Le champ du possible
Le temps est arrivé de fermer la page de ce projet sur lequel je travaille depuis trois ans. En réalité deux ans si je pars de l’idée du livre, mais trois si je pars de la date de la plus ancienne des photos. Car il s’agit d’un livre, dont je ne vous dirai pas beaucoup plus aujourd’hui.
Je voudrais vous parler aujourd’hui du procédé qui m’amène jusqu’à cette dernière page. Le temps est arrivé de mettre un point final et de proposer enfin ce livre aux yeux de ceux qui voudront bien s’y pencher. Ce procédé est toujours baucoup plus long que ce que j’imagine quand je commence.
Quand j'arrive à un point où j'ai accumulé suffisamment d'images et que j'ai l'impression qu'un projet mène quelque part, je commence à assembler les images physiquement. Je les imprime toutes, quatre à cinq fois plus que ce que contiendra finalement le livre. J’utilise des murs, le sol, des carnets et j’assemble des séries, je commence la narration. J’organise mieux ma réflexion avec des tirages et des pages qui se tournent.
Manipuler une maquette, le faire physiquement, m'aide à voir le champ du possible, c’est ma manière d'apprendre ce que signifie mon idée de départ. Ce début de mise en page influence fortement les photos que je produis ensuite pour compléter le projet.
Une maquette est un outil puissant pour vérifier la cohésion d'un projet et créer un rythme. Je crois que ce travail se crystallise aussi dans un titre. Le titre que je vous montre ici n’est pas le titre final. Déjà, il est en anglais, ce qui n’aurait pas beaucoup de sens avec l’objet sur lequel je travaille.
Ce titre, c’est en réalité une phrase lue dans ‘Ask the Dust’ de John Fante, une phrase qui me hante depuis deux ans :
My soul so cool from the bath of words. Je lisais ce passage à Cartagène des Indes, où la lumière si particulière ressemble étonnamment à celle de Bahia que je croyais unique. J’ai changé les mots pour la lumière et me suis arrêté sur cette idée que l’âme pourrait être tranquille dans un bain de lumière.
J’ai eu tellement d’attermoiements, d’hésitations, de doutes sur ce que devait être cet objet et cette expérience. Mais je suis heureux de pouvoir vous dire que tout mon temps est maintenant consacré à ce livre jusqu’à son lancement, qui est prévu le mardi 25 mai 2021. Je vous le présenterai en direct et pourrai répondre à toutes les questions que vous pouvez vous poser à son sujet, à 19h dans La Petite Fabrique de Photographie.
J’espère vous y voir, et continuer à explorer ensemble le champ du possible.