Focale fixe de 28mm

Je suis un amoureux du Fujifilm X100 qui a une focale de 35mm. J'ai longtemps pesté contre Sony qui ne proposait pas d'équivalent sur A7 à l'optique 35mm F2.0 du Sony RX1R. Ils ont réparé cette offense depuis avec le 35mm F1.8 qui est une merveille (je l'ai essayé à Photoplus), mais l'optique seule est quasiment au prix du Ricoh GRIII...

Et puis je me suis rendu compte en sortant quelques exemples pour un article que toutes mes photographies de rue préférées depuis 2 ans étaient toutes réalisées au 28mm, focale que j'utilise sur mon Sony A7. Je croyais l'angle trop large pour mon goût mais en réalité j'arrive à faire plus et mieux avec cette focale. La plupart du temps j'ai juste besoin d'un pas en avant si je suis trop large.

Photo Genaro Bardy - Salvador de Bahia, 2020

Photo Genaro Bardy - Salvador de Bahia, 2020

Photo Genaro Bardy - Salvador de Bahia, 2020

Qualité d'Image

Seuls 2 éléments sont à prendre en compte pour la qualité d'image : le capteur et l'optique. L'optique du Ricoh GR II est remarquable, le résultat est pour moi excellent. Quant au capteur il est de taille APS-C, ce qui est notable pour un appareil si compact.

J'avais peur en arrivant d'un Sony A7R de manquer de pixels, le capteur du Ricoh GR II n'en proposant que 16M. Alors oui ça se ressent sur la plage dynamique et la capacité à ajuster le développement, mais ce n'est pas fondamental pour moi. Et en réalité je ne recadre ni plus ni moins avec le Ricoh GR.quand j'ai besoin de recadrer j'essaye de toute façon d'éviter de dépasser 15-20% de la taille de l'image, 16M de pixels sont largement suffisants.

Enfin les profils colorimétriques pour les fichiers Jpeg sont excellents. J'adore les différents noir et blanc, je passe des journées entières avec le "High Contrast Black and White". Le profil "Positive" ressemble à une pellicule Portra et j'ai apprécié jouer avec le "Bleach Bypass" (ce qui m'a permis au passage de découvrir cette technique créative de développement, dont le profil s'inspire). Vous pouvez de toute façon ajuster chaque "pellicule" selon votre goût, pour beaucoup de photos récentes je n'utilise que le Jpeg.

Si vous ressentez le besoin de pixels, vous avez toujours le Ricoh GR III qui est sorti l'année dernière avec 24M de pixels et une nouvelle optique.

Photo Genaro Bardy - Salvador de Bahia, 2020

Photo Genaro Bardy - Salvador de Bahia, 2020

Photo Genaro Bardy - New York, 2019

Flash

J'ai longtemps pris le flash pour une bête curieuse en photographie, surtout parce que j'étais un idiot. La vérité c'est que le flash rend tout plus beau. Ou différent hein, je vais pas me battre avec les goûts de chiotte. Et en photographie de rue le flash me permet de conserver des réglages fixes quand je veux m'approcher très près de mes sujets.

C'est un style différent, mais le flash intégré du Ricoh GR II est parfait, lui aussi très discret. Il suce un peu plus la batterie qui est déjà très juste, mais de toute façon il est recommandé d'avoir une seconde batterie sur soi en permanence, la taille du Ricoh GR ne permet pas les longues sorties.

Si vous avez vos yeux sur le Ricoh GR III, pour ses 24M de pixels, le stabilisateur d'image ou le nettoyeur de poussières (un reproche récurrent du GR II), vous devez savoir qu'il n'a pas de flash. Et personnellement j'adore le flash.

Photo Genaro Bardy - Salvador de Bahia, 2020

Photo Genaro Bardy - Salvador de Bahia, 2020

Photo Genaro Bardy - Salvador de Bahia, 2020

Nouvelles perspectives

Entre la discrétion extrême et le flash, j'ai déjà beaucoup de choses avec lesquelles jouer sur le Ricoh GR II. Mais le mode qui m'a le plus surpris est le mode Macro. Il est maintenant tout le temps enclenché et je n'hésite plus à m'approcher de manière indécente de tout ce que je peux trouver de curieux dans la ville. Le terrain de jeu est immense et j'ai l'impression de découvrir un pan entier de la photographie de rue auquel je n'avais jamais eu accès.

Le premier modèle de GR était un argentique et avait été conçu avec l'aide de Daido Moriyama. Quand on connait son travail et son goût de l'étrange dans la ville, on comprend mieux pourquoi le mode Macro devait lui paraître indispensable. C'est mon cas maintenant, je ne pourrais plus m'en passer. Le mode Macro ouvre de nouvelles perspectives, et c'est drôlement amusant.

Photo Genaro Bardy - Salvador de Bahia, 2020

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