Comment éditer ses photos

Nous voici sur une des parties les plus dures de ce livre pour moi : l'édition de vos photos. Cette section est difficile parce que :

  • Il y aurait beaucoup à dire sur la partie technique d'un logiciel comme Lightroom, mais ce livre n'a pas du tout cette vocation.

  • J'ai peu enseigné sur cette question. L'édition fait partie de mes ateliers de photographie à Paris, mais sous un angle différent et pas à destination de débutants.

  • L'édition est une partie TRÈS importante en photographie.

Pourquoi l'édition est importante ?

Commençons par définir le terme, quand je parle d'édition c'est au sens de l'éditeur, je parle de sélection et publication de photos. Je ne parle pas du développement d'une ou plusieurs photographie, bien que le développement soit généralement intégré dans les logiciels qui vous permettront d'éditer.

L'édition est importante avant tout parce qu'elle prend un temps conséquent. Quand je parle de mon métier, à un client pour me vendre ou à un autre photographe pendant un voyage-photo, j'ai pour habitude de dire que je passe autant de temps en post-production qu'en prise de vues. Cette répartition moitié prise de vue / moitié édition n'est qu'une approximation. Avec les années de pratique je réalise que le temps d'édition est beaucoup plus important en volume, à cause du besoin de revenir encore et encore sur d'anciens travaux. Voilà pour le volume.

Mais l'édition est également cruciale pour la qualité de vos photos car c'est là que vous pourrez travailler sur des projets photographiques, et surtout pour vous qui débutez c'est devant vos anciennes photos que vous devez progressez le plus sur la qualité de vos futures photos. C'est à l'édition que votre oeil critique (de vos propres photos) doit s'exercer. Nous verrons plus tard que cet oeil critique progressera également avec la l'observation et l'analyse du travail d'autres photographes, mais l'objectif est ici d'apprendre à éditer vos photos pour que votre prochaine session de photo soit meilleure que la précédente. Vous avez la chance du débutant : celle de progresser beaucoup et vite. Mon but est ici de vous donner une méthode d'édition qui vous permettra d'éviter quelques erreurs ou pertes de temps.

Bon cette introduction est beaucoup trop longue. Je l'éditerai certainement quand je rassemblerai tout pour le livre.

Méthode simplifiée d'édition d'une session photo à l'usage des débutants en photographie

Manifestement, je dois aussi travailler mes titres.

Commençons par le début, vous revenez d'une sortie photo, ou bien d'un shooting d'un concert, d'une épreuve sportive, d'une planque pour capturer le brame du cerf, vous revenez de vacances ou de l'anniversaire de votre neveu. Bref, vous êtes devant votre ordi et vous allez vider une carte mémoire.

Les captures d'écran que je présenterai ici sont issues de Lightroom que j'utilise depuis mes débuts en photographie, mais ces principes fonctionnent avec tous les logiciels de traitement et d'édition de photos. J'ai simplement été trop paresseux (ou désintéressé du sujet) depuis des années pour effectuer ou chercher un comparatif valable entre les différents logiciels et suis resté fidèle à Lightroom.

Etape 1 - Videz la carte mémoire et classez par date

Mon conseil le plus important ici sera de vous suggérer d'importer vos photos dans un dossier qui contient la date de vos prises de vues. Pendant les 4 premières années de ma photographie j'importais par dossier thématique et le seul classement que j'ai de cette époque est un ordre alphabétique (PAS pratique du tout).

Vous pourrez classer vos photos par événement, thématique ou projet ultérieurement, grâce aux collections. C'est d'ailleurs tout l'objet du travail d'édition. Mais si vous importez par date, puis renommez votre dossier pour y inclure la thématique à la suite de la date, vous obtiendrez un deuxième classement très pratique.

Mon conseil subsidiaire serait de renseigner un maximum de mots clés génériques qui s'appliquent à toutes les photos que vous importez. Dans le cas de l'anniversaire du neveu : "anniversaire" / "nom de votre neveu" / "ville" / "année" / "soirée" etc. Vous pourrez ensuite renseigner les mots-clés photo par photo ou par sélection multiple à l'issue de votre travail d'édition. Ce sera facilité si vous renseignez un maximum de mots-clés dès l'importation.

Etape 2 - Notez tout ce qui vous intéresse

Dans le module d'édition de Lightroom, chaque photo est associée à une "note" de 1 à 5 étoiles. Ce système est utilisé de manière universelle pour classer vos photos, vous pouvez d'ailleurs noter vos photos directement sur votre appareil si ça vous chante (ou si c'est votre métier et que ça vous facilite votre travail, ou si vous avez un assistant mais là je vais commencer à être jaloux).

Je note toutes mes prises de vues sur une journée ou un événement, en regardant l'intégralité de ce que j'ai pris car je ne jette rien. Je n'efface aucune photo pendant les prises de vues de peur d'effacer une photo dont je n'aurais pas vu l'intérêt sur un tout petit écran. Les cartes mémoires modernes sont suffisantes maintenant pour ne rien jeter.

Sur mon premier passage je note TOUT ce qui m'intéresse avec un classement 1*.

