Pourquoi choisir l’auto-édition pour un livre photo ?

Je suis en pleine semaine de lancement de mon nouveau livre Minha Alma no Banho de Luz, ou plutôt de sa campagne de financement. C’est la 4ème fois que je me lance dans cette entreprise, avec 2 succès et 1 échec relatif jusqu’à présent. La première fois je finançais une exposition, la deuxième je ratais mon objectif mais trouvais un éditeur pour mon livre Ville Déserte, la troisième je permettais au livre La Ville Miraculeuse (textes de Marie Lemeland) d’exister.

J’ai maintenant assez de recul pour bien connaître les différences entre le travail avec un éditeur et les affres de l’auto-édition. Voici 5 raisons pour lesquelles je persiste à lancer mes livres sans aucune aide extérieure ou presque.

Auto Edition.jpg

Mes deux premiers livres :

Ville Déserte et La ville miraculeuse, financés sur Kickstarter ici et ici.

Le livre est le meilleur véhicule pour la photographie

On pourrait considérer qu’une exposition ou un musée est le plus bel écrin pour la photographie. Je leur préfère le livre qui est une expérience à part. Le temps passé dans un livre est total, le lecteur se plonge dans la photographie et les textes comme on expérimente un film au cinéma. L’attention est de tous les instants et vous avez un temps long pour votre narration.

Il a été montré que le temps maximum passé devant des photos à une exposition était de 5 secondes, la moyenne étant autour de 2 secondes. Ce temps peut être beaucoup plus long dans un livre si vous arrivez à captiver votre lecteur, à l’emmener dans une narration ou un univers visuel.

Après, c’est peut-être simplement une opinion très personnelle. J’ai un grand amour pour les livres, j’ai une passion illimitée pour la photographie, pour moi le livre photo est tout ce que je voudrais faire en photographie. Le livre photo est même la raison d’être de toutes mes activités, c’est mon objectif principal. Je veux arriver à sortir un livre par an, quelque soit le moyen. Je préfère mettre mon énergie dans une campagne de financement plutôt que dans la recherche d’un éditeur, à cause de la raison suivante :

Le livre photo est un marché de niche

Quand je préparais la sortie du livre Ville Déserte, je discutais avec 4 éditeurs en même temps intéressés par le projet. J’espérais pouvoir tirer profit de ces différents contacts, en réalité il n’en fut presque rien. L’un de ceux qui ont finalement refusé notre collaboration m’expliquait avec beaucoup de franchise que le marché du livre photo était trop risqué, même avec un projet séduisant et qui avait fait beaucoup de presse.

La réalité est que les livres photo sont soit des très gros succès où tout le monde veut ce livre sur sa table basse, soit des tirages assez confidentiels. En travaillant avec un éditeur pour un premier livre, vous pouvez espérer un contrat de droit d’auteurs de 8 à 12% du Chiffre d’Affaires Éditeur.

Mais le chiffre d’affaires éditeur vient après la TVA (5,5% du prix), le distributeur (l’entreprise qui présente votre livres aux libraires) et donc le libraire. Les trois intervenants principaux se séparent le gateau en trois, votre contrat de 8% devient un contrat de 2,4% du prix de vente.

Beaucoup d’éditeurs proposent des financements participatifs

Une fois ce principe établi, reste à déterminer le tirage minimum pour que l’opération soit viable. Un peu d’expérience dans l’impression m’amène à constater qu’en dessous de 3 000 exemplaires, c’est compliqué d’être rentable. Ajoutez à cela le coût de la direction artistique, de la mise en page, du marketing, des relations presse de l’éditeur, un livre photo représente au bas mot un budget de 12 000 Euros, souvent beaucoup plus.

Ce qui amène des éditeurs plus petits, avec moins de frais de structure, à proposer des séries beaucoup plus petites pour des budgets plus réduits. Mais quasiment tous vous proposeront… un financement participatif pour financer l’opération. En d’autres termes, vous aurez un peu d’aide pour la création, la fabrication et la promotion du livre, mais le travail sera quasiement identique à celui que demande l’auto-édition. Il suffit de constater que quasiment tous les photographes que je vois se lancer dans l’aventure passent par un financement participatif.

Je préfère tout maîtriser et garder la faible marge qui peut être générée.

Ne faites pas un livre photo pour l’argent

Avec ou sans éditeur, créer un livre photo représente un volume de travail conséquent. Sans même parler de la conception du projet et de la production des photos, l’édition, le séquençage, la photogravure, l’écriture et donc la promotion du livre prennent un temps fou. C’est un temps passionnant, mais de grâce ne pensez pas à votre taux horaire.

Un livre photo est un accomplissement personnel. C’est un bel objet, une belle expérience que vous proposez à ceux qui vous suivent. Ce peut être une histoire importante, passionnante, utile pour ceux qui sont concernés. Ce peut être une oeuvre d’art qui n’appelle pas plus de commentaire. C’est toujours une grande aventure.

Si vous êtes professionnel, c’est la plus belle carte de visite que vous puissiez présenter. J’ajouterais que réaliser une campagne de financement participatif vous oblige à communiquer beaucoup sur une courte période de temps, ça vous oblige à sortir du bois et à vous adresser aussi à des clients potentiels. Au final, je pense que c’est un cercle vertueux pour l’économie fragile du photographe indépendant.

Décider de tout

Pour mon nouveau livre, mon expérience du procédé d’auto édition me permet de tout maîtriser de A à Z. J’ai déjà été confronté à tous les écueils dans la production de mes précédents livres, je sais maintenant où je veux aller et je ne veux pas toujours avoir à en discuter ou convaincre un éditeur de ma vision. Travailler avec un éditeur est toujours un travail collaboratif.

Attention, j’échange avec d’autres personnes et j’aime discuter de mes choix, mais j’aurai toujours la décision finale. Ce livre est photographié, écrit, mis en page, édité et distribué par mes soins. Seule la direction artistique originale et l’impression sont laissés à d’autres sur ce projet. Si vous avez la chance de pouvoir avoir un réseau ou une communauté qui vous suit pour financer une petite série de 300 à 500 exemplaires, je crois vraiment que l’auto-édition est le meilleur moyen d’être heureux de son livre photo. Je suis moins distribué, mais je décide de tout et suis capable alors de réaliser exactement ma vision pour ce livre.

Vous avez vu mon nouveau projet ?

Si vous êtes arrivés jusque là, j’espère que vous avez pris le temps de regarder mon nouveau projet de livre. J’ai lancé la campagne de financement hier et au moment où j’écris ces lignes une vingtaine de contributeurs ont déjà participé.

Peut être que cette histoire peut vous intéresser ? Cliquez ici pour découvrir le projet.

Mockup Minha Alma - 169 - cover LD.jpg

Ce livre deviendra j’espère mon troisième livre photo, et vous pouvez soutenir le projet en partageant cette page - cliquez ici.

Genaro Bardy

Photographer & Writer

and now I guess… Youtuber

Dad of two, husband of the One

https://instagram.com/genarobardy
Précédent
Précédent

Photographie de rue et droit à l’image : peut-on tout publier sur Internet ?

Suivant
Suivant

Le coeur secret de ce qui est connu