L'art de l'échec
La photographie de rue est à 99,9% une série d'échecs. Très souvent j'ai un sentiment de défaite, je crois que mes photos ne sont pas assez bien composées ou totalement banales. Cependant je sais aussi que la photographie est une recherche, que c'est le procédé d'essai et d'erreur répété à ce qui semble l'infini qui amène quelques moments de grâce.Il s'agit d'essayer encore et encore.
Peut-être que cet angle fonctionnera, peut être qu'ici je verrais mieux. Je sais qu'en continuant à chercher, éventuellement quelque chose d'intéressant apparaitra. C'est parfois une scène inattendue, une composition sublimée par un geste que je ne pouvais même pas voir à la prise de vue.
Parfois à la fin d'une longue journée, après un long voyage, dans un lieu que j'ai vu mille fois, je me laisse abattre par la fatigue et la paresse, je n'ai plus envie, j'ai faim, je veux aller diner et rentrer dormir, ça suffit maintenant je connais cet endroit. C'est à ce moment là, si je résiste à ma négativité et que je continue qu'une photo inespérée apparait.C'est comme si la frustration était nécessaire à cette photo, l'échec sur les précédentes photos était utile. C'est parfois quand je perds tout espoir que tout se met en place. Apprenez à aimer l'échec.
—Extrait de VA, Lettres à un.e jeune photographe