Etape 3 - Editer c'est comparer

Vous vous rendrez compte avec l'expérience que c'est toujours par comparaison que vous allez décider de garder une photo plutôt qu'une autre. Quand j'ai un doute sur la première étape, je garde la photo car je sais que je reviendrai dessus. Ainsi j'ai souvent des "doublons", plusieurs versions d'une photo, ces clichés se ressemblent à quelques détails près.

Une fois ma première sélection de photos 1* faite, je trie ma bibliothèque pour n'afficher que les photos sélectionnées.

Puis je recommence, avec pour idée de ne garder que les meilleures, en les notant 2*.

C'est également à cette étape que j'applique généralement un "pré-réglage" ou "preset" sur Lightroom, pour avoir des versions des photos quasiment définitives.

Etape 4 - Créez un ensemble cohérent

Vous avez compris, je vous recommande de visionner 5 fois votre session, à chaque fois en ne gardant que les meilleures.

Lors de mon 3ème passage sur les photos, j'ai un objectif éditorial, ce sont les photos que je vais utiliser ou transmettre. C'est à ce moment que j'essaye d'éviter les doublons et de décider quelle version d'un cadrage je vais garder. C'est la phase où j'élimine plus que je ne choisis.

L'ensemble de mes photos 3 étoiles sont susceptibles d'être transmises, il ne doit rester ici que des photos qui servent l'objectif de ma session photo (pour un client ou pour moi). Ce sont les photos qui me font le plus réagir, pour lesquelles j'ai le plus d'affection.

Lors de vos premiers shootings ne soyez pas surpris de n'obtenir qu'une seule photo 3* tous les 10 clichés, voire moins. Avec les expériences qui s'accumulent vous pourrez probablement vous approcher d'1 sur 5.

Attention je parle de photos que vous POUVEZ utiliser, mais en pratique je vous conseillerais de n'utiliser que des 4 étoiles.

Etape 5 - Ne publiez que des 4*

Vous allez recommencer une 4ème fois. Puis une 5ème. A chaque étape la sélection deviendra meilleure que la précédente, comme une sorte de tournoi dans lequel serait engagées vos photos pour gagner votre coeur.

4* : Les photos remarquables, parfaites techniquement et en composition, tout à fait en ligne avec ce que vous essayez de raconter ou avec la commande qui vous est passée.

5* : les photos exceptionnelles. Ce sont celles qui me bouleversent pour une raison inexpliquée. Elles sont rares. Très rares. Certains disent qu'on en prend une sur 10 000 clichés. Je suis assez d'accord, j'ai plutôt pour habitude de dire qu'on en prend une par an, mais c'est peut être un peu plus que ça pour moi. Mais quand je débutais en photographie, avant d'être professionnel, je prenais à peu près 10 000 clichés par an. Donc tout ça me parait à peu près cohérent.

Je ne rentrerai pas ici dans le débat de ce qu'est une "bonne" photo, mais reconnaissons que certaines photos sont tout de même "meilleures" que d'autres, pour des raisons parfois objectives, parfois subjectives.

-

En réalité je passe maintenant rarement 5 fois sur mes photos, du fait de l'expérience. Mais je le faisais au début. Vous verrez le bénéfice de passer plus de temps sur vos photos, de passer plus de temps à les comparer, à les évaluer, à noter les détails rédhibitoires sur des photos qui paraissaient intéressantes.

Toutes les erreurs que vous observerez vous serviront au prochain shooting. Vos décisions de déclenchements se passent souvent en une fraction de seconde, malgré tout ce que je pourrai écrire vous n'aurez jamais le temps de penser à tout, c'est votre travail antérieur, à l'édition, qui vous permettra d'obtenir de meilleur clichés.

Mon conseil est d'être dur avec vos photos, soyez intransigeant et vos prochaines photos n'en seront que meilleures. Et s'il vous plait ne publiez que des photos qui représentent votre meilleur travail. Ne partagez publiquement que des 4*, même si elles sont peu nombreuses.

Je suis le premier à me dire que je n'aurais pas dû publier telle ou telle photo parce qu'elle n'est pas parfaite ou incohérente avec ce que j'essaye de faire globalement dans ma photographie. Ne tombez pas dans le piège du like, ne publiez que vos meilleures photos.

Etape 6 - Choisir c'est renoncer

En éditant vous apprendrez à voir ces petits détails qui feront une différence, par exemple que certaines positions des jambes sont plus équilibrées que d'autres, que certains cadrages fonctionnent mieux avec quelques millimètres de différence, vous verrez des détails d'expressions sur des visages qui sont totalement incompatibles ou simplement sans intérêt.

Et vous éliminerez des photos. Beaucoup de photos. Notamment des photos qui vous semblaient intéressantes à la prise de vue, ou quand elles étaient mélangées avec des 1*. Mais vous devrez couper, souvent.

La règle en édition est que s'il y a un doute, il n'y a pas de doute : vous ne gardez pas cette photo. Une "bonne" photo est une évidence, immédiate, qu'elle soit au milieu d'autres photos ou toute seule sur un mur. Et les photos qui tiennent au mur sont rares.


Cet article est une section du livre VA - Lettre à un(e) jeune photographe.

Précédent
Précédent

Photographie de rue - Sortez de chez vous

Suivant
Suivant

Le conte de la cage vide