La Permission en Photographie de Rue
Ai-je besoin d'une autorisation écrite pour publier la photo d'un inconnu sur les réseaux sociaux ? Et pour l'exposer ou commercialiser ? Est-ce que je serai poursuivi si j'utilise cette photo que j'ai prise ? D'une manière générale, a-t-on le droit de "voler des photos" ? Ou plutôt, doit-on demander la permission avant de prendre une photo dans la rue ou dans un lieu public ? Ces questions sont tout à fait légitimes et extrêmement fréquentes chez les photographes qui débutent dans la pratique la plus fascinante à mes yeux et en même temps la plus facile à commencer : la photographie de rue.
J'évoquerai ici ma manière personnelle de pratiquer la photographie de rue, ce qui ne constituera en rien une règle ou une obligation. Si vous êtes curieux sur le cadre légal de ce que vous pouvez faire ou ne pas faire, soyons très clair : vous avez le droit de prendre des photographies d'inconnus dans un lieu public, d'exposer et de commercialiser ces photos sans demander la permission. Si vous voulez savoir pourquoi je vous invite à lire cet article qui en détaille les raisons :
Vous n'avez donc aucune obligation de demander la permission pour prendre des photos, même si ces personnes sont reconnaissables. Mais à mon avis, ce n'est pas parce que vous n'êtes pas obligés que vous ne devriez pas le faire de temps en temps.
Demander la permission par écrit
Dans un lieu public, que la personne soit reconnaissable ou non, demander la permission par écrit est absurde. Voir l'article mentionné plus haut. Si vous travaillez avec un ou une modèle (professionnelle ou amateure), pour une photographie mise en scène et dirigée, alors oui cette permission écrite est indispensable. Mais on ne parle plus ici de photographie de rue.
Demander la permission pour s'approcher
Le principal enjeu dans cette demande de consentement à être photographié est pour moi d'abord un moyen de m'approcher au plus près des personnes que je souhaite photographier. En allant demander la permission et en expliquant ma démarche, je m'approche à une distance raisonnable pour dire à cette personne qui m'intéresse : "je suis photographe, je suis en train de photographier [ceci ou cela], est-ce que je pourrais faire un portrait de vous ?". J'ai toujours mon téléphone de prêt pour montrer une série de photos ou mon compte Instagram ´pour rassurer sur la nature des photos que je produis.
Je n'arrive pas à être en permanence discret, et lorsque je croise quelqu'un qui m'intéresse pour une raison ou une autre, je suis parfois instantanément repéré comme photographe. Je procède alors ainsi et vais parler à la personne en question. Quand je me dirige vers elle, je peux toujours prendre des photos qui seront naturelles. Et lorsque je commence mon portrait, c'est à moi de mettre mon sujet suffisamment à l'aise pour que les attitudes soient naturelles, je peux aussi cadrer de manière à ce que la photo ne ressemble pas à un portrait classique "posé".
S'approcher en photographie de rue est pour moi la principale difficulté qui repousse les photographes qui débutent dans cette pratique. Demander la permission et probablement le meilleur moyen de s'habituer à aller vers les autres, et donc de s'approcher.
Demander le consentement pour être respectueux
Quand je photographie dans un lieu public, je cherche parfois à être discret pour être vu le plus tard possible, mais je met un point d'honneur à toujours être transparent sur ma démarche et sur le fait que je suis en train de photographier.
Si je suis vu ou si l'on me pose la question, j'explique ce que je fais. Je sais que je suis dans mon droit quand je photographie ainsi, mais je tiens à être respectueux des personnes qui deviennent mes personnages. Par exemple, j'essaye de ne jamais prendre en photo des personnes qui seraient dans une situation difficile. Si je n'aimerais pas être pris en photo ainsi, je ne déclenche pas.
De la même manière, je veux toujours expliquer ma démarche de photographe lorsque l'on m'en donne l'occasion. C'est d'abord une histoire de respect. Je sais que certains n'ont aucun problème avec le fait de prendre une photo et de partir sans rien dire, personnellement je préfèrerai toujours le dialogue. Ceci étant, je rentre parfois dans un dialogue conflictuel où la personne refuse obstinément que je garde une photo déjà prise. Je met aussi un point d'honneur à ce que mon travail soit respecté et à expliquer le cadre légal qui me permet de garder cette photo.
Comme vous le voyez, j'ai beau parler de respect je suis plein de contradictions. Mais par principe, je préfère toujours un dialogue et une rencontre pour essayer de mieux comprendre les personnes que je photographie.
Demander le pardon
Plus ma pratique de photographie de rue évolue, moins je demande la permission avant de prendre une photo. En réalité ce que je demande, c'est de garder une photo qui a déjà été faite. Plutôt que de demander la permission, je préfère demander pardon.
Demander la permission est un bon exercice pour un photographe débutant, essentiellement parce qu'il a besoin de s'habituer à se confronter aux autres. Mais ce que j'ai constaté avec les années de pratique, c'est simplement que mes photos sont meilleures si je m'approche, je déclenche et travaille ma scène au maximum avant d'être repéré, PUIS je demande la permission de garder les photos.